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9, part; tous ceux qui, fans préven,, tion, lifent ce que l'Ecriture en dit, y remarquent une réalité que toutes les raisons, qu'il appoite, ne ,, peuvent affoiblir.

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İl est certain que pour nier que jamais aucun mauvais Efprit ne s'en eft mêlé, il faudroit pouvoir prouver qu'il n'y en a point, ou que ces Efprits ne peuvent, ou ne veulent pas fe mêler de femblables chofes ; ce que perfonne affurément ne fauroit faire. Mais je crois que, fi l'on examine avec attention l'hiftoire de la Devinereffe d'Endor, on y remarquera bien des chofes, qui pourront rendre cette femme très-fufpecte de tromperie; comme on s'en appercevra facilement, en lifant ce que j'en ai dit fur I. Sam. XXVIII, 8. & fuiv. Il me femble qu'il vaudroit mieux citer l'hiftoire de cette Efclave, qui avoit un Efprit de Python, dont il eft parlé au XVI. des Actes, & de qui S. Paul chaffa l'Efprit, par la fuggeftion duquel elle devinoit.

Au refte quoi qu'on ne puiffe pas douter, à cause de cet endroit des Actes, que les Mauvais Efprits ne puiffent deviner, & ne l'aient par confequent fait; il faut avouer qu'il n'y a peut-être

Point d'Hiftoire, dans toute l'Antiquité Payenne, que l'on en puiffe regarder comme une preuve certaine; parce qu'on ne peut pas s'affurer dé la verité des faits. Il n'y en a même guére, où il ne foit facile de faire voir comment des hommes adroits ont pû duper ceux, qui confultoient les Oracles. On peut faire un effai de cela, fur les Oracles qu'Herodote rapporte, lui qui eft le plus ancien Auteur, qui en ait produit un bon nombre, mais qui paroît avoir été beaucoup trop credule.

Cela eft fi vrai, que les habiles Payens n'ont pu s'empêcher de lâcher là-deffus quand l'occafion s'en est trouvée, bien des chofes, qui marquent que les gens d'efprit fe défioient fort des Devins & les foupçonnoient de tromperie. J'en donnerai ici quelques exemples, pour égayer un Extrait qui feroit trop ennuyeux, s'il ne contenoit qu'une lifte des maticres de ce grand Recueil.

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Sophocle, en fon Antigone, dans une converfation de Créon, Roi de Thebes, & du Devin Tirefias, introduit le premier comme foupçonnant Tirefias de fe laiffer féduire par l'amour du gain, dans fes prédictions.

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Voici une petite partie de cette converfation : * Tirefias. Vous dites que je fais de fausses prédictions. Créon. c'eft que toute la race devinereffe eft avaτει το μαντικὸν γδ πᾶν φιλάργυρον γένω. Un peu plus bas Tiretias ayant dit que Créon lui feroit dire ce qui devoit être caché; Dites, répond Créon, mais ne parlez pas, dans la vue du gain. Dans Edipe le Tyran, ce même Poëte fait parler ainfi Edipe de Tirefias qu'il foupçonnoit d'avoir été fuborné par Créon:† Créon cherche à me mettre dehors, en fecret & par adresse. Il a fuborné pour cela ce Magicien (THrefias) qui ne travaille qu'à mal faire, qui eft un trompeur, & un charlatan, qui n'eft clair-voyant, que pour le gain, mais qui est un aveugle dans fon art. Dans la même Piece, Locafte parle ainfi à Edipe, épouvanté de l'Oracle de Delphes, qui l'avoit accufé d'être le meurtrier de fon Pere; fachez qu'il n'y a aucun mortel, qui poffede l'art de deviner. Je vous en donnerai en peu de mots des preuves On ap

porta autrefois un Oracle à Laius (je ne dirai pas fi c'eft un Oracle d'Apol lon, ou de fes Miniftres) que fa desti* Vers 7501. & fuiv. ↑ Vers. 394. & suiv. Vers. 718. suiv.

née

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née étoit d'être tué, par fon fils &c. Euripide introduit auffi, dans fon Iphigenie en Aulide *, Agamemnon difant, à l'occafion de Calchas: Toute la race devinereffe eft glorieuse & méchante: Το μαντικὸν γὰρ σπέρμα φιλότι peov, xazóv. Il fait parler plus bas † Achille, qui ne vouloit pas qu'on immolât Iphigenie,en parlant du mêine devin, en ces termes, qui font encore plus forts: Qu'est-ce qu'un devin? Un homme, qui dit peu de verité & beaucoup de mensonges. S'il réuffit, tant mieux pour lui; finon, il est perdu. Dans l'Helene, un Meffager parle ainfi à Menelas : J'ai bien reconnu que les prédictions des devins ne valent rien & font pleines de fauffetez. Il n'y a rien d'afuré dans la flamme d'un Autel, ni dans le chant des oiseaux. C'est une folie que de s'imaginer, que les oifeaux peuvent donner d'utiles préfages aux hommes. Pourquoi

donc confultons-nous les devins? Il faut facrifier aux Dieux, leur demander ce qui nous eft bon, & laisser là les divinations. C'est en vain qu'on a inventé ce leurre, dans la vie. Jamais

* Vers 520. fuiv.
† Vers 959. & suiv.
‡ Vers 750. & suiv.

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perfonne n'est devenu riche, fans rien faire, en confiderant la flamme des Autels. Un bon efprit & la Prudence, font les meilleurs devins, qu'on puiffe confulter. Mais il ne fe peut rien de plus fort, que les vers d'Ennius citez par Ciceron Liv. I. de la Divination ch. 8. "Je ne fais aucun cas des Augures des Marfes, ni des Aruspices des villages, ni des Af,, trologues du Cirque, ni des explications des Miniftres d'Ifis, ni des interpretes des fonges. Ces gens ,, là ne font pas devins, par fcience, ou par art. Ce font des supersti,, tieux, ou des impudents, où des ,, infenfez, à qui la pauvreté fait faire ce qu'ils font. Ils ne favent pas ce qu'il faut faire,& ils montrent aux autres le chemin qu'ils doivent fuivre. Ils demandent une dragme, à des » gens à qui ils promettent des richeffes; qu'ils la prennent fur ces ri,, cheffes, qu'ils promettent, & qu'ils rendent le refte. Les propres paroles du Poëte méritent d'être mifes ici en Latin, en faveur de ceux, qui aiment mieux les Originaux, que les Verfions.

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Non habeo denique nauci Marfure augurem, Tome XIII. P. I.

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