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Les jetons des corporations avaient à peu près le même usage. Nous donnons celui de la corporation des poissonniers, ayant pour avers le Christ couronnant la Vierge, assise sur un trône à ses côtés, et pour revers deux poissons.

Ces jetons représentent toujours, d'un côté la figure du saint patron de la corporation, de l'autre les outils de la profession ou les objets du négoce, parfois un ouvrier exerçant son industrie.

Un jeton de corporation chargé de trois épingles sur son revers, et datant au moins du xve siècle, montrerait, à défaut d'autres preuves et contrairement à l'opinion répandue par nous ne savons quel ignorant, et naturellement adoptée par tous les copistes à la suite, que les épingles n'apparurent point, pour la première fois, en France, vers le milieu du XVIe siècle. Ce n'est point ici le lieu d'écrire ce paragraphe de l'histoire du costume, mais nous pouvons saisir cette occasion pour rappeler que les textes abondent, qui montrent l'usage des épingles pendant tout le moyen âge, et que les monuments ne font pas défaut1.

A la suite des jetons viennent une foule de signes monétaires, marqués de tous les types et chargés de tous les emblèmes, dont la destination est encore inconnue. Des croix de toute forme, des fleurs de lis, des étoiles, des rosaces, des lettres, des édifices, des saints, des oiseaux, tout ce que la fantaisie peut imaginer, se trouve sur ces piécettes de plomb. Plusieurs d'entre elles nous ont même étrangement surpris, car elles sont marquées des signes de l'un ou de l'autre sexe, avec des croix au revers. Quelle peut être l'origine de ces monnaies, dignes du Musée secret de Naples? Les savants, qui ne dédaignent aucun problème, n'ont pu encore la découvrir.

Parmi les objets divers que nous avons plus particulièrement remarqués dans les nombreuses séries recueillies par M. A. Forgeais, nous citerons un écu chargé de la croix de Saint-André et un dauphin. L'on suppose que ces pièces ont été, durant la folie de Charles VI, les emblèmes des partisans du duc de Bourgogne et de ceux du Dauphin.

Enfin, nous reproduisons encore un des nombreux encriers de plomb que la Seine a conservés. Celui-ci, chargé d'une fleur de lis, était garni de deux anneaux qui permettaient de l'accrocher à la ceinture. Il a été trouvé au Pont-au-Change, d'où l'aura jeté quelque clerc de la basoche, envoyant à vau-l'eau tous les instruments de procédure. C'est dans un encrier pareil, daté de 1650, que l'Intimé trempait la plume qui gros

4. Consulter: 1o Le Livre des Métiers, d'Étienne Boileau : Statuts des Épingliers; 2o la taille de Paris sous Philippe le Bel; 3" le Glossaire de M. le comte L. de Laborde.

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soyait de si amples exploits. D'autres encriers, également chargés d'écussons, ressemblaient à des édicules percés de fenêtres et surmontés d'un dôme, vrais monuments byzantins, qui servaient à contenir et fixer une bouteille remplie d'encre.

Tous ces petits monuments, dont nous venons d'indiquer les différentes séries, étaient coulés dans des moules en pierre lithographique ou en schiste, dont plusieurs subsistent encore. De nombreux canaux portaient rapidement le métal fondu dans tous les creux du moule, formé de deux pièces. Un ébarbement, exécuté à coups de ciseaux ou de forces, enlevait toutes ces superfluités et donnait à la pièce sa forme définitive.

Deux fort beaux moules du XIVe siècle, représentant, l'un Artheweld combattant, l'autre l'entrée triomphale d'Artheweld dans la ville de Gand, existent, croyons-nous, au Musée de Douai.

La collection réunie par M. A. Forgeais avec tant de patience et de soins, ne renferme point de pièces historiques de cette importance, mais elle ne laisse pas que d'être excessivement précieuse pour l'histoire de l'imagerie populaire au moyen âge et en France. Car si la ville de Paris. peut revendiquer, comme lui appartenant, bon nombre des pièces trouvées dans les bras de la Seine qui baignent la Cité, d'autres appartiennent au Nord et au Midi, à l'Ouest et à l'Est. Ce sont les enseignes de pèlerinage rapportées de Boulogne et de Saint-Maximin, de Saint-Michelde-Trombelaine et de Notre-Dame-de-Liesse. Envisagée donc dans ses multiples rapports avec l'histoire, l'art, l'iconographie et les mœurs, cette collection mériterait d'entrer dans quelque dépôt public. Car, si nous en exceptons quelques pièces belles par elles-mêmes, la plupart des autres n'acquièrent un réel intérêt que par leur réunion même.

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITE

VENTES D'OBJETS D'ART ET DE CURIOSITÉ

La vente de M. Norzy, que nous avions annoncée dans notre dernier numéro, a été l'événement de cette quinzaine et peut-être de la saison. Le possesseur de ce splendide mobilier - car aucun objet n'avait été acheté dans un but de collection, mais seulement pour servir au plaisir des yeux était connu dans le monde de la finance par sa passion pour les belles choses, et dans celui des marchands par les hauts prix qu'il savait y mettre. Il possédait plusieurs curiosités de provenances célèbres, et les amateurs étaient curieux de voir si les prix d'acquisition se maintiendraient. Ils ont tous été dépassés, souvent presque doublés, comme il arrive ordinairement lorsque la vente réunit un certain nombre d'objets de choix.

Nous n'insisterons point sur le côté pittoresque de la vente. Les gens du monde s'y étaient donné rendez-vous, et la foule faisait queue jusque dans le corridor. A chaque enchère considérable, un murmure la parcourait, et elle s'est mis à battre bruyamment des mains lorsqu'une boîte, en vernis Martin, a été adjugé pour le prix exorbitant de 7,020 francs! Elle avait coûté 1,500 francs, l'an dernier, à M. Norzy. Cette vente, dirigée par M. Ch. Pillet, a produit 376,000 fr.

