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l'Automne le Tombeau, la Promenade Champêtre. On en peut juger par le commencement du Verger.

"Que d'autres decrivent en vers pompeux les fuperbes jardins des Rois, & les magnifiques ftatues qui donnent la vie aux bofquets filentieux, & ces ondes obéiifantes qui, preffées dans de longs canaux, s'elan-` cent dans les airs en gerbes de diamans, & retombent en perles brillantes dans le large baflin qui les reçoit. Pour moi, qui vis dans les retraites obfcures, & ne vois que de loin, les palais des Frinces, je n'ambitionne point la gloire de fufpendre à leurs lambris dorés mes fimples guirlandes. Content de peindre la Nature & d'exprimer naïvement les ientimens de mon cœur, je vais parcourir l'humble Verger où j'ai paffé les jours du premier âge. Que j'y rentre avec delices! que j'ai de plaifir encore à m'y promener ! & qu'après une longue abfence on revoit avec volupté le doux théâtre des jeux de ́ fon enfance ! »

On ne peut imiter plus heureufement lat profe poétique de l'Auteur du Télémaque ; mais il faut convenir que malgré le charme de cette profe, on defire la mefure des vers Il peut y avoir fans doute des vers fans poéfie;• mais il n'y aura jamais de poéfie fans vers. La profe dégrade la poésie.

Hy

SPECTACLES.

ACADEMIE ROYALE DE MUSIQUE.

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E SORT de tous les Ouvrages qui ont des beautés réelles, des beautés faites pour frapper tous les efprits, eft de reparoître fous les yeux du Public toujours avec un fuccès nouveau: la remife d'Alcefte en eft une preuve. On connoît les défauts du Poëme; fi les deux premiers actes offrent des fituations attendrillantes, on fait que le troisième eft long, froid, & dénué même de la vraifemblance dont on a befoin fur la fcène lyrique. L'arrivée inopinée d'Hercule au troisième acte; la patience incroyable des Dieux infernaux qui attendent que les deux époux aient achevé leur combat de tendreffe, pour entraîner aux enfers la victime qui s'eft dévouée pour Admète; la victoire rapide d'Alcide; tous ces objets font condannables aux yeux du goût, & pour leur invraifemblance, & parce qu'ils nuifent à l'intérêt; mais dans ces fituations mêrne, l'homme de génie qui a créé la Mufique de cet Opéra, fait attacher par la force & la variété de fes accens. Le Monologue d'Alcefte eft d'une expreffion auffi fublime qu'attachante; on ne peut lui reprocher que de la longueur ;

&par-tout où le Poëme, dans les deux actes précédens, offre de la vie & de l'action, le Muficien ne laiffe rien à defirer. Le jeu de Mademoiselle le Vaffeur donne beaucoup de prix aux représentations de cet Ouvrage, le rôle d'Alcefte eft un de ceux dont la conception lui fait le plus d'honneur, & cette reprise lui a mérité de nouveux applaudiffemens.

On a encouragé M. Chéron dans le rôle du Grand-Prêtre; il l'a mérité. Ce jeune fajet nous paroît intéreffant; on voit qu'il cherche à animer fon jeu. Ce defir lui fait quelquefois paffer les bornes, comme on peut le lui reprocher dans le perfonnage dont nous parlons. Il y avoit moins l'air d'un inspiré, inftruit du fort d'Alcefte par le pouvoir des Dieux, que d'un homme qui pourfuit une vengeance particulière, & qui infulte à fa victime. Nous avons cru devoir répéter cette obfervation qui lui a déjà été adreffee, parce qu'elle eft trop vraie pour que les Connoiffeurs n'en aient pas été frappés, & pour que M. Chéron n'y faffe pas l'attention la plus férieufe. Au refte, on ne peut que lui promettre des fuccès, s'il continue de travailler avec la même ardeur.

Il y a quelques mois que nous avons donné à M. Lainez de grands éloges dans le rôle d'Admète. Nous fommes fâchés d'être obligés de lui dire qu'il ne nous a pas fait à cette remife le même plaifir qu'au temps dont nous voulons parler. Au fentiment

profond de douleur dont il étoit alors pénětré, à l'expreffion intéreflante qu'il em ployoit pour émouvoir le cœur, il a fubftitué des cris, des éclats, des mouvemens exagérés & prefque convulfifs. Nous nous hâtons de l'en avertir, de l'inviter à reprendre fans délai les moyens qui lui ont mérité nos éloges, & concilié les fuffrages de tous les gens de goût. S'il doutoit de la vé rité que nous lui prefentons, nous le prions de fe rappeler le fuccès que lui donna le jeu dont nous lui reprochons l'oubli & de le rapprocher de l'effet qu'il produit aujourd'hui: ou nous nous trompons fort, ou cette feule comparaifon fuffira pour le

convaincre.

Nous parlerons des débuts de M. Dubois dans la prochaine Feuille, & nous rendrons compte de Jeannot & Colin quand nous aurons vu les petits changemens que l'Auteur y a faits depuis la première repréfen

tation.

SÉANCE de l'Academie Royale des Sciences. ·

L'ACAD

ÉMIE Royale des Sciences a tenu fa Séance de rentrée le 16 de ce mois. On a obfervé que chaque année le nombre de ceux qui affiftent aux Séances de cette Académie, devient plus confidérable. Eft-ce une preuve du progrès des Sciences

Cela prouve du moins qu'on apprend à connoître le prix des connoiffances.

M. de la Lande a lu un Mémoire fur la diminu tion de l'obliquité de l'Ecliptique. En comparant fes obfervations avec celles des Aftronomes qui l'ont précédé, il trouva que l'obliquité devoit être de 33 fecondes par fiècle. Les Aftronomes ont propofé à ce fujet différentes hypothefes; M. de la Lande les réfuta; il reconnut les attractions de Jupiter & de Vénus pour caufes de la diminution de l'obliquité; mais il fit voir autfi que la denfité de Vénus n'eft que la moitié de celle de la Terre. C'eft par cette théorie que M. de la Lande a expliqué la diminution de quatre fecondes dans la durée de l'année depuis 2000 ans. Il a déterminé plus exactement qu'on ne l'avoit fait encore, la durée de la grande année Platonique. M. de la Lande a rappelé avec éloge, à la fin de fon Mémoire, l'Ouvrage de M. Dupuis, qui a expliqué toute la Mythologie Grecque, par les changemens que le mouvement en longitude des étoiles caufe dans les fignes qui répondent aux différentes faifons de l'année: on favoit bien que la Mythologie Grecque étoit très-ingénieufe & trèspoëtique, on ne favoit pas encore qu'elle fût fi favante beaucoup de gens même fe plaifoient à croire que ces Fables, pleines d'imagination & de grâces, étoient l'ouvrage de l'ignorance: peutêtre que l'ignorance ne donne pas autant d'imagination qu'on paroît le croire. M. l'Abbé Rochon a fu un Mémoire fur un nouvel Inftrument de fon invention, dont l'objet eft de' déterminer avec une extrême précision les plus petites variations dans le ciel. L'Inftrument eft formé par deux miroirs fixes & une mire très éloignée. M. l'Abbé Rochon préfère pour cet Inftrument le crystal d'Islande, à caufe de fa double réfraction. Cette fingulière propriété du cryftal d'Iflande appar

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