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les destinait. Ceux qui devaient servir aux vivants pouvaient être plus solides et plus lourds, si l'on en juge par une médaille d'Alexandre, enchâssée dans une bordure ciselée à jour, et d'une certaine épaisseur.

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CÉRAMIQUE. L'histoire de l'art grec, dans toutes les transformations que nous révèlent les sculptures arrachées au sol de la Grèce et aux ruines de l'Asie Mineure, encore si peu explorées, l'histoire de l'art grec, disons-nous, est tracée sur les flancs de ces vases que l'habitude a improprement désignés tous sous le nom d'étrusques. Ces origines d'un art qui est parvenu dans la plastique au plus haut degré où il ait encore été donné aux artistes d'atteindre, avait vivement préoccupé M.. Louis Fould.

D'où venait cet art? Etait-il autochthone chez les Pélasges ou importé ? Qui l'avait introduit dans l'Hellade, et à quelle époque ? Quelles influences l'avaient modifié, et par quels développements avait-il passé jusqu'à l'époque, plus connue, de Périclès? A toutes ces questions, il n'avait point trouvé de réponse satisfaisante, et afin d'en provoquer une, et sérieuse, il avait fondé un prix de 20,000 francs. L'Institut, naturellement nommé juge du concours, avait accepté avec une reconnaissance qui se devine. Cependant, si un prix de 20,000 francs est une belle chose à donner en une séance académique, on n'est sollicité qu'une seule fois à faire un élu, et l'on n'a qu'une seule fois de l'importance. Mieux vaut n'avoir que la rente du capital à octroyer tous les ans ; tous les ans ainsi on devient un personnage important et sollicité. On n'avoua point ces raisons au donateur, mais on fit si bien qu'un terme moyen fut adopté par lui et par les juges du concours. Pendant quelques années, la rente du capital donné par lui, dut servir à récompenser des travaux préparatoires, en attendant que le capital lui-même fût enfin donné au plus méritant. Mais les choses étant ainsi réglées, tout n'était point fini. On présenta à M. Louis Fould la note à payer au fisc, une bagatelle, 2,400 francs seulement! De telle sorte que, pour avoir donné 20,000 francs à l'État, à l'État savant, représenté par l'Institut, ce même État, l'État fiscal, représenté par les agents du ministère des finances, condamna M. Louis. Fould à une sorte d'amende de 2,400 francs. Soyez donc généreux, avec un pareil système, et avisez-vous, après cela, d'encourager les sciences! Enfin, M. Louis Fould fut obligé de donner 22,400 francs, au lieu des 20,000 fr. qu'il avait offerts; et cela sans obtenir une réponse que l'on attend encore.

Comme nous ne serons renseignés à l'égard des origines de l'art grec qu'au jour où il se sera trouvé quelqu'un pour répondre à la question, grosse de chiffres, que M. Louis Fould a posée, il nous est impossible d'adopter pour la classification des vases antiques, ces noms de pays qui

servent trop souvent à les désigner. Dans la Grèce, comme dans la Campanie, comme dans la Cyrénaïque, on trouve les mêmes formes et le même système de décor, de telle sorte qu'il nous semble préférable de les classer par caractères d'ancienneté, surtout lorsqu'on n'a ni la prétention ni la possibilité de creuser au fond des choses.

Les vases les plus anciens, ceux qu'on appelle parfois phéniciens, généralement moins élégants de formes et fort épais, sont ornés de zones remplies d'animaux et d'hommes, parfois peints en noir sur le fond blanc-roux de la terre; souvent la couleur noire ne s'est pas maintenue à la cuisson et a passé au rouge brun. Si les formes des animaux qui courent sur les zones peintes aux flancs des vases de cette époque primitive indiquent une main habile à en saisir le caractère et la silhouette, les figures humaines sont d'un dessin étrange et sauvage. La pièce la plus importante de cette série, et sans doute une des plus rares qui soient, est un vase à anse, aux larges flancs, une cruche, pour tout dire qu'on nous pardonne ce mot, qui n'a point fleuri dans le jardin des racines grecques. Elle est entièrement recouverte d'écailles où le rouge foncé alterne avec le noir, et contournées par un trait blanc. Un autre vase de même nature est orné de bandes superposées sur lesquelles courent tantôt des cerfs ou des bœufs, tantôt des guerriers montés sur un bige.

A la seconde période correspondent sans doute les amphores noires ou jaunes, d'une pureté admirable de formes, d'une finesse merveilleuse de terre, et d'une grande perfection dans la glaçure d'un noir intense qui les recouvre en tout ou en partie. Les personnages sont toujours peints sur le fond jaune réservé. Les traits, qui expriment le détail intérieur du dessin, sont blancs; mais c'est la couleur noire qui domine toujours dans les personnages, avec quelques parties rouges parfois dans les détails du costume ou des accessoires, et plus rarement du blanc sur les parties nues de quelques-uns des personnages. Le style de ceux-ci est encore archaïque. Si le visage est vu de profil, les yeux sont toujours de face, et très-longs. La bouche est rentrée et sourit en grimaçant. Ses lèvres, finement découpées, sont cernées parfois d'une étroite moustache, au-dessous d'un nez mince et effilé. La barbe se darde à l'extrémité du menton et dégage la joue en allant rejoindre la chevelure demi-longue et bouclée. La poitrine est large, les épaules sont saillantes, les flancs effacés et les hanches prononcées, les extrémités très-longues et les attaches fines. C'est l'art éginétique, cet art noble et bizarre, qui exprime les figures d'hommes ou d'animaux par leurs plans principaux, accentue franchement le mouvement et les contours, et demeure toujours soigneux de l'élégance par la finesse des articulations. Tous ces personnages sont d'une autre race,

de la race des dieux, et j'aime à me figurer ainsi les héros d'Homère.. Il me serait impossible de penser qu'Achille ne portait point cette courte cuirasse que dépasse à peine une draperie à plis serrés; que son glaive n'était point suspendu en travers à un court baudrier; qu'un casque à nasal, qu'ornait un cimier porté sur une haute tige, ne protégeait point sa tête, comme les cnémides défendaient ses jambes, et comme un bouclier rond, chargé d'une sorte d'armoirie, couvrait son bras.

