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VENTES D'AUTOGRAPHES

Mon cher directeur,

Dans son dernier numéro, la Gazette a fait appel à son inspecteur aux autographes; me voici, tout confus des épithètes qu'il vous a plu d'attacher à ma boutonnière, sans illusion sur leur degré de justesse, et ne vous promettant que de la bonne volonté et de l'exactitude, mérites modestes, mais essentiels dans les affaires de mon petit département.

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La vente faite par M. Vignères, et au sujet de laquelle vous m'avez mis en demeure, Collection d'autographes formée par M. B..., a employé 4 vacations (du 1er au 4 février) elle comprenait 777 numéros, et a produit, m'a-t-on, dit, 4,400 fr. environ, c'est-à-dire, si je compte bien, 4 fr. 40 c. par pièce, en moyenne. Il n'y a rien de plus à en dire, sous peine d'ennuyer mortellement vos lecteurs, comme la vente elle-même a ennuyé, j'en suis convaincu, le commissaire-priseur, l'expert, et les rares amateurs qui s'y sont fourvoyés pendant quelques instants. Je ne vois que les marchands d'autographes à cinquante centimes qui aient dû y prendre quelque intérêt : ils nageaient en pleine eau dans ce débordement de pièces, pour la plupart officielles, paraissant provenir du ministère de la guerre ou de ses dépendances, et dont les signatures constituaient toute la valeur. Rien d'intime, de piquant, de joli enfin.

Car, si vous l'ignorez, joli est une expression de catalogues d'autographes, en laquelle se résument tous les genres d'intérêt qu'une pièce peut comporter. Il en résulte parfois de singulières dissonances par exemple, dans le catalogue de la vente Renée, dont je vais vous parler maintenant 1; je lis:

MILLEVOYE, etc. Jolie lettre sur la mort d'un ami.

C'est inconvenant, direz-vous; non c'est le style obligé, technique. Cette lettre s'est vendue 19 fr. Les pensées n'en étaient ni neuves, ni consolantes; mais ce n'est pas la faute de l'ecrivain on cherche à consoler depuis le commencement du monde, et vous savez qu'on n'a jamais consolé personne.

La vente Renée offrait bon nombre de jolies pièces.

BOILEAU. Le dizain intitulé: A Madame la présidente de Lamoignon, sur le portrait du P. Bourdaloue, qu'elle m'avait envoyé : « Du plus grand orateur dont la chaire se vante, etc. » Pas de signature. Vendu 50 fr.; 4 fr. de moins qu'à sa dernière apparition, au mois de décembre 1858.

BOSSUET. L. aut. signée, du 25 septembre 1695, à la duchesse de Luynes, née Haligre, qui a eu le bonheur d'en recevoir beaucoup de ce prélat. 53 fr.

LA FONTAINE. Le Mari confesseur, et On ne s'avise jamais de tout. Deux feuillets : signature sur la deuxième page, au bas de 7 lignes de prose: 212 fr. Ce n'est pas du tout une écriture bonhomme que celle de La Fontaine rien de plus ferme et de plus correct.

RACINE. Traduction de l'hymne pour le vendredi, à vêpres: Créateur des humains,

1. Charavay, expert: 511 numéros; 6, 7 et 8 février. - Collection de M. Amédée Renée, que les lettres ont perdu dernièrement.

grand Dieu! souverain maître, etc., adressée à madame de Maintenon: 330 fr. pièce n'avait été payée que 71 fr. au mois de décembre 1855.

