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ce chiffre Est-ce un monogramme formé de signes alphabétiques? Et alors est-ce celui de l'auteur? Est-ce celui de la fabrique? Est-ce un signe arbitraire formé de traits sans signification? Je le donne tel que M. d'Espaulart a bien voulu le relever pour moi. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce signe n'est pas dû au hasard. Il est creusé au moule dans la pâte avant la cuisson.

L'époque de la fabrication des faiences de Henri II est moins difficile à préciser. Une seule de ces pièces portant la salamandre de François Ier (collection Geo. Field), et le plus grand nombre offrant le chiffre de Henri II et le triple croissant de Diane, on doit supposer que les premiers essais de l'artiste inconnu remontent aux dernières années du règne de François Ier, mort en 1547. D'un autre côté, Palissy avait trouvé le secret de ses émaux dès 1555; et le succès commença à les accueillir vers 1557. La mode s'en mêla bientôt, et il est peu probable qu'avec son engouement exclusif, elle ait permis aux deux fabriques de travailler conjointement. On ne doit donc pas être loin de la vérité en plaçant la fabrication des faïences de Henri II dans les douze années comprises entre 1545 et 1557.

Henri II n'a pas été seul à posséder ces faïences. Nous venons de voir qu'une d'entre elles portait la salamandre de François Ier. Un vidercome qui, du cabinet de M. le marquis de Talhouet, a passé dans celui de M. de Rothschild, offre les alérions des Montmorency répétés plusieurs fois. La coupe du Musée de Cluny représente, au centre de sa vasque, un écusson chargé de neuf anneaux ou besants placés trois par trois, qui sont les armoiries des Malestroit. La désignation de faiences de Henri II, que l'usage a fait prévaloir, n'est donc pas rigoureusement exacte. Le roi protégeait évidemment l'artiste ; et les seigneurs qui l'entouraient, en lui faisant des commandes, auront saisi cette occasion de faire leur cour au goût du maître.

Je ne crois pas que ces pièces aient beaucoup servi. Comme les majoliques, comme les émaux de Limoges, comme plus tard ceux de Palissy, elles étaient évidemment destinées à orner la table dans des festins d'apparat, et à faire l'office des surtouts modernes. Elles ne devaient voir le jour qu'à de certaines occasions assez rares, et le reste du temps elles occupaient, dans les bahuts ou dressoirs, la place de la vaisselle plate de nos jours. C'est pourquoi, malgré leur fragilité, il a pu en arriver relativement un aussi grand nombre jusqu'à nous. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'aucun des inventaires du xvr" siècle, aucun des nombreux catalogues de vente du XVIIIe siècle n'en fait mention. La révélation de leur existence, sauf celle du cabinet Walpole, maintenant dans le cabinet Rothschild de Londres, ne remonte pas à plus de trente ans. Le mystère qui les enveloppe

encore est donc facile à comprendre. Les archéologues n'ont pas eu le temps de réunir des documents et de les éclairer l'un par l'autre. Ma tâche, dans ce travail, devait par conséquent se borner à résumer ces documents sans rien affirmer. C'est ce que je me suis efforcé de faire.

Je crois, du reste, que le catalogue suivant, quelque succinct qu'il soit, est encore plus utile que tout ce que je pourrais dire sur ce sujet.

CATALOGUE DES FAIENCES DE HENRI II.

MUSÉE DU Louvre.

1. Coupe. Haut., 0,15; larg. de la vasque, 0,14.

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Sous la vasque, et se rattachant au pied, trois figures de chimères dont les ailes sont légèrement teintées de vert, et auxquelles correspondent, rattachant le pied à la patte, trois volutes ornées de mascarons grotesques en relief. Ces figures de chimères ont beaucoup d'analogie avec celles des tassettes des brassards de l'armure de Henri II, au Musée des Souverains.