Quatorze grandes amphores, représentant pour la plupart des scènes de la mythologie grecque, font partie de la collection. Une, entre toutes, est remarquable, parce qu'elle montre trois jeunes hommes, armés d'un bouclier rond, courant pour gagner un prix qui n'est autre que ce vase luimême. Une inscription constate qu'il est athénien et qu'il faut le ranger parmi les prix panathénéens.

Les vases de la troisième époque, aussi parfaits que les premiers, nous offrent les personnages toujours réservés en jaune sur un fond peint en noir. Le dessin y a plus de souplesse qu'à l'époque précédente; il y a une plus grande étude de la nature, peut-être, mais moins de grandeur et de style; quelque chose de moins convenu, si l'on veut, mais de moins convenable, surtout comme ornement; car il ne faut point oublier que c'est du point de vue de la décoration qu'on doit surtout considérer ces peintures monochromes, si remarquables par leur convenance comme par leur style, si convenance et style, ici, ne sont point tout un.

Il ne faudrait certes point croire que les divisions sont aussi tranchées que nous les avons faites ici, et que le style archaïque ne s'est point prolongé à travers les modifications qu'ont reçues, chez les potiers grecs, les méthodes diverses employées pour décorer leurs vases et faire. que les personnages s'enlèvent sur un fond diversement coloré. La collection de M. Louis Fould montre une figure de femme (de Minerve, croyonsnous), réservée en jaune sur un fond noir appliqué, laquelle, par la roideur des plis et la sécheresse du dessin, appartient encore à l'art éginétique. Mais, en général, les vases à figures réservées nous semblent plus voisins du siècle de Périclès que ceux à figures noires.

Nous avons compté seize amphores de cette période, dont deux sont remarquables à des titres divers. Sur l'une, le fond noir entre les personnages n'est resté pur, pendant la cuisson, qu'autour des figures : là il avait été appliqué avec plus de soin pour arrêter le contour. Ce défaut prouve que le fond était peint après coup, et que les figures ne s'obtenaient point par enlevage sur une surface entièrement noire.

L'autre amphore représente deux femmes et un homme qui apportent et déposent des offrandes de vases peints sur un autel, où l'on voit déjà

deux amphores et une large coupe placée sur le fût d'une colonne. Quelques vases noirs lisses ou ornés de légers godrons, d'une glaçure merveilleuse '; trois magnifiques ritons à têtes de bélier; quelques vases de forme lenticulaire, à anse et à goulot; des coupes pédiculées; un œnochoé athénien, peint sur fond blanc avec des couleurs non passées au feu, complètent ce qu'il y a de plus remarquable dans la céramique, avec une « patella », qui est la perle de cette série si remarquable.

Cette patella est une assiette à fond blanc, circonstance excessivement rare, qui porte deux personnages peints d'un noir éclatant. Une femme, enveloppée d'un grand manteau dont l'extrémité retombe derrière ses épaules, joue de la flûte. Devant elle, le Bacchus asiatique, vêtu d'une longue robe, portant une barbe frisée, danse, à moitié ivre, en tenant une lyre d'une main et une coupe élevée de l'autre.

Dans la céramique, nous devons classer encore les figures en terre cuite, qui semblent avoir été plus fréquentes dans l'antiquité que ne le sont les figures en plâtre de nos jours. Des fouilles récentes faites en Asie Mineure ont révélé, en ce genre, de véritables merveilles. Celles qui font, depuis quelques années, partie du Musée du Louvre, peuvent être citées comme types. La collection de M. Louis Fould renferme un digne pendant de ces terres cuites dans un masque antique d'homme barbu, portant encore quelques traces de coloration.

Nous reproduisons ici une statuette de femme, empruntée à cette série, et qui est un modèle de style et d'élégance. La figure est appuyée sur un cippe, vêtue d'un manteau par-dessus son péplos, et tient à la main un flabellum en forme de feuille d'arbre.

Nous citerons encore une belle portion de frise, où deux femmes,. vêtues de la tunique courte des Lacédémoniennes et armées de boucliers, combattent un griffon.

VERRERIE. Plus de deux cents pièces de toute forme et de toute couleur, composent cette série précieuse. Urnes et lacrymatoires aux mille formes, coupes et œnochoés, verres blancs et verres colorés, d'une seule

1. La composition du vernis transparent ou noir des vases antiques est définie aujourd'hui, grâce aux analyses de M. Buisson et de M. A. Salvetat, chef des travaux chimiques à la manufacture de Sèvres. Dans ses Leçons de Céramique, t. II, p. 345, M. Salvetat indique que cette glaçure est un silicate alcalin exempt de plomb, mais mélangé d'oxydes de fer et de chaux. Sa couleur noire est due à la présence de sulfures métalliques, cuits à l'abri du contact de l'air. Suivant que cette condition a été plus ou moins bien remplie, le noir est plus ou moins pur. Il peut affecter l'aspect métallique du bronze ou donner cette couleur rouge intense qui résulte, comme nous l'avons dit, d'un accident, dans la cuisson des vases primitifs, dits phéniciens.

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