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« C'est avec un véritable plaisir, vous disais-je alors, que j'ai reçu votre lettre du 26 novembre et que j'y ai lu votre adhésion aux petites découvertes que je vous soumettais. Il en est une cependant pour laquelle vous n'avez pas adopté mon interprétation: c'est ma leçon de la médaille de François Ier, et, loin de le trouver mauvais, ce qui vous autoriserait à m'accuser d'outrecuidance, je vous remercie, au contraire, pour les objections que vous m'avez opposées. Elles sont sérieuses, et c'est pour cela surtout que je vous rends grâce..... Cependant, je veux essayer de rompre encore une lance contre elles et de défendre ce que j'ai avancé.

I

>> Vous me dites que l'interprétation donnée au sigle D par M. Lenormant est conforme aux idées du temps, et vous me renvoyez, à l'appui de son opinion, à Du Cange et au Traité de Jean Filosac 2. Eh bien ! je viens de consulter ces deux auteurs, et, dans le peu de mots de Du Cange, je ne puis voir qu'une chose : c'est que la flatterie est de tous les temps, et qu'à cette époque elle était poussée jusqu'à l'hyperbole. Il y a toujours eu des baillis, comme celui du Nouveau seigneur du village, disposés à entonner le fa

meux

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Ainsi qu'Alexandre-le-Grand,

A son entrée à Babylone, etc.

Mais, des paroles aux actions, il y a loin; et, ce qu'on osait dire, on n'aurait pas eu la hardiesse de le graver. Verba volant. On allait bien jusqu'à représenter, sur une médaille, le souverain sous les traits d'une divinité quelconque, d'Hercule, par exemple, dont les travaux prêtaient

(1) V. DIVVS.

(2) De idolatria politica et legitimo principis cvltv commentarivs. Paris, Macé, 1615.

à mille allusions; mais, de là à le traiter de divus, il y a encore une certaine distance, et du reste on sait que les anciens ne décernaient cet honneur qu'après la mort.

Quant à Filosac, c'est autre chose : il n'a mis en question que les empereurs d'Orient, et il constate qu'ils recevaient ou se décernaient eux-mêmes les titres les plus pompeux : Nostrum divinum præceptum, nostram divinitatem, nostrum numen, cœleste oraculum, sacrum oraculum, divinum verbum, codicem divini numinis Justiniani, etc., etc. Mais, encore une fois, il ne s'agit ici que des souverains orientaux et antiques, dont les descendants n'ont, certes, point dégénéré de nos jours. Du reste, tout cet encens se brûlait dans un discours et ne fut jamais converti en belle et bonne réalité par la gravure d'une médaille.

» Du Cange dit que nos rois ont l'oreille agréablement chatouillée de toutes ces appellations qu'on leur donne, malgré leur foi catholique.

» Cela est possible, et je n'en doute pas le moins du monde; mais aucun monument métallique ou numismatique ne vient à l'appui de l'opinion de M. Lenormant, et je n'en trouve pas d'exemple dans le Trésor de numismatique et de glyptique. J'y découvre, au contraire, une autre médaille1 que Romans fit frapper dans la même circonstance en l'honneur du Dauphin, et qui porte la légende: FRAN DELPH· BRITANNIÆ DVCI. Si les Romanais ont placé sur cette pièce le titre de Dauphin, ils ont voulu donner sur celle de François Ier, outre son titre de Roi, une marque de plus de leur sujétion, et l'ont appelé Notre Maître, remplaçant par Domino le Regi primitif gravé avec trop de précipitation; ce qui, du reste, changeait un sigle malheureux sans atténuer le sens qu'ils voulaient conserver à leur dédicace.

(1) V. le N.° II décrit plus loin.

TOME VIII.

1874.

15

» Je vois enfin, dans le même ouvrage, cette autre médaille contemporaine, sur laquelle j'ose appeler toute votre attention. Elle est d'Henri II et de François Ier, qui, après s'être vu décerner de son vivant le titre de divus, aurait bien déchu dans l'esprit de ses sujets en ne recevant plus que la qualification de functus :

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FRANCISCVS Dei · GRAtia · FRANCORVM REX Functus · (Functus, suivant M. Lenormant).

Revers. HENRICVS II Dei Gratia · FRANcorum · Rex · Adveniens · (Adveniens, suivant le même auteur).

>> Faites vous-même le rapprochement.

Il existe, en outre, beaucoup d'autres médailles offertes en présent par les villes que traversait François Ier, et aucune d'elles ne lui donne le titre de DIVO.