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MADAME DE SÉVIGNÉ. L. aut. à M. Du Plessy : J'ai reçu votre grande lettre, etc. C'est la 5 de celles que M. Monmerqué a publiées pour la première fois en 1820, à la suite des Mémoires de Coulanges: 340 fr. - M. Du Plessy, après avoir été le gouverneur du jeune de Grignan, l'était devenu du marquis de Vins. Il perdit sa femme, fut inconsolable, et se remaria l'année suivante, n'ayant trouvé cependant que le bout du nez de la chimère qu'il s'était mis à poursuivre. Il fut attrapé sur l'intérêt; sur cela seulement, à ce qu'il assurait: madame de Sévigné n'en fut pas convaincue. Toujours est-il qu'elle était la confidente de ses douleurs; et elle les consolait, mais non par le système Millevoye, avec M. Du Plessy, sa sympathie est saupoudrée d'un léger persiflage: c'est une ironie des plus affectueuses. On n'en peut pas juger par la lettre ci-dessus, qui est courte, et la plus insignifiante du recueil de 1820. Elle a déjà passé dans le champ de ma lunette, en janvier 1855 et juin 1856. Vendue alors 70 fr. environ, elle fut, en 4857, offerte au public pour 90 fr., dans le catalogue Laverdet, no 43, et M. Renée en devint le possesseur. 340 fr. est un prix sans rime ni raison. J'en dis autant de celui de la pièce qui précède.

ROUSSEAU (J.-B.). L. aut. à Voltaire, 11 mai 4722, la fin manque. Grands éloges de la Henriade, encore inédite. A cette époque, Voltaire l'appelait son maître, et un homme aussi extraordinaire dans son genre que le prince Eugène dans le sien ! 13 fr.

- Ni

ROUSSEAU (J.-J.). L. aut. signée, à M. de Malesherbes, 26 octobre 1762. Il lui redemande quatre lettres qu'il lui a écrites sur son caractère et l'histoire de son âme. On ignore le sort de ces quatre lettres; mais qu'y verrait-on qu'on ne sache trop? 42 fr. SAINT-SIMON (le duc de). Très-curieuse et relative au Régent, dit M. Charavay. l'un ni l'autre, suivant moi. Saint-Simon écrit, de la Trappe, au duc de... qu'il va revenir promptement mettre son influence à la disposition de Monsieur le Duc (de Bourbon), qui la réclame pour ses intérêts menacés par la chute de Law; mais il ne se dissimule ni l'inutilité ni même le danger des efforts qu'il va faire. 50 fr.

Laissons de côté d'autres articles qui n'ont dû leur prix élevé qu'au nom qu'ils portent, nom dont le cours ne fléchit jamais, quelque faible que puisse être l'intérêt de la pièce; mais cherchons, sans nous inquiéter des chiffres, matière à instruction, réflexion ou sourire.

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Voici M. DE MARIGNY qui, le 4 février 4777, envoie à M.... l'œuvre de la marquise de Pompadour, sa sœur : « tel qu'il a été donné précédemment à diverses personnes, il n'a « que cinquante-deux planches; mais, depuis, elle en a gravé onze. En outre, il y en a trois « d'après Boucher, et trois d'après des tableaux en ivoire1. » Le sculpteur PAJOU, à qui l'architecte Gabriel veut rogner 30 à 35,000 livres sur ses travaux de la salle de spectacle de Versailles (1771), jette les hauts cris sur cet écorchement. PETHION (juillet 1792) voudrait, pour les rubans des huissiers du conseil général, dont on a fait tomber les chaînes, des médailles comme en ont ceux de l'Assemblée. M. DE TRACY écrit à Ginguené, au sujet de l'Amour de M. de Sénancour (1806): « C'est une longue énigme qui n'a pas de « mot. Le mal est qu'on rencontre de temps en temps des traits qui raniment l'espérance, et « on arrive jusqu'à la fin en regrettant sa peine........ » Et M. DE METTERNICH qui a perdu sa perruque ! « Veuillez remettre au porteur la perruque que le prince de Metternich a laissée « hier soir au parloir. Samedi soir, 18 février. » Je comprends que la perruque soit un

