A LUXEMBOURG; Chez les Héritiers d'André Chevalier, vi vant. Imprimeur de feu Sa Maj. l'Impératrice-Reine Apoftolique. Avec privilege de Sa Maj. Imp. & Ap probation du Commiffaire-Examinateur. t JOURNAL HISTORIQUE ET LITTERAIRE I. MAI 1786. NOUVELLES LITTERAIRES. Effai fur la Minéralogie des Monts Pyré nées. A Paris, chez Didot 1784; à Liege chez Lemarié. 1 vol. in-4°. A premiere édition de cet Effai publié LA en 1781, eft ici perfectionnée par les changemens, les additions que l'auteur y a faits. L'hiftoire naturelle & la fcience minéralogique ne peuvent que gagner par la multiplication de ces fortes d'ouvrages, qui joignant des obfervations locales aux théories générales, renforcent les moïens des fciences & contribuent effenciellement à leur pro grès A grès. L'auteur a vifité les Pyrénées par or dre de M. Bertin, & a eu tous les fecours néceffaires pour en bien faifir l'état topographique & lithologique. C'eft dommage qu'à des obfervations certaines & de fait, il ait mêlé çà & là des idées de fyftême; mais ces idées mêmes ont une certaine utilité en ce qu'elles réfutent d'autres fyftêmes & qu'elles contribuent à tenir l'homme fage en garde contre toutes les fpéculations de ce genre. On trouvera p. ex. que l'argille bien loin d'être la premiere terre du globe, comme l'a cru M'. de Buffon, eft poftérieure aux matieres calcaires (p. 147 ); que les montagnes primitives font calcaires (ibid) (a); que la Méditerranée regardée comme une Mer de date récente, cft auffi ancienne que le monde, p. 305 (b); que les eaux de neige ne font pas infalubres & ne produi fent aucun des mauvais effets qu'on leur (a) Delius eft du même fentiment; Mr. Briffon dans fon Dict. phyfique dit auffi que Tes montagnes primitives font fouvent calcaires: mais le gros des naturaliftes eft pour le granit, qui eft du genre vitrifiable, & qui bien examiné paroft être une fubftance très - com * Exam. pofee. Notre auteur croit comme Mr. de Buffon, qu'il n'y a que des coquilles qui puiffent faire de la terre calcaire ; & comme fefon lui l'argille eft d'une date plus récente, il s'eft vu réduit à en faire le produit des végétaux: mais la terre végétale, qu'en ferons nous ? des Epoq p. 95. (b) Du moins auffi ancienne que le déluge: T'hiftoire s'accorde avec la géographie pour démentir les romans imaginés à ce fujet. attribue, p. 170 (a); que les vallées ne font pas l'ouvrage des courans de Mer, (a) Salubres ou plutôt indifférentes pour celui qui en boit en paffant, comme notre voïageur mais que cela prouve-t-il relativement à ceux qui en font un ufage habituel? Il y a apparence que l'eau de neige eft la véritable caufe des goltres. En Styrie où ce mal eft fort commun, on l'attribue aux eaux & aux mets trop gras dont ces peuples ufent. Quand on boit de l'eau après avoir mangé du beurre ou de la graiffe, on ne manque guere d'avoir mal à la gorge la graiffe & le beurre fe figent & fe durciffent dans une eau extrêmement froide & crue. Cependant les goftres étant très-fréquens dans les païs où l'on ne fait point un ufage extraordinaire d'alimens gras, il paroît que l'eau feule peut produire ces excrefcences. Quelques uns, au lieu de l'eau de neige, en accufent l'eau minérale; mais les habitans de Neufol, Schemnitz, Motiska, Hertengrund &c qui boivent plutôt des eaux minérales que les Styriens, les Savoïards & les Vallaifans, n'ont pas de goltres. Mr. de la Lande attribue les goltres des Savoiards à des eaux crues, dures & nitreufes, qui n'ont point encore été imbibées de l'air qui les divife & les attenue; mais on voit des gens qui boivent des eaux également crues, avoir la gorge très-liffe. L'eau de neige contient beaucoup de chaux, comme le prouve Margraf par des expériences multipliées; dans les montagnes calcaires elle en eft particulierement chargée, & c'eft fans doute par-là qu'elle produit ce genre de moniruofité: car les eaux calcaires la produifent là-même où les neiges ne font pas de durée. A Wellenftein, village du Luxembourg, près de la petite ville de Remich, il y a une fontaine qui multiplie cette défagréable excrefcence parmi les habitans du voifinage: cette fontaine eft dans un terrein extraordinairement calcaire. |