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ce portrait, et un médaillon en marbre, de cette femme illustre par les grâces de son esprit et de sa personne. Ce médaillon est de Pradier.

M. Eugène Lavieille, le paysagiste, et le frère de l'excellent graveur sur bois Adrien Lavieille, met en vente, le jeudi 22 mars, quarante-quatre tableaux et dessins que renfermait son atelier, et quelques aquarelles gouachées. Le talent bien établi de l'artiste nous dispense d'insister davantage. Mais ces réunions sont toujours inappréciables pour faciliter aux amateurs le choix d'un joli paysage.

Maintenant, je signalerai la vente de M. Jules Étex, qui aura lieu le 17 mars (exposition le 16); là se trouveront réunis comme des spécimens du talent varié de cet artiste, frère du sculpteur, des tableaux d'histoire et de genre, des marines, des paysages, des pastels, des dessins; quelques toiles originales de maîtres anciens, telles qu'une admirable composition du Tintoret (l'Annonciation), esquisse du tableau qui est à Venise, rapportée par M. Étex, qui l'avait acquise du propriétaire de la galerie Rovigo, le Réveil de saint Jérôme, du Guerchin; une Tête de femme, de Latour, au pastel, et des ouvrages sur les arts tels que le Musée Bouillon, les Peintures d'Herculanum, et d'autres livres à figures; plus des gravures d'après les maîtres anciens et modernes, environ dix-huit cents pièces, dont quelques-unes rares.

Enfin, c'est encore une collection et des plus précieuses, que celle de M. E. P. On y trouve des bronzes, des vases orientaux gravés et damasquinés d'or et d'argent, des faïences italiennes, des verreries et des émaux de Venise, et quelques échantillons de cette porcelaine de Médicis dont M. A. Jacquemart a déjà entretenu nos lecteurs.

Le lundi 26 mars, M. Francis Petit dirigera en qualité d'expert la vente de trente tableaux, peints par M. Jules Noël. Le catalogue, par une innovation de bon goût, reproduira par de piquantes eaux-fortes, gravées par le maître lui-même, toutes les toiles exposées. Ce catalogue sera donc une véritable curiosité. Il nous faudrait citer beaucoup; car tout ce que nous avons vu est empreint des qualités de l'artiste, nous nous bornerons donc à recommander le port de Fécamp, des rues pittoresques de Hennebont, une promenade de frères Ignorantins sur les falaises de Quiberon, une barque de pécheur faisant côte, l'avenue de Konsaud (Bretagne) au fond de laquelle on entrevoit la mer.

VENTES D'ESTAMPES ANCIENNES

La vente de la collection de M. A. D. de Turin (parent, je crois, de la famille des Vallardi, si connue dans le monde des curieux) a soutenu pendant trois jours une brillante carrière. Le lecteur trouvera même ci-après qu'une estampe de Martin Schongauer a failli voir se renouveler pour elle les enchères du portrait du bourgmestre Six, de la vente Ch. de Férol. Pour nous, qui connaissions depuis longtemps ce maître, jusqu'alors estimé, mais médiocrement recherché des amateurs, nous ne doutons pas que le travail publié dans la Gazette des Beaux-Arts, ne soit pour beaucoup dans la faveur dont il jouit aujourd'hui. Ces pièces sont en général fort rares; il est difficile surtout de les rencontrer dans les premiers états, c'est-à-dire avant que le modèle n'en soit fatigué, mais il était nécessaire encore que l'on fit ressortir les qualités de force et de style qui distinguent l'habile buriniste. Son mouvement peut, à première vue, effaroucher par sa hardiesse; la maigreur des extrémités, la sécheresse des plis, ne se rachètent que par la grâce exquise des têtes de femme, et c'est ce qui a été mis en lumière dans ces colonnes,

avec une sûreté de jugement qui a été universellement reconnue. Ce fait nous semble enfin montrer les liens intimes qui unissent l'hôtel des ventes à l'élite des curieux, et nous encourage dans la publicité que nous donnons à ses échos.

Cette vente était dirigée par M. Clément, et M. Delbergue Cormont en était le commissaire-priseur.

ANONYME. Ganymède emporté par l'aigle de Jupiter. Épreuve de premier état, avant l'adresse de Lafréry, d'une pièce gravée dans le goût de Bonasone; 24 fr.

Henri AldegrAVE. Le Moine et la Religieuse. (B. 179.) La nonnain est renversée de façon, comme dirait Rabelais, à regarder le dessous des feuilles. Le moine, dont les intentions ne sont point douteuses, retourne la tête avec colère vers un reître qui s'avance, à pas pesants, l'espadon à la main. La scène se passe au coin d'un bois. Cette pièce curieuse et d'un beau travail est extrêmement rare; 23 fr. · Portrait du maître, à l'âge de vingt-huit ans (B. 188); 60 fr.

