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La critique d'art, en Angleterre, vient de faire une perte regrettable en la personne de madame Jameson, morte, le 17 mars, à l'âge de soixante-cinq ans. Elle était ́ fille de Murphy, peintre ordinaire de la princesse Charlotte. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages, dont plusieurs ont été illustrés de ses propres dessins. Parmi ces livres, quelques-uns, qui concernent les arts, nous intéressant plus particulièrement, nous citerons le Guide dans les galeries de Londres et des environs, et surtout quatre volumes légendaires qui ont paru sous les titres de: Legends of the Monastic orders. Legends of The Poetry of sacred and Legendary art. Ces ouvrages, enrichis de gravures, ne s'occupent que des légendes qui ont inspiré les peintres ou les sculpteurs, et sont précieux pour l'iconographie chrétienne.

the Madonna.

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- Une Exposition va s'ouvrir à Troyes dans les premiers jours de mai prochain, à l'occasion du concours régional. Nous engageons vivement les artistes de Paris et de la province à y exposer leurs œuvres. Le programme dont nous publions ici des extraits, nous dispensera de leur faire connaître les conditions et les avantages de cette Exposition:

ART. 2. L'ouverture de l'Exposition est fixée au 40 mai prochain. Elle durera jusqu'au 30 juin suivant.

ART. 3. Les artistes résidant à Paris, ou dans le département de la Seine, devront s'entendre, pour l'envoi de leurs œuvres à l'Exposition, avec M. Bellavoine, correspondant de la Société des Amis des Arts, demeurant à Paris, rue de l'Arbre-Sec, 3.

Les artistes résidant dans d'autres départements, qui désireront exposer, feront connaître, autant que possible, leur intention à M. le maire de Troyes, président de la commission générale.

Sur le rapport de la commission des Beaux-Arts, le comité exécutif de l'Exposition statuera sur les admissions. Les artistes seront informés sans retard de ses décisions.

ART. 4. Les œuvres dont l'envoi aura été autorisé, seront adressées à M. le maire de Troyes. Elles seront reçues du 1er au 25 avril chez M. Bellavoine, à Paris, et jusqu'au 1er mai au Musée de la ville de Troyes.

ART. 5. Les envois seront faits par la petite vitesse ou par le roulage ordinaire. Les colis devront porter cette mention: Exposition des beaux-arts de Troyes.

ART. 6. Chaque tableau ou objet d'art devra être accompagné d'une note détaillée indiquant le nom de l'auteur, son domicile et le prix de l'objet, dans le cas où l'artiste aurait l'intention de le vendre.

ART. 7. Les frais de transport (aller et retour) seront à la charge de la ville de Troyes.

ART. 44. Des tableaux et objets d'art seront achetés de gré à gré et mis en loterie, avec les objets qui pourront être laissés à titre de dons par les exposants.

ART. 12. Des récompenses seront décernées aux artistes dont les œuvres auront été jugées ère les plus remarquables. Les récompenses seront :

4° Médailles d'honneur en or;

2o Médailles d'argent de 1re classe;

3° Médailles d'argent de 2 classe;

4° Médailles de bronze;

5° Mentions honorables.

ART. 13. L'appréciation et le jugement des objets exposés seront confiés à un jury spécial. La commission générale, sur la proposition de la commission des beaux-arts, fixera le nombre des jurés d'après l'importance de l'Exposition.

ART. 14. Une décision de la commission générale, prise sur le rapport du jury spécial, fixera le nombre des récompenses à décerner.

Le Musée de la ville de Troyes, déjà riche en curiosités historiques, vient de s'enrichir encore de belles antiquités mérovingiennes, trouvées dans la commune de Pouan.

Le Cabinet des Médailles vient de recevoir des vases, figurines et médailles rapportées de Grèce par M. François Lenormant. A ces monuments, M. François Lenormant a ajouté le don du buste en marbre de son père. Le buste a été aussitôt placé à côté de celui de Barthélemy, dans ce Cabinet des Médailles qu'ils ont tant contribué l'un et l'autre à illustrer par leurs travaux.

Nous devons annoncer, à cette occasion, que le Cabinet a reçu, dans ces derniers temps, de nombreux dons. Feu M. Lajard, de l'Académie des Inscriptions, avait légué à cette collection une figurine d'argent massif et 'un bronze antique de travail grécoétrusque; M. le duc de Luynes, de la même Académie, lui a fait don d'une imitation antique de camée en pâte de verre. Nous avons encore à mentionner deux monnaies fort rares de Bonosus, tyran sous Probus, offertes par M. de Witte; un quart de statère, rare et inédit, de Philippe de Macédoine, donné par M. Desfossés; 15 monnaies géorgiennes et 24 monnaies modernes, dues, les premières à M. Victor Langlois, les autres à madame Léonce de Lavergne. D'autres pièces encore ont été offertes par MM. Servaux et de Saulcy. Enfin, M. Riocreux a fait don de la matrice du sceau en argent de l'abbaye cistercienne d'Aulnoy-sur-Odon (diocèse de Bayeux).

