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de Jean Jacques. Il y démentait vivement ce propos tenu par M. Olivier Corancez : « Le trou au front était si profond que M. Houdon m'a dit avoir été embarrassé pour <«<en remplir le vide. » Cette circonstance de la cicatrice nous importe peu, car nous sommes loin de vouloir réveiller la triste polémique qu'engagea M. Musset Pathai sur le genre de mort de l'hôte de M. de Girardin. Le moule original, appartenant à Houdon, fut acheté 4,800 fr. en 1822 par M. Gossuin fils1.

Enfin, nous avons trouvé dans le Journal des Artistes et des Amateurs, numéro du 30 septembre 1830, cette note curieuse: « Un ancien élève de David et de l'école poly« technique (sic), M. Gossuin, connu par son désintéressement et son amour pour les << beaux-arts, offre, au premier gouvernement qui abolira la peine de mort, la tête de « J.-J. Rousseau, moulée vingt-quatre heures après sa mort par M. Houdon, et dont il « n'existe aucun autre plâtre. »

Le gouvernement de juillet n'abolit point la peine de mort, mais peut-être M. Gossuin « qui, ajoute le même journal, a rempli de hautes fonctions, et doit rentrer, « dit-on, dans l'administration, » offrit-il cependant à la nation française ce précieux souvenir d'un des hommes qui ont le plus illustré leur patrie adoptive.

VENTE DE TAPISSERIES

On voit assez souvent passer des tapisseries dans les salles de l'hôtel Drouot, mais elles sont souvent en mauvais étať, ou bien elles sont comme égarées au milieu de mobiliers ou splendides ou modestes; et de là des écarts dans les prix qui pourraient égarer le lecteur. Leur valeur varie également suivant les époques et les pays où elles ont été exécutées et les rempiéçages plus ou moins habiles qu'elles ont subis.

Celles dont nous citons quelques prix étaient au nombre de 37, toutes en parfait état de conservation. Elles arrivaient de Versailles, et, comme quelques-unes d'entre elles étaient aux armes de France et de Navarre, il est supposable qu'elles avaient été prises aux magasins du château, pendant la Révolution.

Mercure, Cérès, le Repos de Flore, le Char de Vénus, la Fête, la Danse, de 4,45 de hauteur sur une largeur moyenne de 3 mètres, ont été vendues réunies 3,480 fr.

La Chasse aux sangliers, deux tapisseries de Beauvais, de 3,20 de hauteur sur environ 2 mètres de largeur. 400 fr.

La Fête de village, magnifique tapisserie exécutée aux Gobelins d'après une peinture de Boucher (4739). Les tons étaient devenus, sous la caresse plutôt que sous l'injure du temps, harmonieux et gris comme ceux d'un pastel. D'une étendue considérable, 3, 29 sur 5,40, vierge de toute reprise, elle peut couvrir le pan d'une galerie, à l'égal de bien des peintures de cette époque. Elle a été adjugée pour 5,100 fr. à M. le duc de Trévise.

Une suite des plus curieuses de Chinois, à la mode du XVIIIe siècle, c'est-à-dire avec des moustaches en virgule, des fronts de carton comme les pères nobles du Gymnase, des yeux bridés, des jambes croisées en tailleur, des mains dont l'index est toujours

1. Voir l'intéressant travail publié sur Houdon et ses OEuvres, par MM. Paul Duplessis et Anatole de Montaiglon.

levé vers le ciel, ont obtenu le plus grand succès, bien qu'elles fussent d'une exécution assez lourde. Leur étendue variait de 3,40 de hauteur sur 2,3 et 4 mètres de largeur. Kiosque chinois. 750 fr. L'Astronome chinois. 4,000 fr. 2,050 fr. Le Diner chinois. 1,460 fr.

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L'Empereur de la Chine.

Enfin, deux portières, portant un écusson aux armes de France, soutenu par des génies au milieu de riches ornements; la première, 4,165 fr.; la seconde, brodée d'argent, mais moins bien conservée, 4,050 fr. Elles avaient 2,80 de hauteur sur 2,40 de largeur.

VENTE D'ESTAMPES ANCIENNES

La vente que la Gazette des Beaux-Arts avait annoncée dans son avant-dernier numéro par une note tirée à part, a eu un très-honorable succès, sous la direction de M. Delbergue-Cormont et avec l'expertise de M. Rochoux. On voyait l'épuration intelligente d'un cabinet de haut goût, et les pièces pittoresques s'y mêlaient dans une juste proportion avec les portraits, qui tous étaient fort beaux. Elle a rempli trois vacations. Nous acceptons toutes les remarques de M. Rochoux, qui joignent à l'exactitude des renseignements une tendance à sortir de l'aridité du catalogue banal; nous en avons déjà félicité cet habile expert à l'occasion d'autres ventes.

