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le crime attaché au fchifme & à l'héréfie.

La difcipline & les lois Eccléfiaftiques n'ont pas été moins attaquées que le dogme & la morale; il a donc fallu juftifier de nouveau la hiérarchie, l'autorité du Clergé, fes poffeffions, le célibat Eccléfiaftique & Religieux, l'Etat Monaftique: on en trouve l'apologie au Chap. IX.

Pour ce qui eft des effets civils & politiques du Chriftianifme; l'Auteur les expofe dans le Chap. X; il fait le parallèle entre les peuples Infidèles & les nations Chrétiennes, montre que cette religion. produit les mêmes effets fur les mœurs dans tous les climats, les compare à ceux du Mahométifme, met fous les yeux du Lecteur la naiffance, les progrès, les fuites funeftes de cette fauffe religion, le bien qu'ont produit au contraire les nouvelles miffions dans toutes les parties du monde. C'eft le Chriftianisme qui, malgré l'invafion des barbares, a confervé en Europe les Sciences & les Arts; c'est lui qui, malgré les clameurs des Incrédules, contribue plus que toute autre cause au bonheur général de la fociété.

L'Ouvrage eft terminé par une récapitulation des preuves générales & particulières de notre religion, & fuivi d'une table des matières. Le Public rendra fans doute juftice au mérite de ce Traité; l'eftime qu'il a montrée pour les autres Ouvrages de l'Auteur, femble garantir le fuccès de celui-ci : il est plus mé

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dité & plus travaillé que les précédens, mais il ne les rend pas inutiles. On ne fera pas furpris du nombre des Volumes, quand on confidérera l'immensité d'objets qui s'y trou vent renfermés.

NADIR, ou Thamas - Kouli- Kan, Tragédie, par M. D. B. A Paris, chez Alexandre Jombert jeune, Libraire, rue Dauphine, près du Pont-neuf.

UN Ecrivain qui eft entré dans la carrière de la critique, animé par le defir d'être utile, doit fans doute tout voir & tout juger avec une franchise & une févé. rité inébranlables; mais il nous femble qu'on peut diftinguer des nuances dans la dernière de ces qualités. Si l'Auteur, qui a déjà mis plufieurs Ouvrages au jour, a négligédes inftruire par fes fuccès & plus encore par fes erreurs s'il a dédaigné d'enrichir fon talent des avis & des obfervations, qu'on a pu lui adreffer; fi, coupable d'abord de fautes que fa jeuneffe ou fon inexpérience ont rendues excufables, il en commet enfuite d'auffi graves; enfin, fi les applaudiffemens qu'il a reçus, les fuffrages dont on l'a honoré, lui ont acquis un commencement de réputation qu'il n'ait pas foutenu, foit par une incapacité réelle, foit par une négligence d'autant plus blâmable, qu'elle ne peut être que le réfultat d'un amour-propre exceffif; certainement le temps de l'indulgence eft

paffe; un Auteur alors n'y a plus de droits; il faut qu'il foit jugé avec l'exactitude la plus rigoureuse. C'est le même principe qui doit encore guider dans la recherche des fautes commifes par les Ecrivains qui jouiffent d'une réputation méritée, parce qu'il eft à craindre que les jeunes gens qui les prennent pour modèles, éblouis par l'éclat de leur renommée, n'adoptent indiftinctement toutes leurs idées, & ne tombent dans des erreurs dont un goût très-exercé peut feul donner la connoiffance. Mais l'homme qui débute, l'homme qui n'a pas encore appris à fes dépens combien il eft facile d'errer dans la carrière dramatique, qui entreprend pour la première fois de mettre une action fur la Scène, de faire contrafter les caractères & les paffions, d'en peindre les nuances, fi difficiles à faifir dans le dédale du cœur humain, d'établir un intérêt, de le filer, de le foutenir jufqu'à la fin; cet homme doitil être jugé comme les autres? Nous ne le croyons pas. C'eft la médiocrité incurable qu'on doit effrayer; mais on doit encourager le débutant qui donne des efpérances, relever fes erreurs pour fon inftruction, & faire valoir fes beautés pour fa gloire. Tel eft & tel fera toujours notre fyftême de critique: il pourra ne pas être adopté par tout le monde; mais, à coup sûr, il doit plaire aux gens fages, aux véritables amis des Arts; & peu nous importe l'approbation de ces juges intéreffés qui compofent nos petits fénats

littéraires, gens qui fe refervent exclufivement le droit de prononcer, & d'ailleurs

Qui ne peuvent fouffrir qu'on blâme ni qu'on loue.

L'analyfe exacte que nous avons donnée de Nadir, dans le N°. 38 de ce Journal, nous dispense de revenir fur cet objet, nous y renvoyons nos Lecteurs. Nous y avons reproché à l'Auteur de n'avoir pas toujours obfervé le coftume des mœurs Orientales; des réminifcences; enfin de s'être livré trop fouvent à une facilité dangereufe. Nous allons examiner fur quoi nous avons fondé ces reproches.

L'action fe paffe à Ifpahan & dans le Sérail; car Axiane dit à Nadir, à la feconde Scène du premier Acte,

Souffrer, qu'en ce Sérail achevant mes destins,
Je dérobe ntes fleurs au refte des humains.

Pourquoi ce Sérail est-il ouvert à tout le monde? Comment y conjure-t'on tout haut contre Nadir, contre le plus ombrageux de tous les Tyrans? Comment y conduit-on Mirza fans que fon père en foit informé ? Pourquoi tout le monde y agit-il avec auffi peu de précaution que l'on n'avoit rien à redouter de Thamas? L'or d'Ali a tour féduit à la bonne heure; mais eft ce une raifon pour ne plus fe conformer aux ufages rigoureux du Sérail? N'eft-il pas au contraire plus naturel de cacher fes deffeins, & de

chercher

chercher à tromper l'ufurpateur par une foumillion plus exacte aux lois qu'on a coutume d'obferver autour de lui? Nadir va fuccomber, l'inftant de fa chûte approche; oui, mais un foupçon, un regard fuffifent pour l'éclairer, pour perdre fans reffource Axiane, Ali, tous les Conjurés. M. de Voltaire's'eft permis la même liberté dans Zaïre, nous én convenons; mais c'est une faute, & ce n'eft pas dans fes erreurs qu'il faut imiter un grand Homme.

Ali affemble fes Complices au troisième Acte, en présence de Mirza; fon intention eft de féduire le jeune Prince par le ferment qu'il va leur faire prononcer de prendre fa défense, de le venger de fon bourreau l'éloquence filiale de' Mirza entraîne tous les efprits, les arrache au deffein d'Ali. Quoi! leur dit ce Chef,

Quoi! vous m'abandonnez, ames pufillanimes! Songez-donc ce qu'on rifque à commencer des crimes.

Et prefqu'au même instant ce même Ali veut bien excufer leur foibleffe; il fait plus, c'est encore avec eux qu'il fe lie pour venir affaffiner Nadir au cinquième Acte. Il en eft abandonné une feconde fois; il devient la feule victime de la colère du Tyran, & certainement il mérite fon fort, non-feulement pour avoir projeté un crime, mais encore pour l'avoir projeté avec tant de légèreté & d'imprudence. L'homme, accoutumé à géSamedi 18 Novembre 1780.

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