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Le bonheur de ton chien est envié par moi;
Je fens contre un rival une colère extrême.
En voilà fix bien profcrits par la loi.
Églé, crois-tu de bonne-foi

Que je fois exempt du septième.

Voilà de la bonne, de l'ingénieuse galanterie, rendue en très-jolis vers. En voici d'autres de Piron, d'un ton différent, mais non moins ingénieux, & d'une aimable & Fiquante originalité.

Un jour le Dieu de qui la loi
Sur la terre & les cieux domine,
Nous amena Morphée & moi
Auprès du chevet de Rofine.

Partageons, nous dit-il, la belle entre nous trois ;
Que chacun de nous dans fon choix
Trouve, s'il peut, fon avantage.

Pour moi depuis long-temps mes vœux font décidés,
Je prends fon cœur pour mon partage.

Adieu vous dis : à vous le dez.

Alors examinant cette beauté céleste,

Je dis au Dieu Morphée: ami, prends fes beaux yeux. Il le fit; & content d'un lot fi précieux,

Il me laiffa prendre le refte..

Il y a dans ce Recueil beaucoup de Fables charmantes de MM. Boifard, l'Abbé le Monnier, Imbert, Dorat & Piron. Mais. dès qu'on parle de Fables, on fonge à La Fontaine; on a l'injuftice de ne vouloir lire

que La Fontaine, de n'admirer que La Fontaine. On lui fait gré de fes inexactitudes & de les négligences. On croit qu'il n'a pas voulu faire mieux, quoiqu'il foit plus vrai qu'il ne l'a pas pu. Il lui a fallu peut être autant de peine pour être négligent, qu'il en a fallu à Boileau pour être correct; & il l'annonce lui-même, lorfqu'il dit :"

Tandis que fous mes cheveux blancs
Je fabrique, à force de temps,
Des vers moins fenfés que fa profe.

Malgré cette admiration outrée & exceffive que l'on affiche pour lui depuis quelque rems, nous ofons préfumer qu'à l'excep tion d'une vingtaine, fes Fables n'ont point paru, dans leur tems, des modèles de perfection à Racine & à Defpréaux. Nous préfumons encore que ces Juges difficiles auroient goûté plufieurs des Fables recueillies par l'Editeur, ils auroient admiré celle de Hiftoire, de M. Boifard; & celle intitu lée le Cheval, le Bauf, le Mouton & l'Ane, leur eût paru pleine de naturel, de vraifemblance & de fens. Car, il ne faut pas le diffimuler, nos Fabuliftes modernes vifent à l'efprit: c'eft en cela qu'ils font loin de La Fontaine. La Fontaine ne voit que les Animaux, ne penfe qu'à eux, eft feul enfin dans fa ménagerie. Difons encore que fi plus de la moitié de fes Fables nous paroiffent trop foibles de Poéfie, il n'y en a peut-être

:

pas une seule où nous ne trouvions un trait admirable, & qui n'appartient qu'à lui seul, Quant à M. Boifard, c'eft parce que nous aimons fon talent en ce genre, que nous l'invitons à ne pas laiffer fubfifter fa Fable du Ver-à-Soie & du Ver-de-Terre. Elle com mence ainfi :

Il fend l'air, cet heureux reptile,
Il étoit mon égal, le voilà volatile.
Je l'ai vu Tifferand, ce nouvel Oifillon,
Qui s'élève aujourd'hui d'une aîle triomphante.
Il déploie aujourd'hui fa robe étincelante.
Il fut un ver obfcur, ce brillant papillon.
Ainfi le ver de terre, à la douleur en proie,
De fon voifin le ver à foie

Contemploit les destins nouveaux.

Il n'y a pas-là un feul vers qui ne présente quelque chofe de faux, ou dans le ftyle, ou dans l'idée. Un papillon de- Ver-à-Soie ne fend point l'air, Il s'en faut bien qu'il ait une alle triomphante & une robe étincelante, D'ailleurs, oifillon, terme que l'on n'emploie que pour dégrader l'idée d'oifeau forme une difparate défectueufe avec l'aile triomphante. Il n'eft pas non plus le voisin du ver de terre, Il vit fur des mûriers, & non dans la terre. La Fable ment fans doute mais il y a des vraifemblances auxquelles elle eft obligée de fe foumettre. Ainfi La Fontaine ne plaît pas quand il fait marcher un Buiffon, Au furplus, quoique la Fable de

M. Boifard foit mal chorie, le but moral en

eft clair & bon.

Apprends qu'il eft doux de voler,

Et qu'il eft glorieux d'avoir formé fes aîles.

:

Parmi plufieurs Épîtres, il faut diftinguer celle de M. le Brun, fur la bonne & la mauvaife plaifanterie. Nous fommes de bonne foi dût-il s'offenfer de notre franchife, nous ne goûtons point fes Odes. Mais cette Epitre, pleine de vers dignes de Boileau, & d'idées juftes & ingénieufes, nous paroît un vrai chef-d'œuvre. Nous préferons de beaucoup les vers fuivans, à tous ceux du dixhuitième fiècle, & de mon apologie.

Qu'un ami par vos traits ne foit point immolé;
En vain le repentir honteux & défolé
Court après le bon mot aux ailes trop légères;
Il perd fes pas tardifs & fes larmes amères.
Fuyez donc le farcafme & fes ris indifcrets.
L'amour-propre offenfé ne pardonne jamais.
Ménagez-lui toujours une heureuse retraite ;
Que l'objet d'un bon mot lui-même le répète.
On fourit quand du feu d'un mot qui femble éteint,
La maligne étincelle éclate & vous atteint ;.
Mais on eft indigné du Cyclope difforme,
Qui fur l'aimable Acis jette fa roche énorme.
Galatée en pleurant s'enfuit fous les roseaux.

La feinte méprife; de M. François, eft bien racontée, & le mot eft bien choifi. Mais

peut-être cette anecdote plaifante devoitelle être rendue en moins de vers. Lors qu'un mot piquant fait le feul mérite d'une Pièce, il faut y courir au plus vite. Il n'y aurcit rien de fi facile à M. François que d'abréger ce Conte épigrammatique, qui deviendroit alors un joli morceau à retenir.

On pourroit citer beaucoup d'autres Piè

ces qui méritoient d'être recueillies on 'en pourroit citer aufli qu'il eut fallu rejeter; telles qu'une très-longue & très-ennuyeufe Epitre fur la confomption, & une Idylle imitée de Gefner par M. Berquin, dans laquelle on trouve ce vers curieux.

Mais plus heureux cent fois dans fon bonheur. Mais cet Article n'eft déja que trop long..

HISTOIRE de la Guerre des Ruffes & des Impériaux contre les Turcs, cn_1736, 1737, 1728 & 1739, & de la Paix de. Bellegrade qui la termina, avec des Cartes & des Plans, par M.......... de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis, Major d'Infanterie, de l'Académie Royale des Infcrip- tions, &c. 2 Vol. in-8°. A Paris, chez Debure l'aîné, Libraire, Quai des Auguftins.

La dévaftation de la Crimée, fes villes réduites en cendres, les bords du Danube ravagés, un grand nombre de leurs habirans dépouillés de leurs domaines, & contraints

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