BARTHÉLEMY BEHAM, La Vierge à la fenêtre. (B. 8.) 84 fr.

HANS SEBALD BEHAM. Trajan écoutant une femme qui demande justice contre le meurtrier de son fils. (B. 82.) 45 fr. La Mélancolie. (B. 144.) 44 fr. Le Mascaron. (B. 234.) 46 fr. NICOLAS BERGHEM. Les trois Vaches au repos. (B. 3.) Rare épreuve du premier état, avant le nom du maître, et avant les travaux du maître sur les nuages et sur la montagne; 430 fr.

JACQUES BINCK. Les Enfants vendangeurs. (B. 33.) Probablement d'après un dessin de Raphaël; 43 fr.

FERDINAND BOL. Portrait de femme, dans un ovale (B. 15.) 35 fr.

BOLSWERT. Paysage où se voient plusieurs ruines, et sur le devant duquel sont deux femmes, dont l'une porte sur la tête un panier rempli de légumes, et la seconde un panier sous son bras; d'après Rubens. Belle épreuve avant la lettre, 440 fr.

JULES BONASONE. La Sainte-Vierge debout devant le Christ étendu sur une table, d'après Raphael. (B. 60.) 39 fr.

THÉODORE DE BRY. L'âge d'or. Estampe en rond, d'après Abraham Bloemaert; 43 fr. AUGUSTIN CARRACHE. Susanne surprise au bain par les deux vieillards. (B. 124.) 38 fr. ANNIBAL CARRACHE. La Vierge à l'écuelle. (B. 9.) Belle épreuve avant la lettre, 37 fr. CORNELIUS CORT. Le Martyre de saint Laurent, d'après Le Titien; 41 fr.

CH. DIETRICY. Le Charlatan entouré de gens de campagne; 2 épreuves, 29 fr.

ALBERT DURER. L'homme des douleurs, aux mains liées. (B. 24.) 200 fr. - Saint Jérôme dans la pénitence. (B. 61.) 481 fr. Pandore ou la L'effet de la jalousie. (B. 73.) 182 fr. grande Fortune; épreuve portant au dos la signature de Mariette; 420 fr. Si c'est vraiment là, comme l'affirme la tradition, le portrait de la femme du maître, on s'explique facilement son peu d'enthousiasme pour sa rude et sèche moitié. — Portrait d'Erasme, de Rotterdam. (B. 407.) 301 fr.

ANTOINE VAN DYCK. Portrait de Pierre Breughel. Premier état avant la lettre; 73 fr.Titien et sa maitresse. Premier état terminé, avant l'adresse de Bon enfant; 175 fr.

LUCAS VOSTERMAN. Le prince Gaston de France, d'après Van Dyck. Premier état, 28 fr. - Nicolas Fabricius de Pereisc, premier état; 64 fr.

CL. LORRAIN. Le Bouvier. (R. D. 8) 1. Premier état avant le numéro; 485 fr.

ADAM GHISI. Hercule étouffant le lion de Némée; 42 fr.

HENRI GOLTZIUS. La sainte Vierge et saint Joseph montrant aux bergers l'enfant Jésus qui vient de naître. (B. 21.) 211 fr.

W. HOLLAR. Lièvre avec un chien et du gibier: 56 fr.

KOLH (éditeur). Le duc de Brunswick; épreuve non terminée d'un portrait gravé dans la manière de Wille; 450 fr.

LUCAS DE LEYDE. L'adoration des Mages; 680 fr. La tentation de saint Antoine. (B. 147) 630 fr.

ANDRÉ MANTEGNE. Les éléphants portant des torches. (B. 42.) 325 fr. des trophées. (B. 13.) 260 fr.

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ISRAEL VAN MECKEN. Le massacre des Innocents. (B. 38.) 301 fr. Rinceau d'ornement, sur lequel est représenté un Combat de sauvages. (B. 207.) 480 fr. NICOLETTO DE MODÈNE. Le déluge universel; 275 fr.

