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les plus beaux spécimens du génie de Pisan et de ses élèves. Un bronze de la médaille d'Anne de Bretagne, fondu à Lyon, par Nicolas et Jean de Saint-Priest, les grands médaillons des Valois, si remarquables par la science du modelé, obtenu avec un faible relief; un médaillon ovale, signé « Varin, 1648 », représentant un homme, Varin lui-même, à ce qu'on suppose, sa femme et son enfant, vus de buste, complètent les pièces les plus remarquables, sinon les plus précieuses, de cette série. Nous en rapprocherons quelques médailles grecques en argent, dont une surtout (médaille de Syracuse) est de la plus grande beauté.

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ÉMAUX PEINTS. Entre les émaux champlevés, que nous avons examinés plus haut, et les émaux peints, se place une sorte d'émaux excessivement rares dans les collections, qui expliquent la nature des plus anciens parmi ceux dont nous voulons parler maintenant. Les émaux translucides sur relief étaient, comme leur nom l'indique, coulés dans des intailles fouillées avec plus ou moins de profondeur, de telle sorte que c'était le plus ou moins d'épaisseur de l'émail qui, faisant les ombres et les lumières, exprimait une sorte de modelé. Dans ces émaux, les tons bleus, jaunes, violets et bruns dominaient, parce que les oxydes qui coloraient l'émail de ces teintes ne le rendaient point opaque. Comme ces émaux étaient d'une fabrication longue et difficile, ce qui explique leur petit nombre et le prix du métal, or ou argent, qui les recevait, on essaya de les imiter au moyen de la peinture seule. C'est par cette raison que les plus anciens émaux peints, ceux qui affectent franchement le style du xv siècle, sont semi-translucides, semi-opaques, et offrent une tonalité générale qui tourne au brun.

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Parmi ces émaux anciens, le plus remarquable est une plaque de 0m 25 sur 0 17, représentant l'Annonciation, attribuée avec raison, ce nous semble, à Pénicaud l'Ancien. Les chairs en sont vineuses, les draperies blanches fouettées de violet. Nous en rapprocherons une petite plaque oblongue, peinte de plusieurs figures d'anges à longues robes, que portent dans les airs leurs ailes effilées.

Malgré les grands progrès accomplis dans l'art de l'émaillerie entre l'époque de ces produits et celle de Léonard Limousin, nous citerons immédiatement après eux une Adoration des Bergers qui montre une main rompue à toutes les difficultés du métier et habile entre toutes. La couleur dominante est le brun translucide sur le fond de métal rayé de larges hachures noires. Quelques touches de couleur ou d'or expriment les lumières; les têtes sont en émail blanc; le tout est peint avec une grande sûreté et recouvert d'une glaçure merveilleuse. Il ne nous répugnerait point d'attribuer cet émail à Léonard Limousin, ainsi qu'un autre, peint

avec autant de largeur, mais dans un tout autre système. C'est une plaque ovale représentant la Nature pressant ses seins, avec cette légende: «Opes Saturni continua mater que deorum. » La figure est blanche, avec quelques larges hachures; le bleu turquin éclaire le paysage, et la couleur se maintient dans les tons peu montés.

Nous attribuerons à Pierre Pénicaud deux petites plaques creusées en cintre dans le haut, qui représentent, l'une l'Ensevelissement, l'autre une Réunion des dieux. Sur un fond noir, des personnages un peu longs se détachent en rose largement éclairé de blanc, hardiment dessinés et couverts d'une belle glaçure. Ces deux plaques nous rappellent le faire des deux boucliers du Louvre, attribués à P. Pénicaud par M. Léon de Laborde, qui nous semble bien sévère pour cet émailleur.

On doit, selon nous, attribuer à Martin Didier une petite plaque cintrée divisée en deux sujets : l'Annonciation dans le haut, la Vierge et sainte Catherine dans le bas. Les figures y ont ce relief qu'on voit «poindre dans le noir, » cette largeur de modelé, et ces yeux éclairés de blanc, qui distinguent sa manière.

