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de la Puiffance Souveraine, & les in-fractions, qui avoient été faites dans leurs Privileges, par Philippe II. Ce fut là la premiere action ouverte de liberté, que les Provinces Unies firent; mais il ne s'en fallut pas beaucoup, qu'elles ne la perdiffent dans la fuite, & l'Auteur croit que ce fut la Providence Divine, qui la leur conserva, comme par miracle; plutôt que leur courage, ou leur bonne conduite. Ceux qui ont lu, avec attention, l'hiftoire de ces tems là ne s'éloigneront guére de fa pensée.

Les Provinces, qui fe conferverent la liberté, furent la Gueldre, avec la Comté de Zutphen, la Hollande & la Weftfrife, la Zélande, Utrecht, la Frife, l'Overyffel & Groningue, avec les païs voifins, que l'on nomine Omlandes. Ce font celles qui font aujourd'hui ce que l'on appelle la République des Provinces Unies. Mais on doit remarquer là-deffus que cette République ne confifte pas dans une feule Souveraineté,mais dans une conféderation d'autant de Souverains, indépendants les uns des autres, qu'il y a de Provinces; comme l'Auteur le fait voir, après Grotius dans le Chapitre I. de fon Apologetique. C'eft ainfi

que

que les Cantons des Suiffes font atatant de Souverainetez diftin&tes, réünies, à condition que châcune confervera ses usages & fes Loix.

Les Etats Géneraux, à parler proprement, confiftent dans le Corps réuni des Etats de châque Province, affemblé en un lieu; mais comme co feroit une chose de grands frais & de grands embarras, châque Province a député un certain petit nombre de perfonnes, pour la repréfenter en cette Affemblée, & y agir en fon nom & fous fes ordres ; de forte qu'il tients la place de la trop nombreuse Affemblée des Etats de toutes les Provinces.

Ce qu'on appelle donc communé- · ment aujourd'hui les Etats Géneraux, n'est proprement qu'une Affemblée. des Plénipotentiaires des fept Souverainetez, dont l'Etat eft compofé. Le pouvoir de ces Plénipotentiaires eft limité, par cette inftruction ex-. preffe, ou tacite, de ne point fouffrir que l'on donne la moindre atteinte à la Souveraineté de la Province, qui les a députez. Comme ils ne doivent pas permettre que les autres Provinces entreprennent quoi que ce foit, contre les Droits de la leur : ils doivent auffi fe croire défendu d'empieter fur

les

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A

Tes Droits des autres, en faveur de ceux qui les ont députez; comme cela eft arrivé quelquefois, mais rarement & contre les Lois fondamentales de l'Etat, à l'occafion de quelques brouilleries. Ce n'eft pas que cette Affemblée n'ait une grande autorité dans l'exécution de l'Alliance perpe tuelle, qui unit les Provinces. l'égard même des Etrangers, elle repréfente le corps de fept Souverainetez, diftinctes par leurs droits particuliers; mais unies, par une Alliance très-étroite. en une feule République. C'est à elle à qui lesPuiffances étrangeres adreffent leurs Lettres & leurs Ambaffadeurs ; & de qui ces derniers reçoivent leurs Audiences. C'eft elle, qui répond auffi aux Lettres des Souverains, qui nomme les Ambaffadeurs de 'Union, & qui leur donne leursinftructions; mais ce n'eft qu'au nom des Etats particuliers des Provinces, & fouvent même par leurs or-dres exprès.

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On voit donc que l'Etat des Provinces Unies eft une Conféderation de plufieurs Etats diftin&ts & fouverains, châcun chez soi, liez ensemble par des interêts communs, & afsemblez

en

.

en un même lieu, pour déliberer dé ce qui concerne leur utilité & leur confervation mutuelle. Ainfi comme châcune de fes parties eft Souveraine, il ne fe peut pas que les Etrangers ne regardent auffi ce corps comme Souverain, à l'égard de ceux, qui ont quelque chofe à traiter avec l'Union entière, & non avec quelque Province en particulier.

Če même Corps eft auffi fouverain, à l'égard des terres & des places conquifes par les armes des Alliez, comme Boifleduc, Breda, Bergopfoom, Grave, Willemstadt, & Maftricht, en Brabant ; quoi qu'il ne poffede cette derniere place, qu'en commun, avec l'Evêque de Liege. Les Etats. Géneraux font encore fouverains du Païs d'Outre-Meufe, de Hulft, de l'Eclufe, d'Ardembourg, & de plufieurs autres places en Flandres. Les mêmes Etats les poffedent, comme le Roi d'Espagne les avoit poffedécs, fans préjudicier aux droits des Seigneurs particuliers. Comme les Efpaguols avoient envahi diverfes places du voisinage, dans lefquelles ils avoient mis des garnifons, qui incom. modoient les Provinces Alliées; les Etats furent fouvent obligez de les attaquer,

quer, de les prendre & d'y tenir des garnifons; quoi que ces places ne leur appartinfent pas, & que le Domaine en fût demeuré à ceux, qui en étoient proprietaires. On verra le détail de cela, dans l'Auteur, depuis le tems duquel il eft néanmoins arrivé du changement; à l'égard de plufieurs, dans lefquelles l'Etat n'entretient plus de garnison.

Outre cela, les Etats Géneraux font auffi Souverains des terres, que les Compagnies des Indes Orientales & Occidentales ont aquifes en Afrique, en Amerique & aux Indes. Sur cela,. l'Auteur touche, en peu de mots, l'établiffement de ces Compagnies, & la forme de leur gouvernement.

L'Affemblée des Etats Géneraux réfout auffi, avec une grande autorité, les affaires ordinaires; châque Député demeurant néanmoins dans les termes du pouvoir & des ordres,、 qu'il a reçûs de fa Province. Dans. les affaires, qui regardent l'Union & la défense commune, les réfolutions fe forment ordinairement à la pluralité des voix des Provinces. Mais comme prefque tous les Articles de l'Union d'Utrecht, qui fert de Loi fondamentale à l'Etat, font conçus en

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