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peint dans un angle, un monogramme MP., qu'il faut ajouter à ceux que l'on a déjà relevés'.

Notons une petite Cène, émail carré, pour la singularité de sa fabrication. Cette grisaille est chargée de tant de hachures, qu'elle semble une gravure au burin. Une des taches noires qui salissent son contre-émail empêche malheureusement de lire le poinçon frappé sur son revers.

Deux petites plaques ovales faisant pendants et signées, la première I. C., la seconde I. D. C., qui sont sans doute de la même main, aideront peut-être à résoudre cette question: Jean Courtois et Jean de Court sontils ou non le même artiste? Nous pensons qu'oui, car ces deux émaux présentent les mêmes ornements sur paillon, dans le goût des compositions d'Étienne de Laulne, avec figures au centre, peints avec les mêmes carnations saumonnées, modelées au pointillé. Pallas est sur l'un et Vénus avec l'Amour sur l'autre.

Quittons ces fragments destinés à faire partie de coffrets ou d'oratoires, d'où on les a détachés, pour examiner ces charmants ustensiles de ménage auxquels les émailleurs limousins ont appliqué leur talent.

Outre le coffret que nous venons de citer à propos des écoles voisines créées par J. Pénicaud et par Martin Didier, nous trouvons tout d'abord une coupe à pied et à couvercle, offrant à l'intérieur le Jugement de Pâris, et décorée à l'extérieur de ces ornements en bleu-turquoise que Léonard Limousin affectionnait tant, quoique nous n'osions point affirmer que cette belle coupe soit sortie de ses ateliers.

De Pierre Raymond on voit ici deux coupes à couvercle, à beaux fonds noirs et deux sablières sur piédouches, représentant des sujets de chasse, pièces remarquables pour un fabricant dont les émaux sont souvent un peu gris et durs, par suite de l'abus des hachures et de la teinte saumonnée de ses chairs. Telles sont deux assiettes qui appartiennent au même service, quoique timbrées d'armoiries un peu dissemblables.

Il faut clore cette série par une belle aiguière en émail de Venise, bleu et blanc à godrons, avec petits ornements d'or.

CÉRAMIQUE. C'est vers 1438 que Lucca della Robbia, appliquant pour la première fois à la sculpture en terre une couverte d'émail blanc ou bleu, produisit ces bas-reliefs polychromes et inaltérables dont la collection de M. L. Fould possède un superbe spécimen. C'est un grand

4. Le bel émail des collections Debruge-Dumesnil et Rattier, représentant l'Innocence condamnée, signée du poinçon KIP, est de la même main, et présente cette analogie d'avoir été exécuté en figures de très-petite proportion, d'après la composition gravée par Mocetto dans le goût du Mantegna.

médaillon à fond bleu avec figures blanches représentant la Vierge accompagnée d'un chœur d'anges en adoration devant l'enfant Jésus. Une bordure de feuilles de rosier finement découpée entoure ce bas-relief qui doit avoir été modelé par le chef de cette illustre famille de sculpteurs en terre

émaillée.

Si Lucca della Robbia imagina le premier d'appliquer un émail opaque

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sur la sculpture en terre', on est loin d'avoir prouvé que c'est à son imitation que furent faites en Italie les faïences à émail d'étain, appelées Majoliques. Bien que non datées, plusieurs pièces doivent être antérieures à l'année 1438. D'ailleurs, il nous semble que l'on peut suivre pas à pas la transformation des pièces hispano-arabes en majoliques italiennes, et trouver dans celles-ci l'origine de l'art charmant pour lequel on dépense aujourd'hui des sommes si folles. Suivons cette filiation sans sortir de la galerie de M. Louis Fould.

1. Voy. H. Barbet de Jouy, Les Della Robbia. Paris, 1855.

La pièce la plus ancienne et la plus importante est une immense coupe à pied, munie de son couvercle, pièce hispano-arabe de la plus grande rareté. Sa terre grise et assez grossière est recouverte d'émail blanc à l'étain, peint en bleu lapis par segments, et décorés de dessins arabes d'une belle couleur jaune d'or à reflets.