Nous devons signaler à nos lecteurs le remarquable rapport que M. le Ministre de l'Instruction publique a fait publier dans le Moniteur des 9-10 avril « concernant les améliorations à apporter à l'organisation de la Bibliothèque impériale. » L'espace nous manque pour en reproduire les principaux passages. Les faits les plus saillants qui en résultent sont l'avancement rapide des travaux du catalogue dans les divers départements et l'augmentation sérieuse du budget consacré aux acquisitions, reliures, etc., budget qui ne dépassait pas en effet, jusqu'à présent, la misérable somme de 54,350 fr. et ne permettait pas à la Bibliothèque, ainsi que le fait justement remarquer le rapport, de soutenir dans les ventes la concurrence des enchères privées.

Nous ne doutons pas que le Cabinet des Estampes et celui des Médailles n'aient leur part de l'augmentation projetée, et, puisqu'il s'agit d'intérêts qui nous touchent de si près, disons qu'une semblable amélioration serait bien urgente aussi pour compléter les richesses de nos musées, tous les jours scandaleusement « écrasés », eux aussi, par la concurrence des nations étrangères, et souvent par la fantaisie de particuliers opulents.

Nous n'avons pas appris avec moins de plaisir que M. Henri Delaborde, conservateur du Cabinet des estampes, avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur. Cette distinction était due depuis longtemps à un homme qui apporte dans ses fonctions tant de dignité et de mesure, et une parfaite compétence, acquise dans la pratique de l'art et dans l'exercice d'une critique remarquable par la sagacité, la force et l'élévation.

Le rédacteur en chef : CHARLES BLANC.
Le directeur gérant: EDOUARD HOUSSAYE.

PARIS. — IMPRIMERIE DE J. CLAYE, RUE SAINT-BENOît, 7.

GRAMMAIRE

HISTORIQUE

DES ARTS DU DESSIN

ARCHITECTURE, SCULPTURE, PEINTURE

PRINCIPES

III

GRANDEUR ET MISSION DE L'ART

Pour se faire une idée de l'importance des arts, il suffit de se représenter ce que seraient les grandes nations de la terre, si l'on supprimait de l'histoire les monuments qu'elles ont élevés à leurs croyances, les ouvrages où elles ont laissé la marque de leur génie. Il en est des peuples comme des hommes: il ne reste d'eux, après leur mort, que les choses émanées de l'esprit, c'est-à-dire la littérature et l'art, des poëmes écrits et des poëmes de pierre, de marbre ou de couleur.

Si l'Égypte était inconnue, si le souvenir de ce pays était complétement effacé de la mémoire humaine, quelque jour un philosophe, voyant se dresser, dans les solitudes de Memphis, trois pyramides gardées par un sphinx, devinerait l'existence d'un peuple religieux, esclave, dominé par le mystère, immobile dans ses idées, plein de foi dans l'immortalité de la vie. Par la signification de ces monuments symboliques, il serait amené à reconstruire toute l'antique Égypte; il en retrouverait les mœurs, il en connaîtrait les pensées... Si la Grèce était un pays ignoré ou disparu. dans l'oubli, quelque jour un artiste, retrouvant une colonne des Propylées, un fragment des sculptures de Phidias, un bronze de Lysippe, une monnaie d'Alexandre ou un vase grec, serait averti qu'un grand peuple

habita ces contrées, que ce peuple eut un bon sens délicat, un goût pur, un sentiment exquis de la grâce, et qu'il poussa le culte de la beauté jusqu'à diviniser l'homme et humaniser les dieux. Oui, un portique en ruine, une tête de marbre nous suffisent pour remonter en idée à ces temps héroïques, où le ciel vivait et respirait sur la terre, comme dit le poëte:

Où Venus Astarté, fille de l'onde amère,

Ruisselait, vierge encor, des larmes de sa mère,

Et fécondait le monde en tordant ses cheveux.