Parmi ses imitateurs, il faut ranger l'auteur du grand et beau triptyque de la Légende de saint Jean-Baptiste, composé de six plaques en grisaille, fort semblable à celui que notre collaborateur Ph. Burty a si bien décrit, il y a quinze jours, dans son bulletin de la vente de la collection La Sayette. C'est dans la même école que nous rangerons la Dialectique et l'Astronomie, deux grisailles étranges, représentant deux femmes nues, espèces d'études d'après nature, entourées d'enfants également nus. Le dessin est énergique, sans beaucoup de hachures; le modelé trèsétudié; les chairs blanches frappées de quelques touches roses, sortent d'un fond noir.

Le beau coffret dont nous donnons le dessin (page 289), orné de douze plaques d'émail montées en bronze doré, nous paraît sortir du même atelier, quoique quelques couleurs y apparaissent au milieu des grisailles.

Mais la merveille de la collection nous semble être une toute petite plaque sur laquelle est peint avec une finesse excessive le Martyre de saint Laurent, d'après la magnifique composition gravée par Marc-Antoine. Le fond est bleu, le modelé très-fin, sans hachures, le ton un peu gris et voilé, quelques ors très-sobrement appliqués, indiquent certaines lumières. Cet émail nous paraît appartenir à l'auteur d'une belle plaque circulaire de la collection de M. Gatteaux, et supérieur au petit vase du Musée du Louvre (no 358), dont il se rapproche. Mais ce dernier émail est marqué au revers des lettres G. K. I., tandis que celui de M. L. Fould porte,

peint dans un angle, un monogramme MP., qu'il faut ajouter à ceux que l'on a déjà relevés'.

Notons une petite Cène, émail carré, pour la singularité de sa fabrication. Cette grisaille est chargée de tant de hachures, qu'elle semble une gravure au burin. Une des taches noires qui salissent son contre-émail empêche malheureusement de lire le poinçon frappé sur son revers.

Deux petites plaques ovales faisant pendants et signées, la première I. C., la seconde I. D. C., qui sont sans doute de la même main, aideront peut-être à résoudre cette question: Jean Courtois et Jean de Court sontils ou non le même artiste? Nous pensons qu'oui, car ces deux émaux présentent les mêmes ornements sur paillon, dans le goût des compositions d'Étienne de Laulne, avec figures au centre, peints avec les mêmes carnations saumonnées, modelées au pointillé. Pallas est sur l'un et Vénus avec l'Amour sur l'autre.

Quittons ces fragments destinés à faire partie de coffrets ou d'oratoires, d'où on les a détachés, pour examiner ces charmants ustensiles de ménage auxquels les émailleurs limousins ont appliqué leur talent.

Outre le coffret que nous venons de citer à propos des écoles voisines créées par J. Pénicaud et par Martin Didier, nous trouvons tout d'abord une coupe à pied et à couvercle, offrant à l'intérieur le Jugement de Paris, et décorée à l'extérieur de ces ornements en bleu-turquoise que Léonard Limousin affectionnait tant, quoique nous n'osions point affirmer que cette belle coupe soit sortie de ses ateliers.

De Pierre Raymond on voit ici deux coupes à couvercle, à beaux fonds noirs et deux sablières sur piédouches, représentant des sujets de chasse, pièces remarquables pour un fabricant dont les émaux sont souvent un peu gris et durs, par suite de l'abus des hachures et de la teinte saumonnée de ses chairs. Telles sont deux assiettes qui appartiennent au même service, quoique timbrées d'armoiries un peu dissemblables.

Il faut clore cette série par une belle aiguière en émail de Venise, bleu et blanc à godrons, avec petits ornements d'or.

CERAMIQUE. - C'est vers 1438 que Lucca della Robbia, appliquant pour la première fois à la sculpture en terre une couverte d'émail blanc ou bleu, produisit ces bas-reliefs polychromes et inaltérables dont la collection de M. L. Fould possède un superbe spécimen. C'est un grand

4. Le bel émail des collections Debruge-Dumesnil et Rattier, représentant l'Innocence condamnée, signée du poinçon KIP, est de la même main, et présente cette analogie d'avoir été exécuté en figures de très-petite proportion, d'après la composition gravée par Mocetto dans le goût du Mantegna.

