Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

tient au cryftal de roche & à plufieurs autres corps, M. l'Abbé Rochon en a recherché les caufes, & il a trouvé qu'en joignant au feu plufieurs lames de verre différemment réfrangibles, après les avoir pla cées les unes fur les autres, on formoit un cryftal artificiel qui produifoit les mêmes effets que le cryftal d'Iflande.

M. de Vandermonde a lu la fuite de fon nouveau fyftême de Mufique, expliqué dans le Journal des Savans, fecond volume de Décembre 1778.

M. Meffier a annoncé une nouvelle Comète qu'il a apperçue le 27 d'Octobre, vers la queue du lion, & qui eft déjà avancée de plufieurs degrés vers le Nord. Cette Comète eft très-petite; on la voit cependant fans lunette. M. Mcffier a annoncé qu'elle étoit différente d'une Comète découverte à Limoges le 18 Octobre, par M. Montaigne, Correfpondant de l'Académie.

M. Cornet a fini la Séance par un Mémoire fur le Phofphore. Ce Chimifte a fait voir que c'est à caufe de fa fixité que l'acide phofphorique a paflé, pour avoir la plus grande affinité avec différentes fubftances; & qu'ainfi, les fels phofphoriques étoient décompofés par l'acide maria, en employant. la voie humide, comme les fels formés par l'acide marin étoient décomposés par l'acide phosphorique, en employant la voie sèche.

[ocr errors]

ז'

La lecture de ces Mémoires a été précédée de celle de l'éloge de M. Bucquet, par M. le Marquís. de Condorcet, Secrétaire de l'Académie. On fait que M. Bacquet a abrégé fes jours par fon ardeur à acquérir & à répandre des lumières, & l'on comprend combien l'éloge d'un homme qui a été la vic-, time de fon amour pour les Sciences, convenoit au, talent de M. de Condorcet. Les parens de M. Bucquet le deftinoient à la Profeffion d'Avocat; mais, puifqu'il lui falloit une Profeffion, la Nature le def

tinoit à celle de Médecin, par le goût qu'elle lui avoit donné pour les Sciences Naturelles.

M. Bucquet prouva bientôt que fon goût pour les Sciences Naturelles étoit le préfage d'un grand talent. Il embraffa dans fes études toutes les Sciences qui doivent raffembler leurs lumières dans la Méde cine, l'Anatomie, la Botanique & la Chimie. Il partagea la vie entre les Hôpitaux & les Amphithéâtres; mais telle étoit fa pénétration, qu'il étoit en état d'enseigner dans le moment même ce qu'il venoit d'apprendre ; c'étoit un de ces efprits qui donnent une lumière nouvelle à toutes les idées qu'ils reçoivent; ceux qui faifoient les mêmes études trouvoient en lui un fecond Profeffeur.

Il a montré depuis que la Nature lui avoit donné tous les talens qui font néceffaires pour profeffer une Science. Il parloit avec facilité, mais avec précifion; avec chaleur, mais fans défordre. Sa paffion pour les Sciences fe reproduifoit dans fes difcours, & il faifoit fentir à ceux qu'il inftruifoit, le plaifir qu'il avoit eu lui-même à s'inftruire. M. de Condorcet a remarqué à ce fujet que les leçons d'un Profeffeur font bien plus propres que les livres à communiquer l'amour des Sciences. On prend pour les Sciences l'attachement qu'on a pour celui qui les enfeigne. On fépare un livre de fon Auteur ; il eft impoffible de féparer un Profeffeur de fes leçons.

M de Condorcet a donné enfuite une Analyse précife des Ouvrages de M. Bucquet. Dans la Chimie, M. Bucquet s'étoit attaché particulièrement à l'analyse des fubftances animales, comme à celle qui a le plus de rapport à la Médecine; & l'Auteur de fon Éloge a obfervé que c'eft auffi la partie de cette Science qui offre le plus de difficultés. Le Chimifte peut imiter en petit dans fes fourneaux les moyens que la Nature emploie en grand pour la formation des minéraux; mais il n'a rien dans fes

Laboratoires avec quoi l'on puiffe imiter les moyens dont la Nature fe fert pour faire végéter les plantes & vivre les animaux. Les fubftances végétales, plus difficiles à analyfer que les minéraux, offriront donc moins de difficultés que les fubftances animales. La Nature devient plus myftérieufe & plus impénétrable à mesure qu'elle s'organife & s'anime davantage.

Le tableau des derniers mois de la vie de M. Buc quet, a paru fort touchant dans le Difcours de M. de Condorcet. Il eft des hommes qui fe hâtent de jouir lorfque la mort les menace. M. Bucquet fe hâtoit de découvrir des vérités. Il lui étoit cruel, non de renoncer à la vie, mais de renoncer à fes découvertes. Dans l'épuisement de toutes fes forces, il avoit recours à des moyens deftructeurs pour fe donner encore la force de travailler, & il abrégeoit fa vie pour prolonger les momens où il pouvoit penfer encore.

