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volets, les figures tout entières sont accusées avec un léger relief; puis enfin, dans quatre plaques de châsse, ces figures prennent un relief excessif et appartiennent à la ronde bosse et à l'art du repoussé sur cuivre.

Deux de ces plaques du XIII siècle représentent, l'une saint Pierre, l'autre saint Martial. Mais l'apôtre limousin partage ici tous les attributs des compagnons du Christ, car, au lieu d'être vêtu en évêque, il porte la robe et le manteau antiques, et ses pieds sont nus.

Nous publions (p. 281) l'une des deux autres plaques, qui appartiennent au xive siècle, et doivent sortir du même atelier qu'un coffret du musée du Louvre. L'ornement émaillé est semblable sur les deux monuments.

Quant aux personnages jeunes, vêtus d'une chape, qui ne semblent point être des anges, dont l'un semble porter une navette à encens, nous ne savons ce qu'ils sont, sinon deux magnifiques spécimens de repoussé et de ciselure sur cuivre.

Une châsse d'un travail assez négligé, dont les figures gravées se détachent sur le fond rouge caractéristique du xive siècle; une croix, deux gémellions, un chandelier, deux fûts de colonne, complètent la série des émaux champlevés, fort importante par le choix des pièces.

ORFÉVRERIE. Les quelques morceaux que possédait M. Louis Fould sont surtout d'origine allemande, à en juger par le style et par certains procédés de fabrication. Le plus remarquable est un buste de sainte en argent doré. Ce buste, du xv siècle, est orné de bandes d'émail champlevé, avec quelque peu de cloisonnage, qui appartiennent au XIIIe siècle. Un bras, reliquaire en argent repoussé, décoré de filigranes fort beaux du XIII siècle, est également une pièce assez rare, même dans les trésors des églises. Deux calices bas, à large coupe, sont encore deux beaux spécimens de l'orfévrerie allemande de la même époque. L'un est orné, sur son nœud et sur son pied, de feuillages ciselés à jour par une main habile et sûre d'elle-même; sur la coupe, dont la fausse coupe nous semble manquer, sont gravés les bustes des douze Apôtres. L'autre, un peu plus moderne, est décoré de feuilles de chêne découpées et ciselées, puis soudées après coup sur la fausse coupe, sur le nœud et sur le pied, qui portent en outre des médaillons réservés sur un fond niellé.

Une statuette de Vierge en repoussé, du xv° siècle, portant d'un bras l'Enfant Jésus, de l'autre un petit reliquaire en forme de tour, est un charmant motif, qui s'éloigne avec bonheur des formes ordinaires des reliquaires ou des monstrances en forme de tour pédiculée. Ce sont de vraies architectures en métal, avec lesquelles l'architecture en pierre s'est essayée à rivaliser, et que l'on n'a que trop imitée de nos jours.

RENAISSANCE

SCULPTURE, BRONZES, MÉDAILLES. - Pour être conséquent avec la marche que nous avons adoptée dans l'examen des monuments de l'antiquité et du moyen âge, nous devons parler tout d'abord de la sculpture, en marbre ou en bronze. Mais nous avons déjà été entraîné si loin, et nous avons encore tant à dire sur les émaux peints et sur les majoliques, ces deux arts industriels que la Renaissance a poussés à une si grande perfection, que nous devons être bref sur le grand art par excellence.

Un buste de saint Jean-Baptiste, bas-relief sculpté avec une adresse merveilleuse, et attribué à Donatello; deux Vierges avec l'Enfant Jésus, appartenant à l'école florentine, et remarquables surtout par la souplesse d'un modelé obtenu avec un très-faible relief, forment la part principale de la sculpture en marbre.

Parmi les bronzes, nous remarquerons surtout deux paires de chenets florentins, cire perdue, de la plus grande beauté. L'une, celle qui orne la cheminée de la galerie, se compose de deux figures d'homme et de femme debout sur un trépied. Les figures montrent cette grande désinvolture que les élèves immédiats de Michel-Ange ont su donner à leurs productions. L'autre paire, qui orne la cheminée du cabinet, est formée d'une série d'éléments superposés et entassés sans cohérence, comme, à notre goût, la renaissance l'a fait trop souvent.

Malgré cette critique de la composition compliquée de ces chenets, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître que ce sont là des pièces importantes et qui tiennent au grand art. Elles se présentent, au surplus, sous la glaçure d'une patine charmante. Ce mérite se retrouve aussi dans un Silène ivre, imitation fort heureuse de l'antique, remarquable par la morbidesse des chairs.

Un secret perdu de nos jours, l'alliance du style et de la naïveté, nous semble le plus grand charme de ces médailles fondues et ciselées qui ont illustré quelques artistes de la Renaissance italienne. Quelle fière tournure, quelle grâce adorable possèdent tous ces profils de ducs et de duchesses, de tyranneaux et de courtisanes, de capitaines et de jeunes filles, en qui nous trouvons cependant toute la simplicité des habitudes journalières et tout l'accent de la nature! Un Leonellus d'Este; une Cecilia de Mantoue, une femme de profil avec cette exergue : « Virtuti pulchrior, » et la médaille dont nous publions la face et le revers, peuvent être comptés parmi

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TITAS

PVRIT

A.VARIN

NDOA

MOR

4

MÉDAILLE ITALIENNE DU XVI SIÈCLE

Face et revers.

les plus beaux spécimens du génie de Pisan et de ses élèves. Un bronze de la médaille d'Anne de Bretagne, fondu à Lyon, par Nicolas et Jean de Saint-Priest, les grands médaillons des Valois, si remarquables par la science du modelé, obtenu avec un faible relief; un médaillon ovale, signé « Varin, 1648 », représentant un homme, Varin lui-même, à ce qu'on suppose, sa femme et son enfant, vus de buste, complètent les pièces les plus remarquables, sinon les plus précieuses, de cette série. Nous en rapprocherons quelques médailles grecques en argent, dont une surtout (médaille de Syracuse) est de la plus grande beauté.