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médaillon à fond bleu avec figures blanches représentant la Vierge accompagnée d'un chœur d'anges en adoration devant l'enfant Jésus. Une bordure de feuilles de rosier finement découpée entoure ce bas-relief qui doit avoir été modelé par le chef de cette illustre famille de sculpteurs en terre

émaillée.

Si Lucca della Robbia imagina le premier d'appliquer un émail opaque

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sur la sculpture en terre', on est loin d'avoir prouvé que c'est à son imitation que furent faites en Italie les faïences à émail d'étain, appelées Majoliques. Bien que non datées, plusieurs pièces doivent être antérieures à l'année 1438. D'ailleurs, il nous semble que l'on peut suivre pas à pas la transformation des pièces hispano-arabes en majoliques italiennes, et trouver dans celles-ci l'origine de l'art charmant pour lequel on dépense aujourd'hui des sommes si folles. Suivons cette filiation sans sortir de la galerie de M. Louis Fould.

1. Voy. H. Barbet de Jouy, Les Della Robbia. Paris, 1855.

La pièce la plus ancienne et la plus importante est une immense coupe à pied, munie de son couvercle, pièce hispano-arabe de la plus grande rareté. Sa terre grise et assez grossière est recouverte d'émail blanc à l'étain, peint en bleu lapis par segments, et décorés de dessins arabes d'une belle couleur jaune d'or à reflets.

Viennent ensuite cinq plats à ombilic, ornés de dessins mordorés à reflets plus ou moins intenses dont plusieurs présentent sur leur bord des inscriptions pseudo-arabes.

Quatre plats, dont le décor est un semis de feuilles d'érable bleues alternant avec des dessins mordorés, nous semblent appartenir à une fabrication postérieure et très-probablement italienne. Des armoiries, ou le monogramme du Christ, occupent leur centre d'où rayonnent les ornements qui les décorent.

Nous arrivons maintenant aux produits bien caractérisés de la vieille fabrique de Pesaro. Il y a là cinq plats de la plus grande beauté, dont le fond porte soit des armoiries, soit des têtes d'hommes ou de femmes dessinées en bleu, très-légèrement modelées et se détachant sur un fond bleu d'inégale intensité. Une banderole voltige d'ordinaire autour de la tête et porte en belles capitales le nom et les qualités de la personne que l'on a prétendu figurer. Sur le bord du plat rayonnent des écailles, des frettes, des palmettes dessinées en bleu avec application d'un jaune à reflets un peu froids. Parfois un vert trop cru apparaît dans les draperies et dans l'ornement. C'est la transition entre le simple décor des pièces antérieures, et la peinture à sujets qui viendra ensuite. Dans cette série, nous ferons surtout remarquer un grand plat à ombilic d'où rayonnent des godrons courbes, creusé de cavités circulaires dans le marly, et décoré sur le bord de feuillages en forme d'éventail. Le jaune à reflets y tourne au rouge, et nous fait supposer que nous sommes en présence d'une des plus anciennes pièces de Gubbio.

Cette fabrique a produit certainement un petit plat à splendides reflets rouge-feu, décoré du buste de GIUSTINA entouré de dauphins affrontés et de trophées. Il porte au revers, en couleur feu, la date 1529 et des jeux de pinceau d'une forme capricieuse dans lesquels rien n'empêche de voir le G de maëstro Giorgio qui en est l'auteur assurément.

Une assiette portant une tête d'ange en relief à son centre, et des feuillages d'un faire négligé sur les bords, mais brillant de très-beaux reflets, semble encore provenir de Gubbio.

De la fabrique de Faenza est sorti un grand plat portant le buste de BRIGITA, qui se détache en blanc sur fond demi-bleu. Il doit appartenir à son ancienne fabrication, fort peu différente de celle de Pesaro. Six

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