Il semble que les nations aient pressenti que leur gloire serait mesurée aux œuvres du poëte et de l'architecte, du sculpteur et du peintre, car il n'est pas de peuple qui n'ait honoré les artistes, comme s'il eût vu en eux les témoins futurs de sa grandeur. Dans le primitif Orient et dans la vallée du Nil, l'art, confondu avec le plus haut sacerdoce, était aussi vénéré que le pontife. En Grèce, la fable de Prométhée ravissant le feu du ciel pour animer l'argile, Symbolisait assez clairement l'auguste origine des arts. Aussi n'est-on pas étonné d'apprendre que le plus sage des philosophes, le maître de Platon, était sculpteur, et qu'il avait modelé les trois Grâces. Chez les Éléens, un sentiment de respect religieux s'attachait au souvenir de Phidias, et les descendants de ce grand homme avaient, de père en fils, la charge de montrer aux étrangers, comme un lieu vénérable, l'atelier où il avait sculpté son Jupiter Olympien. L'effigie du statuaire Alcamène était placée au faîte du temple d'Eleusis. La ville de Pergame, en Mysie, acheta, des deniers publics, un palais ruiné, pour sauver quelques murailles où il restait encore des peintures d'Apelles, et les habitants suspendirent la dépouille de ce peintre illustre dans un réseau de fils d'or. Plus rudes que les Grecs, les Romains avaient hérité cependant de leur souveraine estime pour les artistes. Cicéron rapporte que Lélius Fabius, qui comptait parmi les siens tant de consuls, et dont la famille avait tant de fois triomphé, voulut mettre son nom sur les peintures qu'il avait exécutées de sa main dans le temple du Salut, et se fit appeler Fabius pictor. Enfin, dans les temps modernes, ce fut le plus fier des empereurs d'Allemagne, celui qui réunissait en lui l'orgueil germanique à la hauteur castillane, ce fut Charles-Quint qui prononça cette parole fameuse : « Titien mérite d'être servi par César. »

Si l'art tient un rang aussi élevé dans l'esprit des hommes et dans l'opinion des premiers peuples de la terre, cela seul nous avertit que sa mission est grande. C'est à nous maintenant de la définir.

L'art est-il un pur délassement de l'esprit, une manière d'orner la vie? Son but, Dieu merci! est plus sérieux et plus noble. L'artiste est chargé de rappeler parmi nous l'idéal, c'est-à-dire de nous révéler la beauté primitive des choses, d'en découvrir le caractère impérissable, la pure essence. Les idées que la nature manifeste sous une forme embrouillée et obscure, l'art les définit et les illumine. Les beautés de la nature sont soumises à l'action du temps et à la loi universelle de destruction : l'art les en délivre; il les enlève au temps et à la mort. Voyez la Niobé antique : elle est toujours jeune, même auprès de sa plus jeune fille. Une femme belle passe sa vie à devenir belle ou à cesser peu à peu de l'être; elle n'a, pour bien dire, qu'un instant de vraie beauté, de pleine existence; mais en ce moment suprême, sa beauté est absolue, elle manifesté le divin mystère, elle rend visible à nos regards l'invisible beauté. Vienne l'artiste il arrêtera le soleil, il suspendra le cours des années humaines, et il écartera de cette beauté ce qui n'est pas essentiel, le temps, pour la faire paraître dans l'éternité de sa vie.

L'œuvre d'art est donc une création, puisqu'en pénétrant l'esprit des choses à travers les apparences, l'artiste produit des êtres conformes à l'idée créatrice, à l'idée vivante qui réside en eux. Mais si l'artiste crée, il doit être libre, il doit suivre l'élan de sa propre inspiration. Comment sa main obéirait-elle sans froideur à l'esprit d'un autre? Comment remplacer l'harmonie si intime que Dieu a mise entre l'âme et le corps, c'està-dire la chaleur même de la vie? L'art est donc libre; il est absolu; il ne relève que de lui-même. Donc il ne saurait être confondu avec l'agréable, car il perdrait alors sa liberté et ne serait plus qu'un aimable esclave. Sans doute, l'art nous plaît: il est la grâce et l'enchantement de la vie; mais son but n'est pas de nous plaire. Autrement, quelle déchéance ! quel abaissement! Soumise à toutes les variations du jour et de l'heure, la beauté, — cette beauté qui contient l'idée immortelle, qui enveloppe l'infini, deviendrait le pur jouet de nos sensations mobiles. Celui qui l'aurait admirée aujourd'hui, la répudierait demain, et chacun de nous pouvant la juger suivant son impression personnelle, on la verrait plus changeante que la fantaisie et moins durable que la mode. Un seul homme aurait le droit de proclamer beau ce que le genre humain tout entier trouverait laid. Ainsi paraîtrait légitime ce vieil adage, si faux quand on l'applique aux arts du dessin : On ne peut disputer des goûts. Erreur funeste qui consacre l'anarchie dans le domaine de l'esprit! Le génie cesse-t-il d'être libre parce qu'il obéit à ses propres lois? Et qu'est-ce donc que le génie, si ce n'est l'intuition rapide des lois supérieures? Ces lois, il est permis à la philosophie de les connaître : c'est son droit. Il lui

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