J.-J. de Boissieu. Le petit Maitre d'école, belle et rare épreuve d'eau-forte pure, avant le second point à la suite du monogramme du graveur. 20 fr.

BOLSWERT. La Vierge en adoration devant l'enfant Jésus couché dans l'étable, belle épreuve du premier état avant que l'adresse de Martin Van den Enden ait été remplacée par celle de Gilles Hendrix. 40 fr.

AB. BOSSE. L'Enfant prodigue, suite de six pièces avec l'adresse de Leblond. 102 fr. Les Quatre Ages de la vie, suite complète également avec l'adresse de Leblond. 62fr.

AUG. CARRACHE. Pan dompté par l'Amour (B. 116). 27 fr.

Albert Durer. La Dame à cheval (B. 82). 32 fr.

Ét. de la Belle. Perspective du Pont Neuf. Cette épreuve d'une pièce fort curieuse était avant le coq sur le clocher de Saint-Germain-l'Auxerrois; mais le papier en avait été doublé; aussi n'a-t-elle atteint que 26 fr.

HELMAN d'après LAWREINCE. Le Roman dangereux. 23 fr.

CHARLES MÉRYON. Le Pont-au-Change, d'après un ancien dessin. Première épreuve avant que le vide de l'étau soit rempli et avant d'autres travaux. 14 fr. Cette pièce curieuse est fort rare, et le cuivre en a été détruit.

FRANCESCO MOLA. La Vierge donnant le sein à l'enfant Jésus (B. 3). 38 fr.

MOREAU LE JEUNE (d'après). Cette suite, des plus intéressantes au point de vue des costumes et des mœurs intimes de l'époque, est rare à rencontrer complète et en bonne condition d'égalité de tirage. Elle embrasse la période de 1777 à 1783; c'est un miroir gracieux, vivant, exact et spirituel de cette société galante, mais déjà demianglaise, qui signale les dernières années de Louis XVI. Les belles épreuves de Gutenberg, de Martini, de Helmann, de Patas, de Malbeste, de Delaunay, etc., ont atteint de 18 à 27 francs. Les petits Parrains, en eau-forte pure par Patas, avant toute lettre, ont été laissés à 11 fr.

P. PRUD'HON. La Famille malheureuse, belle épreuve tirée du journal l'Album, avant les retouches sur la fenêtre. 12 fr. 50. Phrosine et Mélidor, pièce gravée à l'eau-forte Prud'hon lui-même et terminée par Roger. 22 fr. — L'Enlèvement d'Europe, eau-forte par au trait, dans laquelle la tête seule de la nymphe est modelée. 3 fr. 50.

P. PRUD'HON (d'après). Le Premier baiser de l'amour, par Copia, pour la Nouvelle Héloïse, 56 fr. La Soif de l'or, par Roger. 60 fr. —Adresse de V. Merlen, tenant magasin d'orfévreries au palais de l'Égalité, par Roger. 43 fr.

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PORTRAITS. P. DREVET. Le Cardinal Dubois, d'après Rigaud. 44 fr. — Antoine Portail, premier président du parlement de Paris. 31 fr.

NICOLAS ÉDELINCK. Madame de Sévigné, d'après Nanteuil. 200 fr. État extrêmement curieux, peut-être unique, et que nous avions annoncé dans un de nos derniers comptes rendus. M. Rochoux le décrit ainsi : Dans cette épreuve, la couronne qui surmonte l'écusson armorié est une couronne de comte. Les ombres au pointillé, sur la poitrine, sur le visage et sur le front, sont plus légères. L'inscription, sur le bas de la tablette, est ainsi conçue :

Marie de Rabutin Candal,
Marquis de Sévigné.

GOLTZIUS. N. de La Faille, gentilhomme des Pays-Bas, et le portrait de sa femme, 61 fr. THOMAS DE LEU. François Ier, roi de France, 64 fr. Au bas, les vers qui commencent ainsi :

L'Italie craint encor, ô grand Roy! tes allarmes...

Charles de Bourbon, comte de Soissons, 48 fr. Au bas, les vers dont le premier est : La frayeur des mutins est dessoubs cette armure...

NANTEUIL. Jacques Amelot, premier président de la cour des Aides; (R. D. 49) 33 fr. JÉRÔME WYERIX. François de France, duc d'Alençon, frère de Henri III; rare et belle épreuve avant la lettre, 32 fr.

La vente de la collection Fould est commencée déjà depuis quelques jours; mais comme elle doit occuper vingt et une vacations, nous rendrons compte, dans le prochain numéro, de l'ensemble et des détails les plus intéressants.

