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hydropique et prisent 36,000 francs; ces chiffres n'en disent-ils point. 'assez? L'Écrivain de METSU est encore une de ces auvres pour l'appréciation desquelles on pourrait en appeler aux chiffres; j'aime mieux y signaler cette touche vive et large dans son fini, précieuse et caressée, mais en même temps piquante et décidée, que M. Charles Blanc a si finement analysée pour distinguer Metsu de Terburg, de Gérard Dow et de MIERIS. Nous avons aussi un morceau de ce dernier peintre, et nulle part, mieux que dans l'Enfileuse de perles, on ne saurait voir jusqu'à quel point il éleva l'imitation du satin et. de la peau des femmes de son pays.

Voici les peintres de pastorales et d'animaux :

WYNANTS, le premier des Hollandais qui s'attachèrent au pays natal : il sut le rendre avec cette vérité pittoresque qui fut suivie par tant d'autres. Sa Lisière de bois est dans cette manière brodée que les connaisseurs signalent dans ses meilleurs tableaux, et qui rend avec tant d'accent l'arbre renversé, le chemin tournant autour d'un tertre et les brins d'herbe d'un terrain humide.

BERGHEM égaya et poétisa ses compositions, en les éclairant du soleil d'Italie, témoin les trois morceaux que nous trouvons ici, et particulièrement ce grand paysage où chemine sur sa bête un paysan en veste rouge, où se pelotonne sur les flancs de la montagne un nuage gris. Dans les Fagots brillent aussi la vivacité de sa touche et la chaleur de son clairobscur.

WOUWERMANS anima la campagne hollandaise de cavalcades de gentilshommes. Voici cinq morceaux où l'on pourra admirer à l'aise la féconde spécialité de son pinceau velouté, ses dunes sablonneuses, ses ciels argentés et surtout son héros principal, ce cheval blanc, si bien pris dans ses formes, si finement éclairé dans sa robe, si expressif dans tous ses mouvements. Dans un petit paysage de notre musée, ne voyez-vous pas combien le cheval fait partie de la pauvre famille que Wouwermans nous représente abritée derrière une butte?

ADRIEN VAN DE VELDE, le plus bucolique de ces peintres, n'a ici qu'un morceau; mais il suffit pour faire aimer le maître qui peuplait avec tant d'esprit ses prairies et celles de ses amis de moutons si bêtes et de figures si vraies.

A côté, voilà CUYP, le Claude Lorrain de la Hollande, qui a rendu son pays avec le plus de noblesse et de calme. La Vue des bords de la Meuse est une de ces belles vues d'eau où l'œil s'arrête charmé entre ce lointain vaporeux et ces vaches au maintien grave qui se groupent devant une tour en ruine. L'auteur d'un ouvrage d'esthétique publié dans notre

ville avait bien raison de donner ce Cuyp comme un exemple de perfection dans l'art de composer simplement'.

KAREL DUJARDIN est un élève de Berghem, qui n'en garda pas moins avec esprit son naturel à lui. La Porte d'une hôtellerie est une de ces matinées avec les charmes requis, le vieux mur, l'âne, et le paysan faisant reluire au soleil le coup de Tétrier. A ce rayon discret qui pénètre par la porte entr'ouverte, ne voit-on pas avec quelle vérité on a dit de ce maître. qu'il avait su combiner la chaleur du soleil d'Italie avec la douceur du ciel de Hollande ?

C'est PAUL POTTER qui fut le peintre le plus affectionné des pâturages. Le tableau de ce maître, qu'on appelle les Trois vaches dans une prairie, et qui était estimé par M. Paillet 16,000 francs, montre toute la perfection de touche et aussi toute la vérité de sentiment que ce peintre sut donner aux animaux.

HONDEKOETER enfin, qui porta tout son amour et consacra son pinceau aux poulaillers, nous prouve par un de ses meilleurs tableaux, une Poule blanche et ses poussins, digne des honneurs de la gravure, qu'il n'y a pas sujet petit où ces Hollandais n'aient trouvé à mettre du génie, la composition, l'entente de la couleur, la vérité des passions.