ÉMAUX PEINTS. Entre les émaux champlevés, que nous avons examinés plus haut, et les émaux peints, se place une sorte d'émaux excessivement rares dans les collections, qui expliquent la nature des plus anciens parmi ceux dont nous voulons parler maintenant. Les émaux translucides sur relief étaient, comme leur nom l'indique, coulés dans des intailles fouillées avec plus ou moins de profondeur, de telle sorte que c'était le plus ou moins d'épaisseur de l'émail qui, faisant les ombres et les lumières, exprimait une sorte de modelé. Dans ces émaux, les tons bleus, jaunes, violets et bruns dominaient, parce que les oxydes qui coloraient l'émail de ces teintes ne le rendaient point opaque. Comme ces émaux étaient d'une fabrication longue et difficile, ce qui explique leur petit nombre et le prix du métal, or ou argent, qui les recevait, on essay a de les imiter au moyen de la peinture seule. C'est par cette raison que les plus anciens émaux peints, ceux qui affectent franchement le style du xv siècle, sont semi-translucides, semi-opaques, et offrent une tonalité générale qui

tourne au brun.

Parmi ces émaux anciens, le plus remarquable est une plaque de 0m 25 sur 0 17, représentant l'Annonciation, attribuée avec raison, ce nous semble, à Pénicaud l'Ancien. Les chairs en sont vineuses, les draperies blanches fouettées de violet. Nous en rapprocherons une petite plaque oblongue, peinte de plusieurs figures d'anges à longues robes, que portent dans les airs leurs ailes effilées.

Malgré les grands progrès accomplis dans l'art de l'émaillerie entre l'époque de ces produits et celle de Léonard Limousin, nous citerons immédiatement après eux une Adoration des Bergers qui montre une main rompue à toutes les difficultés du métier et habile entre toutes. La couleur dominante est le brun translucide sur le fond de métal rayé de larges hachures noires. Quelques touches de couleur ou d'or expriment les lumières; les têtes sont en émail blanc; le tout est peint avec une grande sûreté et recouvert d'une glaçure merveilleuse. Il ne nous répugnerait point d'attribuer cet émail à Léonard Limousin, ainsi qu'un autre, peint

avec autant de largeur, mais dans un tout autre système. C'est une plaque ovale représentant la Nature pressant ses seins, avec cette légende : « Opes Saturni continua mater que deorum. » La figure est blanche, avec quelques larges hachures; le bleu turquin éclaire le paysage, et la couleur se maintient dans les tons peu montés.

Nous attribuerons à Pierre Pénicaud deux petites plaques creusées en cintre dans le haut, qui représentent, l'une l'Ensevelissement, l'autre une Réunion des dieux. Sur un fond noir, des personnages un peu longs se détachent en rose largement éclairé de blanc, hardiment dessinés et couverts d'une belle glaçure. Ces deux plaques nous rappellent le faire des deux boucliers du Louvre, attribués à P. Pénicaud par M. Léon de Laborde, qui nous semble bien sévère pour cet émailleur.

On doit, selon nous, attribuer à Martin Didier une petite plaque cintrée divisée en deux sujets : l'Annonciation dans le haut, la Vierge et sainte Catherine dans le bas. Les figures y ont ce relief qu'on voit «< poindre dans le noir, » cette largeur de modelé, et ces yeux éclairés de blanc, qui distinguent sa manière.

Parmi ses imitateurs, il faut ranger l'auteur du grand et beau triptyque de la Légende de saint Jean-Baptiste, composé de six plaques en grisaille, fort semblable à celui que notre collaborateur Ph. Burty a si bien décrit, il y a quinze jours, dans son bulletin de la vente de la collection La Sayette. C'est dans la même école que nous rangerons la Dialectique et l'Astronomie, deux grisailles étranges, représentant deux femmes nues, espèces d'études d'après nature, entourées d'enfants également nus. Le dessin est énergique, sans beaucoup de hachures; le modelé trèsétudié; les chairs blanches frappées de quelques touches roses, sortent d'un fond noir.

Le beau coffret dont nous donnons le dessin (page 289), orné de douze plaques d'émail montées en bronze doré, nous paraît sortir du même atelier, quoique quelques couleurs y apparaissent au milieu des grisailles.

Mais la merveille de la collection nous semble être une toute petite plaque sur laquelle est peint avec une finesse excessive le Martyre de saint Laurent, d'après la magnifique composition gravée par Marc-Antoine. Le fond est bleu, le modelé très-fin, sans hachures, le ton un peu gris et voilé, quelques ors très-sobrement appliqués, indiquent certaines lumières. Cet émail nous paraît appartenir à l'auteur d'une belle plaque circulaire de la collection de M. Gatteaux, et supérieur au petit vase du Musée du Louvre (no 358), dont il se rapproche. Mais ce dernier émail est marqué au revers des lettres G. K. I., tandis que celui de M. L. Fould porte,

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