PH. BURTY.

VENTE D'AUTOGRAPHES

COLLECTION LUCAS DE MONTIGNY1

M. Lucas de Montigny, mort en 1852, à soixante-dix ans, ancien conseiller de préfecture, fils adoptif de Mirabeau, et qui a publié des mémoires intéressants sur ce grand homme et sa famille, a laissé l'une des plus considérables collections d'autographes qui se soient formées jusqu'à présent, quelque chose comme 42,000 pièces, sans compter un grand nombre de portraits ajoutés. Le catalogue, divisé en trois mille

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articles, n'a pas moins de 550 pages. La vente a rempli seize vacations, et produit une somme de 26,000 fr. environ, sur laquelle plus de 8,000 fr. sont pris par moins de 140 pièces. Nous ne citerons que :

-

Connétable de BOURBON, pièce sig. et l'arrêt de

-

fr.

CATHERINE DE MÉDICIS, 36 1. sig., DIANE DE POITIERS, 1. sig. 455 fr.

HENRI III, 1. s. avec P. S. de 14 lig.

HENRI IV, 1. a. 100 fr.

LE

LOUIS XIII, 1. a. s.

LOUIS XIV, note CONDE (le Grand),

CHARLES V, 1. pat. sig., 90 fr. son bannissement, sig. par François Ier. 120 4 aut. sig. et 4 avec lig. aut. sig. 300 fr. MARIE STUART, 1. s. avec 4 mots aut. 220 fr. aut. 290 fr. MAYENNE, billet aut. et 1. a. s. 420 fr. DUC D'ÉPERNON, 2 actes s. et un msc. le concernant. 400 fr. 100 fr. SAINT VINCENT DE PAUL, acte s. et 1. a. s. 149 et 150 fr. aut. sur un projet de peintures pour le salon de Marly. 400 fr. 1. a. s. à Louis XIII. 200 fr. MARIE-ANTOINETTE, quelques lig. aut. et des signatures, avec des pièces la concernant. 100 fr. Madame ÉLISABETH, 2 l. a. s. 435 et 446 fr.- MARIE-LOUISE, 1. a. s. à Madame Mère. 86 fr.- MIRABEAU, msc. aut. (grammaire pour Sophie). 340 fr. CARRIER, 1. a. s. 90 fr. — LAUZUN, constituant, 2 I. a. et 4 a. s. 400 fr. CHARLOTTE CORDAY, ordres d'arrestation contre elle et le député Duperret. 486 fr. Mademoiselle DE SOMBREUIL, 1. a. s. 440 fr. PHILIBERT DELORME, quitt. s. et 3 mots aut. 50 fr. GASSENDI, 1. a. s. 67 fr. Mademoiselle DE SCUDERY, id. 85 fr.

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LA FONTAINE, quitt. a. s. et vers a. s. 63 et 95 fr.
HAMILTON, quitt. a. s. et certificat s. 60 fr.

TALMA, 1. a. s. 90 fr.

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Ce qui reste du prix total à répartir sur les autres pièces montre que, dans cette collection, la qualité n'était pas en rapport avec la quantité: résultat inévitable quand cette quantité est excessive, comme ici.

M. Lucas était, en effet, un autographomane : la plus maigre panse d'a de « quelqu'un tenant à quelque chose » était sûre de trouver une chemise dans ses cartons. Je n'en veux pour exemple que la quittance de madame Jonas, marchande à la toilette, à l'acheteur d'un couvre-pied ayant appartenu à la princesse Marie.

Sa passion fut bien servie par l'occasion. Ainsi, un beau jour, M. le marquis de Vérac, descendant, si j'en crois M. Laverdet, des D'Angennes-Rambouillet, dépouilla pour lui son chartrier, et 150 lettres d'Henri III, 40 de Catherine de Médicis, 20 d'Henri IV, autant de Charles-Emmanuel de Savoie, une de Marie Stuart, quelquesunes de Marie de Médicis et de Louis XIII, beaucoup de ces D'Angennes eux-mêmes, passèrent aux mains de M. Lucas. Bien que documents purement politiques, aujourd'hui éventés, d'ailleurs signés seulement pour la presque totalité, il ne les eût pas changés, j'imagine, même contre le magnifique autographe en pierres de taille, de la main du duc de Beauvillier, et signé Saint-Aignan, que M. de Vérac possède dans la rue du Temple, sous la cote 71.