Il y eut aussi les peintres de paysage proprement dit et de marine : RUYSDAEL, imitant la nature dans sa plus saisissante réalité, rencontra la poésie, et fit exprimer à la campagne un profond sentiment de mélancolie. Sans être comparable aux chefs-d'œuvre du maître, au Cimetière des juifs de Dresde, ou au Coup de vent du Louvre, la Forêt traversée par une rivière en cascade réunit de grandes qualités, et nous enchante la combinaison secrète qui a présidé à l'arrangement de ces rochers bitumineux, de ces feuillages tremblés et de ces nuages.

par

ARNOULD VAN DER NEER, le peintre mélancolique des nuits, des hivers et des incendies, a bien su, dans ce petit paysage où la lune se lève derrière un moulin, rendre l'ombre sans être noir, et exprimer jusqu'à la fraîcheur de la nuit, en faisant trembloter cette eau où des chevaux viennent se baigner les pieds.

GUILLAUME VAN DE VELDE, le peintre de prédilection des marins, honoré à Amsterdam et à Londres plus qu'à Paris, où le Louvre n'a possédé qu'en 1852 un tableau digne de lui, figure ici convenablement. La Flottille est un de ces horizons de mer calme que le peintre aimait tant, où se mirent, à peine balancés par la brise, des navires de tout bord.

Quand j'aurai nommé les peintres d'intérieur, les peintres de fleurs,

1. Théorie du beau pittoresque. Montpellier 4849.

Peeter Neefs, Steenwick, Van Huysum, qui ont ici quelque chose, aurai-je épuisé tout ce qu'on peut citer de cette merveilleuse école? Non, sans doute. Un musée hollandais est, comme la nature, inépuisable; il y reste toujours quelque trouvaille à faire, mais il faut chercher pour soi et selon son humeur. Je poursuis mon sentier historique.

Tous les Hollandais ne gardèrent pas cependant la même affection à leur pays et la même fidélité à la nature. Plusieurs, séduits par l'Italie, voulurent idéaliser à son exemple, et peignirent, tant dans les sujets que dans le paysage, non ce qui est, mais ce qui devait être le plus beau, selon leur imagination. Tels furent ADAM ELZHEIMER, dont on aperçoit le clair-obscur miroitant dans ce Saint Laurent en habits de diacre; POELEMBURG, son imitateur, dont nous avons une vue des ruines romaines et deux petits paysages au ton bleu, dans l'un desquels paraît sa nymphe familière; VAN DER WERFF, qui nous montre, dans cette Susanne peinte avec le poli et la froideur de l'émail, l'application abusive de la facture minutieuse et léchée aux sujets historiques et religieux.

Les paysagistes classiques foisonnent dans notre musée, et je ne détaillerai pas leurs ouvrages. Il suffit d'y signaler, à défaut de Claude Lorrain que nous ne possédons pas, GASPARD DUGHET, ce magnifique ordonnateur de la campagne romaine; HERMAN SWANEVELT, qui a imité Claude en le rapetissant; JEAN BOTH, autre imitateur plus agreste; PiNACKER, qui poussa les effets lumineux jusqu'à l'éblouissement d'une décoration d'opéra; ISAAC MOUCHERON, le dernier des paysagistes hollandais de l'Italie, qui résume en lui tous les motifs de l'école, et fut pour cela surnommé l'Ordonnance.

Les écoles ultérieures ne nous présentent plus ces séries qui permettent de suivre d'assez près l'histoire de la peinture; il n'y a maintenant à indiquer que des jalons.

Dans l'école allemande, peu féconde d'ailleurs, et qui a au xvIIe siècle perdu toute originalité, nous n'avons à produire qu'un peintre réputé pour son talent prodigieux d'imitation dans tous les genres. DIETrick ne saurait être connu par un seul sujet et quelques paysages; on peut dire seulement que le Couronnement d'épines est un morceau des plus jolis, des plus piquants et dans la manière la plus naturelle au peintre de Dresde, à la suite de Van der Werff et de Poelemburg.

L'école française du XVIIIe siècle nous montre des échantillons, noņ Watteau ni Boucher, mais Natoire, Pierre, Vanloo, Deshaies, pour donner une idée du mouvement de ligne et du tapage de couleurs auxquels se livrèrent les peintres pour servir les goûts de 1750, et du talent qu'ils gaspillèrent dans des œuvres qui mériteraient cependant quelquefois

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