1. Il m'a semblé lire en province.

objet de première nécessité pour la politique-Metternich; mais comment fait-on pour perdre sa perruque? et dans un parloir encore!... Je me perds moi-même dans ce secret d'État. - BÉRANGER (1833): « Je doute que Laffitte sauve rien de son naufrage ; je compte « peu sur notre souscription : les richards ne voudront pas y prendre part! Mais, enfin, ne « fissions-nous que 130,000 fr., cela nous servirait à assurer A CE MALHEUREUX HOMME un « cens d'éligibilité, si sa fortune doit être complétement engloutie. » L'abbé LACORDAIRE à M. Barbey d'Aurevilly (septembre 1851): « ..... Je n'adopte entièrement ni de << Maistre, ni Châteaubriand... Le passé me paraît un grand coupable, l'avenir un grand « téméraire. Dieu détruit justement; il rétablira ce que nous ignorons; mais, à coup sûr, <«< il ne rétablira que par le christianisme. C'est pourquoi je borne ma vie à prêcher le <«< christianisme, non pas celui de Louis XIV, ni même celui de Grégoire VII, mais le <«< christianisme tel qu'on le prêchait entre les Catacombes et Constantin... J'ai vécu seul, « profondément seul, parce que je n'ai été que chrétien, prêtre et religieux... Si jamais. « l'on s'occupe de moi au delà de ma vie, on ne trouvera à mettre sur ma tombe, comme <«< sur celle de Justin l'Apologiste, que ce seul mot: Ci-git un chrétien. » Il paraît que M. Lacordaire trouve maintenant que cette épitaphe est un peu courte; ou bien encore il a pris l'Académie pour les Catacombes. Nous ne lui en ferons pas un crime, et n'avons qu'un seul regret (ceci de nous à lui seulement), c'est de ne pas voir monseigneur d'Orléans présider à sa réception.

Nous ne quitterons pas cette vente Renée sans relever encore quelques prix absurdes qu'ont atteints certains numéros, prix d'autant plus inexplicables que pour ces absurdités il faut toujours au moins deux complices. Comprend-t-on, par exemple (les pièces n'ayant d'ailleurs qu'un faible intérêt) un Florian vendu 26 fr.; un Hauy, 29 fr.; un Lapérouse, 435 fr.; Madame Ristori, 41 fr.; Talma, 104 fr.!!- Ce sont, pour moi, des mystères, comme la perruque de M. de Metternich.

Bref, la vente a produit 5,600 fr., au lieu de 4,000 fr. environ qu'attendait l'expert.

Catalogue d'une

Voici maintenant une vente d'une seule soirée (9 février) et de 465 numéros, mais qui a peut-être offert relativement plus d'intérêt que la précédente. jolie collection d'autographes; Charavay, expert.

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Prenons l'ordre des temps, et suivons rapidement les sommités ou les curiosités. MALHERBE, L. aut. sig. s. d. 64 fr. - FR. DE CALLIÈRES. L. aut. sig. 4688: il veut être de l'Académie, et demande à Monseigneur sa voix; j'aime à croire qu'il l'eut, quoiqu'il fût de basse Normandie. Il fut élu, et succéda à Quinault. 32 fr. BOILEAU. Envoi aut. sig., sur un volume de ses œuvres, à M.... (le nom est surchargé). 54 fr.— FÉNELON. L. aut. sig. 14 janvier 1702. 6 p. pl. in 4o; relative à la juridiction des tribunaux ecclésiastiques de son diocèse. 51 fr.; exactement le même prix qu'au mois de mai dernier. (Voy. la Gazette du 1er juin 4859.). - ROUSSEAU Marie LECZINSKA. L. aut. sig. 38 fr. (J.-J.). Envoi à madame de Pompadour, sur la partition gravée du Devin du village. 42 fr. Rousseau (J.-B.), lettre aut. sig. 31 fr. Je passe des lettres de Piron, trop pironniennes : cette gaieté-là ne nous va plus. CARACCIOLI. L. aut. sig. à Voltaire, 9 septembre 1776. Après avoir fait l'éloge du destinataire, il donne des explications sur les Lettres du pape Ganganelli, et proteste qu'elles ne sont point supposées... «Vous nous avez peint vous-même, Monsieur, Clément XIV comme un pape immortel; s'il a dit un mot sur vos sentiments et sur ceux de M. Algarotti, c'est un religieux qui ne pouvait écrire autrement. Cela ne l'a pas empêché de me dire lui-même, en 1760: Qu'il avait lu avec transport deux fois la tragédie de MAHOMET, et qu'il avait reconnu dans cet ouvrage

