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res: Or, le changement qui furvient à la fibre eft par lui-même une tendance, une difpofition au mouvement imprimé, puifqu'il met la fibre dans l'état où elle doit être pour exécuter ce mouvement. L'action de la rofe a donc monté la fibre pour exécuter le mouvement auquel la fenfation d'odeur de rose a été attachée.

Maintenant, fi un œillet vient à agir fur cette même fibre, elle cédera à l'impreffion de l'œillet; & -fon mouvement fera compofé en raifon de la tendance qu'elle a acquife par l'action de la rofe, & de la nouvelle tendance qu'elle reçoit de l'action de l'œillet. La fibre fe trouvera donc dans le cas d'un - corps preffé par deux forces qui agiffent en fens dif-férens.. Le mouvement de la fibre fera donc compofé, & fera naître dans l'ame une fenfation complexe, une fenfation formée de la fenfation de la rofe, & de la fenfation de l'oeillet.

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Un troisième mouvement, imprimé à la fibre par une tubéreufe, fera un nouveau degré de compofition dans la modification de l'ame. Le mouvement de la fibre deviendroit ainfi de plus en plus compofé, à mesure que la diverfité des impreffions augmente

roit.

Mais l'ame peut rappeler féparément chaque fenfation; l'expérience le démontre. La fibre ne pourroit exécuter ce rappel; car le mouvement trèscompofé de cette fibre,n'eft aucune des fenfations en particulier: il eft à la fois toutes les fenfations; il eft une fenfation très-complexe..

On ne rendroit donc point raifon de la mémoire, en n'admettant dans chaque fens qu'une feule espèce: de fibres. Les faits nous conduifent donc à pènfer - que la diverfité des fenfations ne dépend pas de la diverfité des mouvemens imprimés par les objets à des fibres identiques ; &; par une conféquence nécef

faire, que le rappel des fenfations ne fe fait point par de telles fibres.

Il faut donc admettre qu'il eft dans chaque fens des fibres appropriées aux diverfes espèces de fenfar tions que le fens peut exciter dans l'ame.... La prodigieufe compofition que cette hypothèse fuppofe dans les fens, n'eft point du tout une raison pour la rejeter, fi d'ailleurs elle: naît des faits, & qu'elle les explique heureufement.

Il faut encore admettre que la liaifon qui eft entre nos idées de tout genre, en fuppofe entre les différens ordres de fibres qui fervent à leur formation. Nous pouvons donc conjecturer que les fibres de différens ordres font raffemblées par faisceaux dans l'organe intérieur, à peu-près comme les rayons colorés font raffemblés dans un rayon folaire.

Nous éprouvons tous les jours qu'à l'occafion de l'impreffion d'un objet fur nos fens, il s'excite au -dedans de nous des fenfations de genres très-differens. Ces fenfations tenoient donc les unes aux autres par des nœuds fecrets; & ces noruds font-ils autre chofe que les fibres appropriées à la production de ces fenfations?

L'odeur de l'œillet doit elle donc rappeler à la ftatue celle de la rofe? C'eft la queftion à refoud: e. On vient de voir que chaque efpèce de fenfations a fes fibres propres. Il femble qu'il doive s'enfuivre que, comme un objet n'agit que fur les fibres appropriées à fon action, de même les fibres appropriées à une efpèce de fenfation ne fauroient agir fur les fibres appropriées à une fenfation d'efpèce différente; & par une conféquence néceffaire, que l'odeur de l'œiller ne rappellera point à la ftatue l'odeur de la rofe. Ne nous preffons pas de prononcer, dit M. Bonnet, ceci demande quelque explication.

Chaque efpèce de sensation a bien sa méchanique:

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mais entre deux fenfations d'efpèces différentes, il eft des rapports en vertu defquels elles appartiennent au même genre. Ces rapports, qui en fuppofent d'analogues entre les fibres, dérivent de quelque chofe de cominun que nous ignorons. Il feroit donc poffible que ces rapports donnaffent lieu à une certaine réciprocité d'action entre les fibres, d'où naîtroit la liaifon de deux fenfations, & leur rappel réciproque.

