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où il est dit que, ce jour-là, Lescot, par l'intermédiaire de Me Mariau, demanda à être admis, in propria, à la jouissance de son canonicat et de sa prébende, tout en conservant sa barbe. Il la portait, assurait-il, à cause de ses fonctions journalières auprès du roi, et faisait valoir subsidiairement que, pour un service public, il allait être prochainement envoyé à Rome. Il protestait d'ailleurs de son respect pour les statuts obligeant les chanoines à se raser au moins une fois toutes les trois semaines, et prenait l'engagement de ne point se présenter dans l'église, durant les offices, avant de s'être fait couper la barbe, et vêtu autrement que d'habits convenables, à la façon de ses collègues. Cette requête provoqua une discussion assez vive, des opinions entièrement opposées ayant été émises; mais le résultat fut, en somme, favorable au postulant, car le Chapitre décida que, pour cette fois seulement, sans tirer à conséquence, on dérogerait à la règle, et que, le mercredi suivant, Lescot, après avoir prêté le serment accoutumé, serait définitivement installé, ce qui eut lieu'.

Lescot, demeuré un des plus célèbres architectes français, est un des premiers qui aient employé les éléments du style antique purs de tout mélange. Il semble, du reste, avoir très-peu construit, et n'avoir pas beaucoup cherché les occasions de le faire, soit parce que sa fortune l'en dispensait, soit parce que ces fonctions qu'il avait à remplir auprès du roi lui eussent rendu difficile la conduite d'un grand nombre d'édifices. Sa première œuvre connue est le jubé de Saint-Germain-l'Auxerrois, exécuté de 1541 à 1544, et dont la sculpture fut faite par Jean Goujon2. En 1550, il éleva, avec l'aide de celui-ci, la fontaine des Nymphes, dite depuis des Innocents3.

1. Reg. capitulaires de N.-D. Arch. de l'Emp., LL. 252, p. 222 et 223.

2. On le sait authentiquement par plusieurs fragments des comptes de la fabrique, ayant servi de couverture à une collection de journaux, et dont la découverte a été faite par M. le comte Léon de Laborde, à qui l'histoire des arts doit tant d'ailleurs (voir Mémoires et dissertations. Paris, 4852; in-8°, p. 302). Le jubé de Saint-Germainl'Auxerrois a été abattu en 1745, mais quelques-uns de ses bas-reliefs sont conservés au musée du Louvre. Il y en a une courte description dans Piganiol (t. II, p. 494 de l'édition de 4765).

3. La date de sa construction, ou plutôt de sa reconstruction, puisqu'elle était d'origine ancienne, est rapportée par Corrozet. — C'est Piganiol qui désigne Lescot comme l'architecte de la fontaine des Innocents; Sauval et Brice ne nomment que Jean Goujon; mais il faut observer que Brice fait de même à propos du jubé de SaintGermain-l'Auxerrois, quoique la coopération de Lescot à cette œuvre soit incontestable. Tout porte à croire que Lescot et J. Goujon étaient intimement liés et s'appréciaient réciproquement.

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On lui attribue aussi les plans de l'hôtel Carnavalet', et là s'arrête la courte liste des monuments qu'on cite de lui2, en outre du Louvre, sa création capitale, celle à laquelle il a dû surtout sa réputation. Après en avoir dressé et fait agréer les projets, il en fut nommé architecte, le 2 août 1546, et le salaire qu'on lui alloua, à partir de l'année 1550, fut fixé à 100 livres par mois.

Plusieurs fois confirmé dans ses fonctions d'architecte du Louvre, Lescot ne cessa d'en diriger les travaux tant qu'il vécut3, c'est-à-dire jusqu'en 1578. On n'a pas encore indiqué le jour même de sa mort; elle arriva le mercredi 10 septembre, vers quatre heures de l'après-midi. Lescot habitait à ce moment une maison du Cloître-Notre-Dame, qu'il possédait en vertu de son canonicat. Il fut enterré le 12 dans la cathédrale, et, en reconnaissance d'une fondation pieuse qu'il avait faite, on autorisa ses exécuteurs testamentaires à l'inhumer dans la chapelle Saint-Féréol, à la charge néanmoins de décorer cette chapelle d'une manière appropriée à la circonstance".

Pierre Lescot était propriétaire d'une grande maison située au faubourg Saint-Jacques, et qu'on appelait l'hôtel de Clagny; il la donna à son neveu Léon Lescot, qui le remplaça au chapitre Notre-Dame", fut pareillement conseiller et aumônier du roi, ainsi qu'abbé de Clermont. Léon Lescot, reçu conseiller au parlement, le 12 avril 1581, possédait avec un sien frère, Pierre Lescot, seigneur de Lissy, aussi conseiller au parlement, le fief précédemment mentionné du Martroy, dont ils firent

4. On nomme aussi un Du Cerceau ou Jean Bullant comme architecte de cet hôtel. Il est très douteux qu'on sache jamais à quoi s'en tenir à ce sujet, attendu que la maison étant une propriété particulière, on ne peut espérer de retrouver les comptes de sa construction.