La vasque est ornée à l'extérieur, et à l'intérieur, d'arabesques d'un goût extrêmement pur et délicat. Les principales sont teintées en gris brun trèspâle et bordées d'un filet noir. Sur le bord extérieur, les arabesques sont réunies les unes aux autres par des étoffes et des branches teintées en vert et en bleu. Au milieu de la vasque, les trois croissants de Diane de Poitiers. Le pied est divisé en petits compartiments rayonnants, séparés par des filets en relief s'ouvrant en forme d'ogive à leur extrémité. Quelques cassures.

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Le vernis de la vasque offre des reflets légèrement métalliques. Vient de la collection Révoil, achetée par l'administration, en 1828.

2. Salière en forme de trépied. Haut., 0,17; larg., 0,08. Chacun des angles du trépied se termine par une colonne corinthienne cannelée dans sa partie supérieure et dont l'extrémité inférieure est légèrement teintée en vert. La base est d'un beau bleu, ainsi que le dé surmontant les chapiteaux. Les entre-colonnements sont disposés en niche cintrée. L'archivolte de la niche teintée en vert. Chaque niche est occupée par une figure assise, complétement nue. Les figures portent un collier sur la poitrine, indiqué par de petits anneaux bruns.

Toutes les arabesques se composent d'entrelacs brun clair, café au lait et marron foncé, dont les enroulements rappellent un peu l'ornementation arabe. Quelques reflets métalliques. Cette pièce est moins délicate

que les autres, et peut faire présumer qu'elle date des débuts de l'artiste. Collection Révoil.

3. Coupe à pied et à couvercle ou hanap. Haut., 0,23. Diamètre de la vasque, 0,14.

Le couvercle est chargé d'entrelacs jaunâtres bordés de noir.

Les entrelacs de la vasque sont jaunâtres bordés de rouge. Au fond, l'écu de France, surmonté d'une couronne fermée et entourée du collier de l'ordre de Saint-Michel.

Les ornements du pied sont en relief, les entrelacs rougeâtres. Volutes en relief, bleues.

L'intérieur de la vasque a été modelé au marteau ou au pouce, mais avec une telle régularité que ces dépressions sont devenues un ornement en forme d'alvéoles.

4. Vase à goulot ou biberon. Haut., 0,21.

Il est surmonté d'une anse à trois lobes, formant par le fait deux anses et une poignée. Cette poignée porte l'écu de France aux deux points où elle se raccorde à l'orifice et au sommet. Le vase est fermé par un couvercle plat, s'ouvrant à charnière en deux parties égales.

La panse est chargée d'ornements noirâtres. Au milieu, portant sur le goulot et sur la vasque, un crucifix en plein relief que le malade baisait avant de boire. Les trois branches de la croix sont terminées par des fleurs de lis émaillées en noir. Au bas, l'écu de France. La base du biberon est accompagnée de quatre têtes, dont une de mort, placée immédiatement sous le crucifix.

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5. Salière. Haut. 0,15. と

Elle est triangulaire, à pans coupés, en forme de trépied de candélabre. Fond blanc, ornements noirs. Sur les pans coupés, des enfants de plein relief appuyés sur l'écu de France dont la couronne n'est pas fermée. Sur les trois faces et au fond d'un encadrement légèrement profilé, trois têtes de satyres d'après l'antique, tenant un anneau dans la forme de ceux du xvi siècle, avec émail vert figurant une émeraude cabochon. La partie supérieure, de forme ronde, offre sur son pourtour l'écu de France répété douze fois. Le creux de la salière représente un pélican nourrissant ses petits.

6. Salière. Haut. 0,11.

Forme pentagone. Ornements noirs sur une teinte jaunâtre. Les côtés à ouverture en ceintre très-allongé, laissant voir à l'intérieur un groupe de trois figurines d'enfants en ronde bosse. Six pilastres aux angles, émaillés vert. Sur le socle de la base, au-dessous des ouvertures, des

mascarons.

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