Viennent ensuite cinq plats à ombilic, ornés de dessins mordorés à reflets plus ou moins intenses dont plusieurs présentent sur leur bord des inscriptions pseudo-arabes.

Quatre plats, dont le décor est un semis de feuilles d'érable bleues alternant avec des dessins mordorés, nous semblent appartenir à une fabrication postérieure et très-probablement italienne. Des armoiries, ou le monogramme du Christ, occupent leur centre d'où rayonnent les ornements qui les décorent.

Nous arrivons maintenant aux produits bien caractérisés de la vieille fabrique de Pesaro. Il y a là cinq plats de la plus grande beauté, dont le fond porte soit des armoiries, soit des têtes d'hommes ou de femmes dessinées en bleu, très-légèrement modelées et se détachant sur un fond bleu d'inégale intensité. Une banderole voltige d'ordinaire autour de la tête et porte en belles capitales le nom et les qualités de la personne que l'on a prétendu figurer. Sur le bord du plat rayonnent des écailles, des frettes, des palmettes dessinées en bleu avec application d'un jaune à reflets un peu froids. Parfois un vert trop cru apparaît dans les draperies et dans l'ornement. C'est la transition entre le simple décor des pièces antérieures, et la peinture à sujets qui viendra ensuite. Dans cette série, nous ferons surtout remarquer un grand plat à ombilic d'où rayonnent des godrons courbes, creusé de cavités circulaires dans le marly, et décoré sur le bord de feuillages en forme d'éventail. Le jaune à reflets y tourne au rouge, et nous fait supposer que nous sommes en présence d'une des plus anciennes pièces de Gubbio.

Cette fabrique a produit certainement un petit plat à splendides reflets rouge-feu, décoré du buste de GIUSTINA entouré de dauphins affrontés et de trophées. Il porte au revers, en couleur feu, la date 1529 et des jeux de pinceau d'une forme capricieuse dans lesquels rien n'empêche de voir le G de maestro Giorgio qui en est l'auteur assurément.

Une assiette portant une tête d'ange en relief à son centre, et des feuillages d'un faire négligé sur les bords, mais brillant de très-beaux reflets, semble encore provenir de Gubbio.

De la fabrique de Faenza est sorti un grand plat portant le buste de BRIGITA, qui se détache en blanc sur fond demi-bleu. Il doit appartenir à son ancienne fabrication, fort peu différente de celle de Pesaro. Six

assiettes à large bord, sont encore parmi les plus charmants produits de Faenza. Celle qui nous servira de type porte au revers le nom de cette fabrique. Son fond représente la Flagellation. Le Christ couronné d'épines est peint en bleu, les soldats sont en jaune; mais le bord, orné d'enfants affrontés à cheval sur des rinceaux se détachant en clair sur un fond bleu lapis, donne surtout son prix à cette belle pièce, que suivent de près quatre ou cinq autres assiettes décorées dans le même système. Nous ferons encore remarquer un plat portant au fond les armes des Médicis et sur le bord des feuillages symétriques en bleu lapis, qui indiquent une influence persane bien évidente.

Parmi une vingtaine de plats ou d'assiettes des diverses fabriques italiennes que contient la collection, nous en avons remarqué très-peu à sujets historiques, et nous louerons la réserve de bon goût qui a engagé M. L. Fould a s'abstenir de ce genre de monuments. Qu'on en possède quelques échantillons, nous le concevons, mais à ceux-ci, quelque bien réussis qu'ils soient, nous préférons les faïences où le simple ornement domine. Nous savons bien que les artistes comme maestro Giorgio, Orazio Fontana ou Xanto, n'avaient qu'un but en décorant les faïences de sujets qui s'étalaient partout sans souci des formes de la pièce : celui de plaire aux yeux par une surface brillante et diversement nuancée. Le peu de soin qu'ils ont de se rapprocher des couleurs de la nature le prouve suffisamment. Mais nous ne pouvons nous empêcher de trouver un défaut dans cette indifférence à faire concorder le sujet avec le fond qui doit le recevoir. Ainsi la collection de M. L. Fould possède deux petits chandeliers dont la tige, portée sur un pied en forme de bouteille basse et pansue est coupée par un large disque. Ces deux pièces, très-rares et très-belles, sont couvertes de sujets qui s'agitent dans des paysages partout répandus. C'est un désordre de pieds, d'arbres, de corps et de ciels qui n'a rien de raisonnable, et auquel nous eussions préféré ces belles arabesques sur fond blanc dont Urbino eut surtout le monopole. M. L. Fould n'a eu garde de négliger les faïences de cette dernière fabrique, et sa collection possède entre autres une tasse à couvercle et deux coupes plates chargées sur leur fond blanc d'une foule de légers caprices où la couleur jaune domine.