Je puis dire plus, ajoute notre Métaphyficien; nous fommes forcés d'admettre cette réciprocité d'action, puifque le rappel d'une fenfation par une fenfation d'efpèce différente, eft un fait que l'expérience attefte. En effet, pouvons-nous avoir des fenfations fans l'intervention des mouvemens du cerveau ?

Mais files faits nous conduisent à admettre l'influence de tels rapports dans le rappel des fenfations, ils nous conduifent en même-tems à admettre que ces rapports ne fuffifent pas feuls pour opérer ce rappel. Si cela étoit, l'ame éprouveroit de nouvelles fenfations fans l'intervention des objets. It fuffiroit que les fibres d'une espèce fuffent ébranlées, pour que plufieurs des fibres du même genre le fuffent à la fois ou fucceffivement; & l'ébranlement de ces fibres feroit nécessairement accompagné des fenfations qui en dépendent. Mais comme ce n'eft point-là du tout ce que nous éprouvons, & que nous n'avons jamais de nouvelles fenfations que par l'action des objets fur nos féns, il faut que le rappel des fenfations exige quelque autre condition que celle des rapports dont il s'agit. Cette condition effentielle eft que les fibres fur lefquelles d'autres fibres agiflent, ayent été mues auparavant par les objets.

L'odeur de l'œillet ne rappellera donc celle de la rofe, qu'autant que la fibre appropriée à cette der nière odeur, aura déjà été mue par la rofe.

On doit le rappeler que la rofe, en agissant fur

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la fibre qui lui eft appropriée, lui a imprimé une tendance à un certain mouvement, & qu'elle a par conféquent monté cette fibre pour exécuter le mouvement auquel la fenfation d'odeur de rose a été atta chée.

C'eft ainfi, dit l'illuftre Ecrivain dont j'expose lesidées, que je conçois que l'odeur de l'œillet pourra‹ rappeler celle de la rofe. Le Lecteur curieux de fuivre plus loin l'Auteur dans la méchanique du rappel des idées, peut confulter les chapitres 19, 20 & 21 de l'Effai Analytique fur l'Ame

Il eft, ce me femble, impoffible, d'après cet expofé, qu'il puiffe refter le plus léger doute pourdécider à qui eft due la gloire de la découverte du principe de la liaison des idées.

Il est encore quelques inadvertances échappées à l'Anonyme, que l'intérêt de la vérité ne permet point de paffer fous filence; mais cette Lettre eft déjà trop longue. Les obfervations qui me restent à faire, me fourniront la matière d'une nouvelle Lettre. Je fuis, &c..

Explication de l'Enigme & du Logogryphe du Mercure précédents

Le

mot de l'Enigme eft Clef ; celui du Logogryphe eft Chardon, où se trouvent cran, Rohan, nard, or, Roch, rond, roc , arc & Don..

car

ÉNIGM E.

MALGRÉ l'ingratitude

Dont l'homme ufe envers moi,

A te servir, Lecteur, je borne mon étude,
Et foulager tes maux eft mon plus cher emploi,
Le jour, la nuit je fuis à ton service ;
Très-fouvent pour un rien, pour un léger caprice,
Tu me fais endurer les jours froids, les temps chauds
Jamais je ne me plains; mais vois ton injustice,

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Sitôt que je parois tu me tourne le dos
Mon afpect te déplaît: fenfible à cet outrage,
Ce n'eft qu'avec effort que je fais mon ouvrage.
Ma befogne finie, ô comble de malheur,

Rien ne peut arrêter ton aveugle fureur;
Tu me plonges, cruel, en une étroite bière,
Tu voudrois pour toujours m'y ravir la lumière ;
Mais bientôt je te vois, craignant tout pour tes jours,,
Revenir lâchement mendier mon secours.

(Par M. Ortillon.)

LOGO GRYPH E.

Pour me trouver, Lecteur, ne vas pas à la Cour ;;

La mode m'en bannit, & j'y fuis méprifée ;
Thabite dans les champs, j'y fixe møn féjour.
En tous lieux, cependant, on m'a préconisée...

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