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MARC-ANTOINE RAIMONDI. La descente de croix, d'après Raphaël. Cette belle épreuve, qui était doublée, avait fait partie des cabinets Durand et Richardson; 180 fr. Vénus accroupie. (B. 313.) 261 fr. — Portrait dit de Raphaël, enveloppé dans un manteau; 701 fr. REMBRANDT. Jésus-Christ préchant, ou la petite tombe; épreuve du premier état; 410 fr. Jésus-Christ guérissant les malades, ou pièce aux cent florins; épreuve de premier état, 4230 fr. - Jésus-Christ en croix entre les deux larrons, pièce de forme ovale. 605 fr. Portrait d'Abraham France, épreuve du troisième état. (CL. 270.) 700 fr. Portrait du docteur Ephraim Bonus, dit le Juif à la rampe; épreuve du deuxième état. (CL. 275.) 4444 fr. Portrait de Utenbogaerd, dit le Peseur d'or; épreuve du deuxième état. (CL. 278.) Provenant de la collection Grunling; 800 fr.

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JOSEPH RIBERA. Le Martyre de saint Barthélemy, belle épreuve portant au dos la signature de Mariette, 1677; 300 fr.

THIERY VAN STAREN, dit le Maître à l'étoile. Jésus-Christ tenté par le démon, 145 fr. MARTIN SCHONGAUER. L'Adoration des rois Mages. (B. 6.) 475 fr. Le portement de croix. (B. 24.) Belle épreuve, doublée et restaurée dans la partie supérieure; 441 fr. La Vierge debout. (B. 28.) 300 fr. — Saint Antoine tourmenté par les démons et porté en l'air. (B. 47.) Cette magnifique pièce, d'une belle conservation, quoique remargée, était avant la prolongation des petits traits horizontaux jusqu'au milieu de l'estampe à gauche, et avant plusieurs autres tailles intercalées dans le haut. Il est inutile d'ajouter qu'elle est, surtout dans cet état, de la plus extrême rareté. Elle est entrée, sur l'enchère de 2,500 fr., dans le cabinet d'un amateur étranger, qui, par ses seules acquisitions de cet hiver, s'est placé parmi les plus recommandables pour la rareté des pièces et la beauté des épreuves. Nous espérons bien, du reste, que cette collection, qui s'annonce si bien à son début, ne quittera pas de longtemps encore Paris, le seul centre où ces richesses soient justement appréciées.

PH. BURTY.

P. S. Une autre vente encore doit attirer à un vif degré l'attention des amateurs : celle

1. Les lettres B, C L, R D, placées entre parenthèses après la désignation d'une estampe, renvoient aux numéros correspondants des catalogues de Bartsch, du chevalier Claussin et de M. Robert Dumesnil.

des tableaux anciens et modernes de M. Barroilhet. L'école espagnole et l'école française y figurent avec éclat. Ribera, Murillo et Goya, à côté de Fragonard, de Boucher et de Watteau, dont on verra un portrait de madame de Julienne, en nymphe de la Seine. Les modernes, qui sont tous fort bien choisis, composeront une vente à part, et parmi tant de morceaux, qui seraient dignes, presque tous, d'une mention particulière, nous citerons la Madeleine de Canova, c'est-à-dire la maquette d'un des marbres les plus fameux de la sculpture moderne.

LIVRES D'ART

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DIE ALTCHRISTLICHEN KIRCHEN NACH DEN BAUDENKMALEN UND ÆLTEREN Beschreibungen........... Églises chrétiennes primitives restituées d'après les monuments et d'après les descriptions les plus anciennes. Influence exercée par le style de ces édifices sur l'architecture des époques suivantes, par le Dr Hübsch. - Carlsruhe, 1858-1859.

M. Hübsch, l'auteur de l'importante publication que nous annonçons, est l'artiste plein de goût, l'archeologue plein de savoir, dont tant d'églises, élevées ou restaurées par ses soins, ont fondé en Allemagne la réputation et surabondamment prouvé la compétence. Pour établir également son autorité dans l'esprit de nos compatriotes, il nous suffira de rappeler à ceux qui ont visité les bords du Rhin, que M. Hübsch a dirigé les travaux de restauration de la cathédrale de Spire, ce pur modèle du style roman germanique, si beau dans son imposante simplicité. L'architecture romane a toujours été pour M. Hübsch l'objet d'une admiration profonde et qui, à nos yeux, n'a rien d'exagéré. Celle des contrées voisines du Rhin, en particulier, montre, avec la noblesse sévère du style, qui est un caractère général de cette architecture, une habileté dans l'art de construire, qui était exceptionnelle, dans ces temps où la barbarie ne reculait que pas à pas devant une civilisation naissante, où l'enseignement et les modèles antiques ne formaient plus de disciples, où les maîtres nouveaux cherchaient péniblement la solution des problèmes les plus ardus. Ils découvraient cependant dès lors, ces maîtres audacieux dans leur ignorance, des secrets qui eussent émerveillé même leurs savants ancêtres. Ainsi les architectes rhénans, les premiers à ce qu'il semble, firent usage dans leurs voûtes de la croisée d'ogives, ce procédé qui donna tant de facilité pour les élever sur de larges espaces, et ils surent en construire par ce moyen d'assez vastes pour embrasser deux travées de leurs nefs. Ces voûtes, dont la poussée devait être si énergique, reposaient sur des murs si solidement, si régulièrement bâtis, qu'ils pouvaient se passer de l'appui des contre-forts, qui paraissent si lourds dans la plupart des monuments contemporains des autres pays. Les contre-forts des églises des bords du Rhin sont un pur ornement; ils se réduisent à des bandes plates faisant une mince saillie de distance en distance, et se perdant à leur extrémité supérieure dans la série d'arquettes qui décorent la corniche. Enfin, c'est avec les moyens les plus simples que les architectes romans de l'Allemagne ont produit ces modèles si purs, dont les cathédrales de Worms et de Spire sont des types accomplis.