TERRES CUITES DE CLODION. Deux Bacchantes couchées, entièrement nues, couronnées de pampres et de fleurs. L'une tient une coupe et des raisins; l'autre, qui tient également une coupe, a auprès d'elle son petit enfant. Les piédestaux, en bois sculpté et doré, sont dans le style Louis XVI. Long., 39 cent., haut., 30 cent. 12,600 fr. jeunes Bacchantes portant des fruits dans le pli relevé de leur tunique. Haut., 45 cent. 3,750 fr. Ces deux dernières figurines étaient plus probablement de Marin.

Deux

MARBRES. Daphnis et Chloé, groupe signé P. Gayrard, 1847. Haut., 70 cent. 4,860 fr. Jeune fille debout, légèrement drapée, tenant une colombe. Haut., 63 cent. Attribuée à Pigalle. 4,520 fr. Jupiter et Léda, répétition du beau groupe de Feuchères. 430 fr.

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BOIS SCULPTÉ. Sainte Barbe, debout, en riche costume de dame allemande, ayant auprès d'elle la tour qui lui sert d'attribut. Haut., 23 cent. Travail du xvIe siècle. 2,030 fr.

IVOIRE SCULPTÉ. L'Adoration des bergers, bas-relief contenant un grand nombre de figures. Le catalogue prétendait que cette sculpture, due au ciseau de Bouchardon, se trouvait autrefois dans la sacristie de l'église Saint-Pierre à Rome, et qu'il en aurait été soustrait pendant les guerres de la république. 2,503 fr.

BRONZES. Hercule étouffant Antée; école de Jean de Bologne. Haut., 42 cent. 4,505 fr. La Pieta, de Michel-Ange; groupe à cire perdue et d'un seul jet, de fonte légère, sur un piedestal orné de cariatides et de guirlandes de fruits. Haut., 23 cent. 1,450 fr. Il provenait de la collection Daugny.-Laocoon et ses fils, bronze florentin du xvi* siècle, couvert d'une belle patine. Haut., 37 cent. 2,250 fr.

FAÏENCES ITALIENNES. La ville de Florence pleurant ses enfants morts de la peste. 4,551 fr. L'Enfant prodigue, d'après Albert Dürer. 3,880 fr. Nous renverrons le lecteur à la description détaillée que nous avons faite de ces deux admirables échantillons d'un art aujourd'hui perdu, dans le compte rendu de la vente de la collection Rattier1. Ils avaient été payés, l'un 4,500 fr., et l'autre 4,200 fr.

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FAÏENCES FRANÇAISES. Plat ovale, dit à salières; collection Rattier (570 fr.). Diam., 33 sur 24 cent. 580 fr. Plat ovale, offrant au centre une cavité émaillée de vert; collection Rattier (400 fr.). Diam., 32 sur 24 cent. Le reste du plat présente quatre autres cavités de forme circulaire, entourées d'arabesques et d'entrelacs en relief; elles sont alternées par autant de figures de génies ailés tenant divers attributs. 400 fr.

ÉMAUX DE LIMOGES. Plaque à peinture coloriée et à paillons, rehaussée d'or et d'émaux transparents imitant des pierreries, représentant la Flagellation du Christ, signée Johan. P. E. Nicault. Haut., 23 cent., larg., 19 cent. 3,420 fr. Autre plaque à peintures et à paillons, représentant le Couronnement d'épines, du même maître. 2,610 fr. Ces deux magnifiques émaux, qui provenaient des collections Didier, Petit et Daugny, ont été décrits par M. de Laborde dans sa savante Notice sur les émaux, page 445. — Triptyque de forme rectangulaire; la peinture du centre représente le Calvaire; le volet de gauche, le Portement de croix; celui de droite, la Descente de croix. Ils sont également décrits dans la notice que nous venons de citer, à la page 147. Haut., 35 cent., larg., 72 cent. 12,000 fr.

VERRERIE DE VENISE. Grande aiguière du xvr siècle, à ouverture en trèfle, à filigranes entrecroisés. Haut., 30 cent. 365 fr. C'était une pièce d'une rare élégance.

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PORCELAINES D'ANCIEN SÈVRES. Grande tasse à deux anses et à couvercle, avec sa soucoupe, en porcelaine de Sèvres, pâte tendre, ancien décor, fond vert à cartouches de fleurs. 1,030 fr. Tasse et sa soucoupe, fond bleu turquoise, à médaillons d'oiseaux, avec plateau carré à galeries découpées à jour, fond également bleu turquoise. 4,040 fr. PORCELAINES DE SAXE. Grande théière en porcelaine, décorée de fleurs avec médaillons à sujets, richement ornée de guirlandes de fleurs en cuivre doré, d'un travail délicatement repoussé. Le support, de forme triangulaire, est également décoré de branches de fleurs en cuivre doré. 350 fr. Groupe de quatre figures en porcelaine de Saxe, ancienne qualité, représentant un Mariage sous les auspices de l'Amour. 285 fr. Il y a vingt ans, ce même groupe se serait vendu 25 francs.

PORCELAINES DIVERSES. Vase de forme aplatie, en porcelaine de Chine, décoré de sujets de combats et de scènes de la vie privée, avec entourage à treillis or et rouge. Haut., 45 cent. 910 fr. La monture à console et guirlandes était en bronze de couleur. Deux Vases en porcelaine tendre bleu de roi, décorés d'émaux transparents imitant des pierres fines; la panse du vase est ornée de sujets mythologiques; monture à deux

1. Gazette des Beaux-Arts, t. II, p. 51.

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