Du mois d'Octobre 1780. PIÈCES FUGITIVES. Vers fur Eulalie, Madrigal, relle 78 Précis Hiftorique de la Mari- 4 2:2 Revonfe à l'Epitre de M. 128 Précis Elémentaire d'Agri- 134 179 Influence du Despotisme de Viers à M. L* Mondes, 181 145 Vers à Mlle Doligny, 102 De l'Imprimerie de MICHEL LAMBERT, MERCURE DE FRANCE. SAMEDI 4 NOVEMBRE 1780. PIÈCES FUGITIVES. EN VERS ET EN PROSE BOUQUET d'une Fille de dix ans à fa Mère. JE E vous offre une fimple Fleur, D'un fentiment durable, image paffagère; Que par-tout on apperçoit, 21. Vaut la plus belle couronne, Quand la tendreffe la donne. (Par Mile L.) * AM. le Marquis DE BRISAY Maréchal-de-Camp, fur une Penfion que le Roi vient de lui accorder, LORSQU ORSQUE la Cour t'a donné millé écus On n'a point compté tes vertus ; Car on t'en eût donné cent mille. A Mde la Comteffe DE WELDEREN, Comteffe de l'Empire, pour fon Portrait. CE ne font point fes traits, ni ce regard malin, Ni ce fourire tendre à la fois & fi fin, Dont le doux charine feul, des cœurs la rend maîtreffe. De l'Artiste, pourtant, dont l'effort fut fi vain, N'accufe point la maladresse, On eût vu Greuze même y perdre fon latin. Des Grâces, des Amours, pour peindre la Déeffe, Il falloit un pinceau divin. (Par M, le C. de L........ Maréchal-de-Camp, ) LE BIENFAIT IN ATTENDU, Conte BRADDOCK & GRAHAM, deux anciens amis qui ne s'étoient point vus depuis longtemps, fe rencontrèrent un jour dans le Parc de Londres. Graham ne put voir fans attendriffement fon ami dévoré de quelque peine fecrette. Afféyons Afféyons nous fur ce banc, lui dit-il, & racontez moi ce qui vous rend fi chagrin. Je fais auffi malheureux, répondit Braddock, que peut Pêtre un Officier Réformé, fans biens ni protection, qui plus eft marié & père de quatre enfans. Ce qu'il y a de plus accablant pour moi dans mon malheur, c'eft de m'être vu forcé, après huit ans de l'union la plus tendre, de vivre féparé de ma chère Henriette Molemort, qu'il ne m'étoit plus poffible de foutenir à Londres. Nous nous fommes mariés fans imprudence; & nous avons vécu enfemble fans inconduite. Je n'ai négligé aucune occafion de faire mon devoir en brave Soldat; mais j'ai perdu mon bien par la banqueroute du malheureux Henville, & j'ai offenfé les amis du Lord *** par un témoignage que je n'ai rendu que trop fidèlement. Malade des bleffures que j'avois reçues à l'armée, réduit à la moitié de ma folde, & ne pouvant prendre fur moi d'avouer ma pauvreté, je persistai à vouloir foutenir les apparences d'une fortune aisée. Mais bientôt mes amis m'abandonnèrent; les efpérances dont ils m'éblouiffoient s'évanouirent; je me vis forcé de vendre rous mes effets, & l'indigence devint mon partage. Juge de mon fupplice, mon cher Graham! je voyois manquer du néceffaire ceux à qui j'avois donné le jour, je voyois la jeuneffe de ma tendre époufe fe flétrir dans la misère; & j'aurois fuccombé, fi fon courage ne m'avoit foutenu, & n'eût ramené le calme dans mon ame, quand le défefpoir s'en étoit emparé. Elle réfolut enfin de le retirer chez fa nourrice, en attendant que j'eulle obtenu de l'emploi. Je différai tant que je us une féparation auffi cruelle; mais enfin il fallut céder, & la meilleure des femmes me quitta pour se réfugier dans un misérable hameau, où le fort le plus doux qu'elle puiffe efpérer, c'eft de vivre péniblement du travail de fes mains. Depuis ce moment je follicite fans fuccès; & pour comble d'amertume, j'ai été forcé d'entendre le Lord *** me répondre que j'avois l'air de ne pas avoir tiré un grand parti de mon faux témoignage. En achevant ces mots, Braddock fe leva avec fureur. Son ami le confola, lui offrit fa bourfe, & lui dit que fans être, à la vérité, plus riche qu'auparavant, il avoit au moins de quoi le foutenir tant qu'il auroit befoin de fon fecours. Braddock alloit remercier le brave Graham d'une offre auffi généreufe, lorsqu'ils |