2. Félibien (Hist. de Paris, p. 4024) dit vaguement que Lescot éleva des bâtiments à Fontainebleau; mais le fait est fort hypothétique.

3. Ce qui a été exécuté au Louvre par les soins de Lescot, c'est l'aile occidentale, depuis le pavillon de l'Horloge, exclusivement, jusqu'à l'encoignure sud-ouest du quadrangle, et la plus grande partie de l'aile méridionale, depuis cette encoignure jusqu'au pavillon dit du Pont-des-Arts.

4. Archives de l'Emp., reg. LL 265, p. 171.

La chapelle Saint-Ferréol et Saint

Ferrucion est la seconde après la porte Rouge, en allant vers l'abside.

5. Le couvent de Port-Royal y fut établi plus tard, et l'hospice de la Maternité y est

à présent.

6. Arch. de l'Emp., cart. S 4,515.

7. Son nom se voit déjà au bas d'une délibération de deux jours postérieure à la mort de son oncle.

8. François Blanchard, Catalogue des conseillers au Parlement, p. 85 et 97.- Sa réception eut lieu le 25 octobre 1568. Confondu avec son oncle, il a fait dire à plusieurs

tous deux hommage, le 1er mars 1551. Ce fief leur appartenait pour lors, en qualité d'héritiers de leur frère commun, Claude, à qui Pierre Lescot, le conseiller, l'avait cédé, après l'avoir lui-même reçu de leur oncle Pierre Lescot, l'architecte. Or, il est exprimé, dans une transaction du 6 juin 15762, que ce second Pierre Lescot était le « filz aisné et principal héritier de noble homme et saige Mc Léon Lescot, en son vivant sieur dudict Lissy, » qui fut également conseiller au parlement, eut pour femme « noble damoiselle Marie Chevrier, » et était déjà mort en 1557, puisque, dans une reconnaissance du 17 septembre de cette année, Marie Chevrier est énoncée veuve et curatrice de ses enfants. Ce premier Léon Lescot, père des neveux de l'abbé de Clagny, était donc son frère. Il ne l'était point seul, car un Jean Lescot, qualifié seigneur de Lissy, reçu au parlement en 1522 et mort l'an 15451, paraît ne pouvoir être de même qu'un frère de Pierre Lescot, l'artiste. Le vaste hôtel de la rue SaintHonoré, nommé depuis l'hôtel d'Aligre, appartint successivement à l'un et à l'autre. Jean Lescot eut une sœur, Madeleine Lescot, religieuse professe aux Filles-Dieu, pour la « nourriture et entretenement, » de

biographes que celui-ci avait été membre du parlement, ce qui est faux. Pierre Lescot, le conseiller, fut marguillier de Saint-Pierre-aux-Boeufs, en 1584 et 1585, avons-nous lu dans un vieux registre de cette paroisse. Il demeurait rue des Marmousets, dans une maison qui porte maintenant le n° 1, et qui a été formée par le morcellement d'une autre dont nous avons pu suivre l'histoire jusqu'au temps de Louis le Jeune. En 1604, Pierre Lescot demeurait encore en sa maison, qu'il reprit à bail pour neuf ans; en 1613 et 1622, elle était habitée par sa veuve Marie de Foissy, et, en 1639, par leur fils Charles Lescot. Nous avons vu encore dans un ancien registre que Charles Lescot, sei- . gneur de Lissy, le 26 mai 1656, fonda un obit en l'église Saint-Landry, et y fut enterré « dans la cave des Dauvet, ses aïeuls. »

4. Arch. de l'Emp., reg. S 3819, folios 232 et 233.

2. Arch. de l'Emp., cart. S 3412 (titres de l'église Saint-Landry).

3. Ibid.

4. Catalogue, etc., p. 53. Ses armes étaient écartelées, au premier et au quatrième, de sable à une tête de chevreuil, ramée d'or; au deuxième et troisième, d'azur, à trois rocs d'or, à la bordure de gueules. Nous n'avons pu savoir quelles étaient les armes de Pierre Lescot, l'architecte.

5. Sa qualité avérée de seigneur de Lissy nous laisse bien peu de doutes sur ce point. Nous pensons qu'il hérita du fief paternel, dans la suite échu à Léon, et que Pierre eut le fief maternel. D'après le passage de Sauval, cité plus haut, Pierre Lescot, le procureur général de la cour des Aides, aurait eu, en effet, un fils nommé Léon. Les documents des Archives, auxquels nous renvoyons, fournissent des preuves péremptoires que le second Léon Lescot était bien le neveu de Pierre Lescot, l'architecte, et il n'y a là rien d'incertain.

6. Censier de Saint-Germain-l'Auxerrois pour 1531, fo 18 ro, et Inventaire des titres du Chap., t. III, fo 203 ro.

laquelle il donna au monastère onze arpents et demi-quartier de terre, sis au« terrouer de la Villette-Saint-Ladre'. »

Réserves faites en ce qui touche le degré, non absolument établi, de la parenté de Jean Lescot, la généalogie de la famille se traduit ainsi :

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4. Déclaration des biens des Filles-Dieu en 1349. Arch. de l'Emp., cart. S 6,626.

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