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et dans la HENRIADE, que l'auteur avait plus de pensées et de génie que les poetes italiens. Mais cela n'empêche point non plus Voltaire de dire, à cette même époque, qu'il y a à Paris un prétendu marquis qui a pris le nom de Caraccioli, et qui le déshonore. 14 fr. JOMBERT, libraire, demande à Mariette des renseignements sur l'architecte Scamozzi (9 mars 1764), et MARIETTE les lui donne. Neuf lettres de CAYLUS à l'abbé Conti, de 1722 a 1742. Mon cher frère DAMILAVILLE raconte à Voltaire l'affaire de la bibliothèque Diderot, achetée par Catherine II. Le marquis DE BIÈVRE envoie à Beaumarchais, en 1781, cinq lettres de Voltaire pour son édition. La missive est datée de Rome: qui croirait que le marquis eût fait une pointe jusque-là? La veuve DE BEAUMARCHAIS se plaint amèrement des « calomnies révoltantes qu'on n'a pas eu honte d'imprimer sous le titre imposant de Vie privée, politique et littéraire de Beaumarchais, » Puis elle donne des détails sur l'édition de Voltaire faite par son mari; sur les institutions d'utilité publique qui lui sont dues, sur ses largesses envers les gens de lettres. « Les premiers envieux de ses succès furent les Bourgeois, qui le trouvaient trop magnifique; puis les gens en place, qui redoutaient son influence; les financiers lui trouvaient trop d'élévation dans le caractère et trop de génie; les gens de lettres s'offensaient de son opulence, et les gens de cour, à qui il disait de grandes vérités dans la société et au théâtre, criaient à l'effronterie et à l'insolence contre ce bourgeois qui leur était préféré........... Madame Goëzman tomba dans la misère, et fut secourue par lui; Darnaud-Baculard est sur le registre du passif pour 3,600 livres; Dorat, Fabred'Églantine, puisèrent dans sa bourse des fonds qui ne rentrèrent jamais, etc.» DORVO, auteur dramatique : « J'ai voulu, comme acteur, tenter peut-être au-dessus de mes forces, « de sorte que le rôle de Dasnières, dans le Sourd, a été l'époque totale et absolue de ma « chute... » Vous riez! Eh! j'aurais voulu voir Talma s'essayer dans Dasnières! Il eût peut-être été plus mauvais encore que ce pauvre Dorvo! JOURGNIAC-SAINT-MEARD, le président de la société des gobe-mouches, si connu par son Agonie de trente-six heures, laquelle eut cinquante-sept éditions: l'auteur en avait fait collection; c'était là toute sa bibliothèque. Il écrit à Grimod de La Reynière qu'il lui sera impossible de se rendre à sa succulente invitation, ce qui le fâche beaucoup. « Vos inquiétudes sur l'heure de « mon diner sont nulles : car je dine fort bien deux fois dans un jour, et même quelquefois « trois. » Peste! il paraît que rien n'ouvre l'appétit comme une agonie de trente-six heures! — LAMENNAIS voudrait (1831) que la médecine s'occupât des guérisons trèssingulières opérées par le prince de Hohenlohe. « Les faits de cette sorte ne cessent « pas d'être des faits, parce qu'elle ne sait pas les faire entrer dans ses systèmes. » - Madame LAFARGE (1841); lettre relative à ses malheurs et à l'impression de ses Mémoires dont elle charge un ami de corriger les épreuves. « J'étais faite pour aimer, « pour dévouer toute mon existence à d'autres existences chéries, et il me faut com« battre, il me faut écrire. J'aime la pensée de la mort autant que les heureux du monde << aiment la pensée de la vie. S'il n'etait pas possible de mourir tous les jours, à toute «< heure; si Dieu n'avait pas son éternité pour les malheureux, je deviendrais folle, etc. » RACHEL. Lettre très-piquante, dit M. Charavay: il a voulu dire, sans doute, trèspiquée. Il s'agit de régler certains comptes après une rupture où Hermione n'a pas pris les devants, et aussi de sauver l'amour-propre, qui survit à tout, dit-elle. Une confidente très-proche est chargée de ces soins délicats. Hélas! où est le temps exempt d'amertumes où l'on écrivait à M. Crémieux sur un papier à bordure de dentelle (vente Renée): Votre fille toujours soumise et qui vous aime bien !... La fille soumise s'est bien émancipée! 10 fr. 50 c. cette lettre à M. Crémieux, et l'autre 100 fr..... Concluez.