FAÏENCES DE BERNARD PALISSY.- La même raison qui nous fait préférer parmi les faïences italiennes celles où une certaine économie à dirigé la décoration, nous fait priser dans celles de Bernard Palissy les compositions où l'illustre potier a introduit quelque symétrie et quelques formes architecturales.

Nous admirons le moulage des reptiles, des poissons, des coquillages et des herbes qu'il a mis au fond de ses plats; nous admirons les émaux

divers dont il les a colorés, mais nous aimons mieux ceux que des mascarons, des cornes d'abondance, des godrons et des palmettes décorent de leurs formes ingénieusement balancées. Il y a dans la collection de M. Fould des pièces de l'un et de l'autre système : trois plats ovales à reptiles dont un à fond bleu d'un émail superbe; deux plats ovales à fond truité, d'où partent des godrons blancs, séparés par un natté bleu qui enferme, vers le bord dentelé, de petits godrons bruns; deux plats ronds, F'un à salières, décoré de cornes d'abondance, l'autre à mascarons et à palmettes.

Enfin des exemplaires de Neptune sur l'Hippocampe et du Joueur de cornemuse complètent l'apport de l'auteur des « rustiques figulines. » VERRERIE DE VENISE. Cet art de la verrerie que l'antiquité poussa à un si haut point de perfection, la Renaissance le réinventa à Venise, pour le poursuivre dans d'autres voies.

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Ici, en effet, nous avons moins à admirer la variété des émaux, que la légèreté et la perfection des pièces. La plus ancienne est un gobelet à pied du xv siècle, sans décor; nous remarquerons ensuite deux grandes fiasques dont la panse porte quelques dessins dorés; un bol bleu lapis décoré d'écailles en pastillage; des verres montés sur un pied formé d'entrelacs; une coupe à couvercle dont la surface rocheuse imite une sorte de craquelé; puis un verre orné de dessins dans le genre arabe appliqués à froid.

Ici se termine cette longue et pourtant rapide revue d'une collection qui renferme encore bien des séries que nous sommes forcés d'omettre pour une foule de causes dont la principale est l'incompétence. Mais l'art oriental nous est complétement fermé, et nous sommes forcé de l'admirer sans en connaître l'histoire. Ainsi les aziministes arabes ont couvert le métal de capricieux dessins, d'une complication prodigieuse et du goût le plus fin; les Chinois ont fondu des bronzes d'une légèreté incomparable; cloisonné des émaux d'une finesse et d'une harmonie inconnue en Europe; modelé, émaillé et glacé des porcelaines qui sont des merveilles ; les Persans ont gravé des salem mystérieux sur des pierres de toute beauté, ils ont même intaillé avec une prestigieuse finesse des sardonyx, comme celui qui est à la fin de ces lignes. Mais nous ignorons, où, quand, et comment toutes ces belles choses ont été fabriquées, et encore une fois, nous admirons sans prétention à la science.

Cependant, nous ne voudrions pas quitter le cabinet et la galerie où nous avons vu et étudié toutes ces belles choses sans rendre hommage à l'architecte qui a tout combiné, dirigé et dessiné dans ce bel hôtel en brique et en pierre de la rue de Berry. La bâtisse, les distributions, les

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