>> Je crois donc toujours, Monsieur, et plus fermement que jamais, que la leçon de M. Lenormant doit être repoussée. Mainte anecdote est populaire dans le monde des numismates, qui prouve que la parole du plus illustre n'est pas toujours parole d'évangile et ne doit être acceptée que sous bénéfice d'inventaire. >>

Telles sont, Monsieur, les raisons que j'alléguais pour la défense de mon interprétation du sigle D, et j'appris avec le plus vif contentement qu'elles vous avaient convaincu; mais, vous en conviendrez, voilà une lettre de l'alphabet qui, à l'insu de son auteur, a donné lieu à de bien savantes élucubrations. Encore, si je n'avais pas trouvé mieux et moins long à vous dire!... Jugez-en par cet argument sans réplique, découvert à la dernière heure.

Dans un écrit datant de 1858, M. Alfred de Terrebasse a publié1 une notice sur l'Épitaphe du cœur de François,

(1) Revue du Lyonnais, 1858, t. XVI, p. 208, et p. 1 du tirage à part.

dauphin, placée jadis, dans l'église de Saint-Maurice de Vienne, sur le caveau qui reçélait la dépouille du malheureux fils de François Ier. Voici cette épitaphe, quelque peu recherchée, que je reproduis ici sans commentaire et qui clôt la discussion.

DEO OPTIMO MAXIMO SACRUM.

CORPUS ABEST, COR TANTUM HIC EST PARS MAXIMA NOSTRI PRINCIPIS, IN COELO CORPORIS UMBRA MANET.

DOMINO FRANCISCO, DOMINI FRANCISCI PRIMI GALLIARUM REGIS AUGUSTISSIMI, PRIMOGENITO, DELPHINO VIENNENSI, BRITANNIAE DUCI, VIENNENSES MOESTISSIMI POSUERE, V IDUS JULII MDXXXXVIII.

MEMORIAE ET AETERNITATI.

Voyez également les deux notes de la p. 218.

Il me reste, Monsieur, à appeler votre attention sur le petit cartouche ou écusson de la Renaissance que je vous ai signalé plus haut, dans la description de cette médaille, et dont je vous ai entretenu dans une lettre précédente. Je regrette vivement que vous n'ayez pas placé dans votre article les arguments que je vous adressais alors, en réponse à vos doutes sur l'origine de cette pièce, et qui complètent si heureusement, - pardonnez-moi l'emploi de ce mot, ce que j'ai à en dire, en y ajoutant le sceau consécrateur de son attribution à la ville de Romans. Ce petit écusson, en effet, très-fruste sur l'exemplaire de Paris comme sur le vôtre, quoiqu'un peu moins sur ce dernier, laisse néanmoins deviner les armes de la cité qui l'a fait frapper, une porte de ville ouverte, en forme de tour carrée, flanquée de 2 guérites pavillonnées et girouettées, et un grand R couronné posé dans l'ouverture de la porte, telles en un mot que vous les avez décrites et figurées en tête de votre savant travail sur le Mystère des trois Doms 1.

(1) P. 119.

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A la loupe, il est facile de distinguer les traces de ces emblèmes, et si les trois directeurs du Trésor de numismatique, ou, — pour parler plus exactement, puisqu'un seul d'entre eux était réellement numismate, si M. Lenormant ne pouvait les lire sur l'exemplaire du cabinet de France, il aurait dû les deviner, en confrontant l'écusson qui les contient avec celui de la médaille du dauphin François, dont il avait sous les yeux l'unique exemplaire connu, et qui est assez bien conservé pour qu'on puisse reconnaître, et cela sans aucune hésitation et avec la plus grande certitude, qu'il renferme en réalité les armoiries de Romans : les guérites pavillonnées y sont parfaitement appréciables à l'œil nu et le R couronné apparaît en partie.

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: FRANcisco: DELPHino: BRITANNIÆ: DVCI: (4 François, dauphin, duc de Bretagne).

Écusson écartelé contre-écartelé aux et 4 de France

et Dauphiné, aux 2 et 3 de France et Bretagne, et sommé d'une large couronne ouverte et ornée de six fleurs de lis.

+: RHOM... ISSORVM :

XEENIOLVM : 1533 :

(Petit cadeau ou humble hommage des Romanais). Dauphin en pal à gauche, sommé d'une fleur de lis; le tout dans un entourage de 32 lobes réunis alternativement par une fleur de lis et un fleuron. Au bas, le même petit écusson que sur le N.° I.

Cab. de F. (AR.)

Diam.: 45 mil. Épais. : 1 mil. Poids: 18 gr. 720.

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