D'un mérite moins sérieux, mais plus délicat, furent les présents géminés d'un prince de la critique, qui paraît avoir fait de ce cabinet le principal dépôt des missives à lui adressées, intimes ou littéraires. Que ce fût un sonnet sur son mariage; une recommandation pour l'École des jeunes filles, de madame Waldor; un billet de M. DenneBaron, dans lequel l'Ane d'or coudoie l'Ane mort: fricat, comme dit Horace; ou enfin une protestation de madame Sand: « ... En m'attaquant aux journalistes, je n'ai jamais songé à vous» (Mais de parler de vous je n'eus jamais dessein, Perrault), tous ces petits papiers suivaient le même chemin. Aussi, quand le destinataire avait besoin, pour repousser certaines accusations, de quelque lettre « d'un homme reconnaissant »>, on

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voit (no 4,565) qu'il s'empressait de puiser dans cette chancellerie. Heureusement l'utilité des certificats a cessé pour lui avant leur dispersion.

Les fonctions de M. Lucas lui avaient encore attiré quelques jolies pièces, par exemple en faveur de tel appelé de la conscription, élu du génie ou du talent, on le lui écrivait du moins; venait alors la formule invariable: « Les sciences, ou les lettres, ou les arts, perdraient un géant, et le service militaire n'acquerrait qu'un pygmée! » Certes, le conseiller ne mollissait point dans une mission où il n'y a pas de faveur sans victime; mais la collection comptait un numéro de plus.

Enfin, il paraît que les greniers de la cour des comptes, vidés sous la Restauration, avaient cédé, au poids, à M. Lucas la plus grande partie de ces actes privés, contrats de mariage, de vente, testaments, inventaires, quittances, etc., qui faisaient le fond de sa collection. Disséminés aujourd'hui, ces documents iront, en détail, réjouir le cœur des amateurs modestes qui n'ont pas 200 fr. à donner pour posséder Marie Stuart; mais l'homme qui aurait pu et voulu, lorsqu'ils s'éclairaient par leur juxtaposition, en concentrer la lumière, avait là les éléments d'un ouvrage utile, et qui manque; car les vices de la méthode et de la forme annulent presque celui de Monteil.

Vous attendez maintenant, mon cher Directeur, que je tire pied ou aile de ce gros catalogue pour la curiosité de vos abonnés; mais que de chances de ne point piquer de bons morceaux dans cette marmite des Invalides! Passons rapidement sur les dépêches diplomatiques signées HENRI III, dont les secrets sont depuis longtemps percés à jour; œuvre de ses ministres, d'ailleurs, et qu'il ne lisait pas, je présume: s'il y faisait quelque addition de sa main, c'était comme celle-ci : « Je vous prie de reguarder pour mon «<logys que je soye accomodé à Cracovie tant de chambre que autres apartemans et << principallemant de cabinets pour sortir et antrer dans la uille sans que l'on le uoye <«<uous scavez lenuie qua en cella la Royne ma mere jan suis de mesmes mais faictes le << si dextrement qu'ils ne connoissent que se soyt pour cella... » (13 janvier 1574). Notons aussi cette ligne de conduite qui revient partout, au sujet des protestants: << Rassurer ceux qui n'entreprennent rien sur notre autorité : courir sus aux autres et <«<les tailler en pièces. » Voilà qui est d'une belle simplicité. Mentionnons enfin, car on l'a payé 290 fr., le post-scriptum autographe de la lettre du 24 décembre 1588, qui annonce à M. de Pisani, notre envoyé à Rome, l'exécution faite la veille sur le duc de Guise : « Je oubliois à vous dire que je me suis aussi deschargé du feu cardinal de « Guise lequel auoit esté si impudent de dire qu'il ne mourroit point qu'il ne meust << prins la teste pour me raser et faire moine, ce qui mauoit fort touché au cueur, <«<estant led. langage de trop grand mespris. Mais ses instructions et déportements en << autres choses n'estoient moins pernicieuse que de sond. frère comme il en a faict «<assez de preuves... » Ce qui n'avait pas été oublié dans la lettre, c'était que le roi << avoit délibéré de reconnoître les bons offices et l'affection du cardinal Montalto d'une « pièce de la dépouille dudit cardinal de Guise, ce dont vous pourrez lui toucher quelques << mots, si vous voyez que ce soit à propos. » — Venaient ensuite quelques lignes de bonne disposition pour MAYENNE; mais ce dernier, dès le 26, ne connaissant encore que la mort du duc, écrit de Lyon a Rome deux lettres, dont une à l'archevêque de Sens « Je vois bien qu'il faut jouer à quitte et à double... Je vous supplie de le faire

1. Elle a été publiée comme inédite dans la Revue rétrospective, t. III, p. 446; mais nous croyons qu'elle était déjà imprimée dans l'Histoire des cardinaux, par Aubery.

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