Nous partageons donc entièrement l'admiration que M. Hübsch professe pour l'ar

chitecture de l'époque romane; mais son admiration est plus grande encore pour les monuments d'une époque plus reculée.

Il remonte au delà de l'an mil, date que l'on s'accordait jusqu'ici à considérer comme le point de départ d'un art entièrement nouveau, sinon dans tous ses éléments, du moins dans l'emploi qu'il en fait. Les modèles les plus parfaits de l'architecture chrétienne sont, à ses yeux, les basiliques élevées depuis le règne de Constantin jusqu'à celui de Charlemagne, à Rome, à Ravenne, à Constantinople. On n'a pas rendu justice, selon lui, aux artistes de ces premiers siècles, et vainement, dit-il, il a cherché des livres où leurs œuvres fussent convenablement reproduites et expliquées : il y a une lacune, à cette époque, dans l'histoire de l'art. Mais, à son tour, M. Hübsch nous paraît avoir peu de justice à l'égard de quelques ouvrages qui ont paru avant le sien, et ne pas apprécier à leur valeur les résultats acquis par le travail des historiens et des archéologues ses prédécesseurs. Pour ne parler que des livres publiés en Allemagne, il nous semble que ce ne sont pas des ouvrages à mépriser que ceux de Bunsen, de Gutensohn et de Knappe, sur les basiliques de Rome; de Salzenberg, sur les anciens monuments chrétiens de Constantinople; de Quast, sur ceux de Ravenne. La belle publication de M. Hübsch ne les fera pas oublier; quelles que soient la science de l'auteur et son habileté comme dessinateur, fort admirée des personnes mêmes qui combattent ses doctrines avec le plus de vivacité, elle ne dispensera pas d'y recourir. Venant après eux, il y avait, croyons-nous, d'autres conclusions à tirer de l'examen des mêmes monuments que l'exaltation d'un art de transition, qui se servit des éléments de l'architecture antique, et qui trop souvent même emprunta ses matériaux aux anciens édifices, sans avoir la science, le goût ou l'inspiration nécessaires pour créer une architecture nouvelle, en les accommodant à des besoins nouveaux.

M. Hübsch affirme que l'œuvre des constructeurs romans est la continuation de celle des âges antérieurs, ce que l'on ne songe point à contester; mais il ne veut point admettre que cette architecture ait fait aucun progrès sur celle qui l'a précédée. Ici nous sommes forcé de nous séparer de lui; car, si nous avons la plus vive admiration pour les beaux monuments élevés des xre et XIIe siècles, ce n'est point parce qu'ils sont plus ou moins conformes aux modèles, d'ailleurs fort différents entre eux, de SaintPaul et de Saint-Clément, de Rome; de Saint-Vital, de Ravenne; de Sainte-Sophie, de Constantinople; c'est parce qu'ils sont, au contraire, les œuvres d'un génie jeune et hardi qui, se manifestant à la fois en diverses contrées, paraît partout varié et original dans la combinaison des formes extérieures et de l'ornement, qui est la part de l'imagination et de la fantaisie dans l'architecture, comme il est logique et sûr dans la conception générale et les principes de la construction, qui en sont le bon sens et la raison.

E. SAGLIO.

L'ART DANS LA RUE et l'art au salon, par E. de B. de Lépinois, avec une préface de M. Arsène Houssaye. Paris, Dentu; 1859.

Il serait bien tard pour venir parler ici du livre de M. de Lépinois, si l'on ne devait chercher dans ces sortes d'ouvrages que l'intérêt passager d'une critique de circonstance. Le plaisir que nous trouvons encore aujourd'hui à feuilleter au cabinet des estampes la curieuse collection des Salons du siècle dernier, prouve assez de quelle utilité seront pour l'avenir ces feuilles légères, ces articles, ces petits livres où s'écrit

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