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fes fecrets. Lélio favoit donc quand & comment fon ami alloit voir fa belle Rofine. Or, un foir qu'il les favoit tous deux enfermés, il courut auffitôt chez les parens de la jeune fille, leur dit qu'elle étoit enfermée feule avec Ubaldi, & leur confeilla d'aller bien vite les furprendre, & d'obliger s'il le falloit par la force, le jeune homme, à réparer leur honheur. La famille ne perdit pas un moment. On courut vîte au rendezvous, où l'on furprit en effet les deux amans. Les parens étoient venus armés; & ils présentèrent à Ubaldi le choix de la mort ou du mariage. Quelque effrayant que parût le mariage aux yeux d'Ubaldi, mourir lui fembla pis encore. Il n'épargna pourtant rien pour éluder; car depuis peu de jours il étoit tout-à-fait décidé à ne pas époufer Rofine. Mais voyant qu'on ne vouloit pas entendre raifon, il fut forcé de dire oui; & auffitôt un Notaire, qui étoit à la porte, entra pour prendre fa fignature, qu'il donna quoiqu'en rechignant. Alors les parens qui vouloient le tuer, lui firent beaucoup de careffes; & il fe retira tout confus & marié.

Il rencontra chemin faifant Lélio, qui lui demanda d'où il venoit. Ubaldi lui raconta comme il venoit d'époufer malgré lui Rofine; & Lélio de lui dire, avec beaucoup de fang-froid, je le favois. Embraffe-moi, continua-t'il; c'eft moi qui t'ai marić. Ubaldi demeuroit muet de furprise, quand Lélio, après lui avoir rendu compte en peu

de mots de fa démarche, ajouta d'un ton affectueux: eh! quoi, injufte ami, tu me prenois donc pour un coeur ingrat? Après le fervice que tu m'as rendu auprès d'Orette, penfois-tu que je ferois en reste avec toi auprès de Rofine? Mais tu dois avouer que ma reconnoiffance a été plus loin que le bienfait. Tu n'as fait que me tranquillifer fur le cœur de ma maîtreffe; & moi, je viens de t'affurer la poffeffion de la tienne; car Kofine eft à toi déformais, & l'on ne peut plus te la difputer.

Ubaldi ne répondit rien. Il garda fa femme, & renonça à fe charger des maîtreffes de fes amis.

Explication de l'Énigme & du Logogryphe du Mercure précédent.

LE mot de l'énigme eft Miroir; celui du Logogryphe eft Rideau, où se trouvent Dieu, air, eau, ré, aide, ire, Dey, ride, rade, rue, Dru & dur.

ÉNIGM E.

CHOSE étrange! l'on fait mon nom,

On me nomme, & chacun me craint plus qu'il ne m'aime.

Cependant je fuis un problême ;
On ne fait fi j'existe ou non.

Auprès d'un tapis vert un joueur trifte & blême
Avoue, en enrageant, qu'il me connoît trop bien
Le Buveur fouvent dit de même ;

Mais furvient un Savant qui détruit leur systême,
En prouvant que je ne fuis rien.

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(Par M. Richard, Avocat, à Preuilly,. en Touraine.)

LOGO GRYPH E.

COMME au fein des déferts, dans les palais des Rois,,

Où l'art, jaloux de la Nature,
La force d'étaler fa plus riche parure,
Je fers d'ornement quelquefois.
J'eus des Divinités, fi l'on en croit la Fable.
Cru riche, à l'indigent prodiguant mes faveurs,
On me voit fouvent à leur table,
Et de l'hiver enfin je brave les rigueurs..

Lecteur, veux-tu mieux me connoître ?
Défunis les huit pieds qui compofent mon être ;
Tu trouveras un Saint par fes Écrits fameux;

Ce

que

l'on aime à voir en un mauvais ouvrage; Un mot commun en familier langage;

Un terme de mépris fouvent injurieux ;
Une Nymphe qu'aima le maître du tonnerre ;
Une femme célèbre; une négation;

Ce d'où fortit le monde à sa création;.
Du chêne un produit néceffaire ;
Le plus petit humain qui foit fur l'horison ;

Une Divinité de la Mythologie;

Ce que tu vois fur ta maison;
Un infecte méchant dont on craint la furie,

Par M. de Louvencourt, Officier au troisième
Régiment des Chevaux-Légers.)

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

De l'état & du fort des Colonies des Anciens Peuples. 1 vol. in-8°. A Philadelphie ; & à Paris, chez les Libraires qui vendent des Nouveautés.

UELQUES Savans, tels que Bodin, Henri de Valois & Spanheim, ont écrit fur les Colonies anciennes, mais d'une manière très-fuperficielle. M. de Bougainville, marchant fur leurs traces, n'a été ni plus exact dans fes recherches, ni plus heureux dans les conféquences qu'il en a tirées. Un Auteur Anglois, zélé partifan de la conduite de fa nation envers les Colonies Américaines, a traité depuis peu le même fujet; mais, en voulant l'adapter aux circonftances actuelles, cet Ecrivain n'a vu, dans l'Hiftoire de la fondation des Colonies des anciennes Républiques, que les chofes favorables à fon fyftême. Peu jaloux des intérêts de la vérité, il paroit n'avoir eu d'autre but que celui

de juftifier, par des exemples, le defpotifme de la Grande-Bretagne.

Guidé par d'autres principes, l'Auteur de l'Ouvrage que nous annonçons, entreprend de faire connoître l'origine des anciennes Colonies, les motifs qui les ont fait établir, les révolutions qu'elles ont éprouvées par l'avarice ou l'ambition de leurs métropoles; leurs conftitutions particulières, & les liaifons politiques qu'elles avoient entre-elles & avec ces dernières. Il examine le droit public des peuples de la Grèce, mal connu jufqu'à préfent, & leurs confédérations, dont on avoit des idées fauffes ou peu juftes; il s'attache fur-tout à développer la nature des Gouvernemens de Carthage & d'Athènes, à caufe de leur influence fur l'état & le fort des anciennes Colonies. L'Ouvrage eft terminé par des réflexions qui tendent à fixer les différences & les reffemblances entre les principes & la con duite des anciens & des modernes fur cer important objet.

Il paroît que l'établiffement de la plupart des anciennes Colonies eut pour caufe l'avarice, la cruauté, la fuperftition des Gouvernemens. Telle fut l'origine de la Colonie fondée par Didon, pour se dérober aux excès d'un époux avare & cruel. Telle fut auffi l'origine d'une invafion d'Egyptiens dans la Grèce aveuglé, abruti par des Prêtres, Aménophis chaffe de fon Empire tous ceux qui refufent de s'affujétir aux pratiques

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