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Madame DUCHAMBGE, l'auteur de tant de jolies romances lettre très-curieuse, dit encore l'expert. Si vous voulez mais la pauvre femme se meurt de misère, et elle demande 50 fr. à un ami avec l'accent de la faim.

Terminons par la pièce culminante de la vacation. Mise sur table à 300 fr., avec les mots imposants: Il y a marchand, elle a été adjugée après une lutte aussi courte que vive, moyennant 450 fr., mais à un autre que le premier amateur.

C'est une lettre autographe signée, de trois pages, adressée, le 28 nivòse an 11 (17 janvier 4794), par JOSEPHINE LA PAGERIE BEAUHARNAIS (sic), à VADIER, membre de la Convention et du Comité de sûreté générale.

Voici l'analyse donnée par le catalogue:

Elle a demandé une audience à Vadier pour lui parler en faveur de son mari, alors en prison. Vadier ayant refusé de la recevoir, elle lui fait passer un mémoire pour la justification d'Alexandre Beauharnais, qu'elle le prie de ne pas confondre avec Beauharnais l'aîné, ex- constituant, et ennemi de la république : « Mon <«< ménage est un ménage républicain; avant la révolution, mes enfants n'étaient pas <«< distingués des sans-culottes, et j'espère qu'ils seront dignes de la république. « Je t'écris avec franchise, en sans-culotte montagnarde... Si on m'avait trompée <«<en me faisant le tableau de sa situation (celle de son mari), et qu'elle fût et te parût « suspecte, je te prie de n'avoir aucur égard à ce que je dis, car, comme toi, je suis «< inexorable... >>

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Mais cet extrait, suffisant pour l'enchère, ne l'est pas pour prévenir certaines impressions défavorables, qui, dans cette circonstance, seraient souverainement injustes. A défaut d'une copie entière, que l'acheteur a refusé de me laisser prendre 1, voici d'autres passages rapidement relevés avant la vente, mais textuels :

« Alexandre n'a jamais dévié des principes de la liberté et de l'égalité. Il a <«< constamment marché dans cette ligne. S'il n'était pas républicain, il n'aurait eu ni <«< mon estime ni mon amitié. Je suis Américaine, et ne connais de lui que sa famille... « Ne le confonds pas avec ton ancien collègue 2, crois qu'il est digne de ton estime..... « J'applaudis à ta sévérité pour ce qui me regarde; mais je ne puis applaudir à << tes doutes sur le compte de mon mari... >>

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Qu'on n'oublie pas, d'autre part, que c'est la lettre d'envoi d'un mémoire justificatif. Qu'on n'oublie pas, surtout, qu'elle est adressée à Vadier, l'un des frères terribles du Comité de sûreté générale, suivant l'expression de Camille Desmoulins (no 7 du Vieux Cordelier). « Un odieux mélange d'orgueil, de barbarie et de lâcheté, dit M. Louis « Blanc (Hist. de la Révol. franc., t. X, p. 7 et 8), caractérisait Vadier. Il plaidait contre « l'admission des moyens justificatifs comme une partie intéressée; il avait baptisé la <«< guillotine le vasistas, et prenait plaisir à y entendre éternuer dans le sac... Héron, « l'assassin privilégié du Comité, était le bras de Vadier. »

Or, de quoi s'agit-il ici, avant tout? De sauver Alexandre Beauharnais. Et pour cela ne faut-il pas que, par tous les moyens, sa femme cherche à donner foi et crédit à ses propres paroles? Suffit-il à son devoir de dissimuler ses sentiments royalistes? Certes, non. Pour l'accomplir dans sa plénitude, il faut aller au delà. J'en appelle à toutes les femmes où faut-il s'arrêter?... Et Joséphine a-t-elle dépassé ce point? Je ne crains la réponse d'aucune. La phrase: Si l'on m'avait trompée... ne compromet pas

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1. J'attendrai, comme disait Bernis.

2. A la Constituante.

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