M. Bucquet, qui étoit Membre de la Société Royale, de Médecine, a donné à cette Compagnie des Mémoires intéreffans fur le traitement de l'Afphyxie & fur la manière de préparer l'Opium. M. de Condorcet, en parlant de ces expériences, n'a pas oublié de rendre justice aux travaux de la Société Royale & à fon zèle pour les progrès de la Médecine.

Dans cet Éloge, comme dans tous ceux qui ont été prononcés par M. de Condorcet, on a reconnu cet efprit lumineux & étendu qui fe porte facilement fur toutes les Sciences, & qui les éclaire toutes. Il ne veut point prêter aux Sciences des embelliffémens qui leur font étrangers, mais il trouve toujours ceux qui leur font propres, & fon goût eft plutôt jufte que févère. Un Secrétaire de l'Académie femble être un interprête des Savans auprès des du monde. Il étoit difficile que les uns & les gens autres euffent un interprête qui leur convint davantage. (Cet Article eft de M. Garat. )

SCIENCES ET ARTS.

RÉPONSE aux Mémoires & aux Lettres des Sieurs Ling & Carrouge, inférés dans le Mercure de France, & defenfe des Ouvrages de M. Morand, de l'Académie des Sciences, Auteur de l'Art d'exploiter les Mines de Charbon de Terre, par M. L. S. G.

LE fieur Ling ayant propofé au Public, dans fes

Profpectus & dans divers Journaux, un chauffage économique de charbon préparé, annonçoit un combustible nouveau fans vapeurs nuifibles, fans fuie, fans fumée, fans mauvaife odeur, économique; avantages inconnus en Hollande, en Allemagne & en Flandre, découverts par le fieur Ling.

M. Morand, Médecin de la Faculté de Paris, de l'Académie des Sciences, &c. s'étant occupé pendant prefque toute fa vie des houilles de la France, de l'Allemagne, &c.; ayant publié un Ouvrage le plus confiderable & le mieux fait que nous ayons fur cette partie; ayant dans fon Cabinet la Collection la plus confidérable des échantillons des Mines qui lui font parvenus de toutes les contrées de l'Eu

& dont il nous préparé le Catalogue raifonné, crur, à la demande d'un favant Académicien, fon Confrère, devoir publier fon opinion fur le prétendu charbon épuré. Sa qualité de Médecin lui ordonnoit de s'élever contre l'affertion dangereufe & générale du fieur Ling, qui affaroit, fans reftriction, que fon charbon préparé ne pouvoit être nuifible, & qui adoptoir en conféquence des foupapes dans fes cheminées. C'est à cette occafion que M. Morand

démontra dans le Journal de Phyfique de Février 1780, page 148, & dans d'autres Ouvrages périor diques :

1. Que ce charbon épuré n'étoit pas nouveau, & encore moins de l'invention du fieur Ling; il montra que M. le Comte de Stuard, M. de Genfanne, M. Jars avoient introduit cette méthode en France, & qu'elle étoit pratiquée à Sultzbach, en Angleterre (ou ces charbons fe nomment Coalks) à Lyon, à Bruxelles, &c. Cette méthode eft décrite dans divers Ouvrages, & dans l'art d'exploiter les Mines, par M. Morand, qui, en relevant les erreurs du fieur Ling, rendoit la juftice dûe aux Savans qui ont trouvé cette méthode.

2o. M. Morand connoiffant cette manipulation, apprécioit dans fes Mémoires la juste valeur des charbons du fieur Ling; il témoigne que le charbon préparé peut être très-utile & très-commode (Journal de Phyfique cité ci-deffus, page 153) pour les dortoirs, les grands ateliers, &c. Au lieu donc de s'élever contre les opérations du fieur Ling, il a été le premier à les encourager, à les louer.

il

3. M. Morand s'eft élevé au contraire contre l'affertion générale du fieur Ling, qui affirmoit que ces charbons étoient fans. vapeurs nuifibles : s'eft joint à M. Venel pour montrer au Public qu'il s'élève des vapeurs acides fulphureufes de ces charbons; qu'il s'en dégage du gaz acide, de l'air méphitique les expériences qui appuient ces affertions Le trouvent dans l'Ouvrage de M. Morand.

M. Morand démontroit ainfi qu'il n'y avoit au, cune invention dans les charbons épurés du fieur Ling; il en montroit les dangers, & l'encourageoir avec des précautions qu'il indique. Cet Académicien a donné ces trois remarques avec toute la décence & l'honnêteté d'un véritable Savant, & s'ac quittoit de fes devoirs d'Académicien & de Méde

« VorigeDoorgaan »