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politique pour la détruire depuis quelque tems cet ennemi ne travaille qu'avec trop de fuccès, étant appuyé par une faction, qui cherche à dominer la République, & qui eft toujours prête à facrifier l'intérêt général à des vues particulières. Le Roi a vu, avec autant de furprife, que de regret, le peu d'effet qu'ont produit les réclamations réitérées des fecours ftipulés par les Traités, & les représentations de fon Ambaffadeur fur des infractions journalières des engagemens les plus folemnels La modération du Roi l'a porté a attri buer cette conduite de V. H. P. aux intrigues d'une cabale dominante, & S. M. veut encore le perfuader que votre justice & vos lumières vous détermineront à remplir vos engagemens envers elle, & à prouver par toutes vos démarches votre résolution à mettre en vigueur le fyftême formé par la fagelle de vos ancêtres, & le feul qui puiffe affurer le falut & la gloire de la République. La réponse de V. H. P. à cette déclaration, que le fouffigné fait par ordre exprès de la Cour, fera la pierre-de-touche de vos intentions & de vos fentimens envers le Roi. Depuis long-tems S. M. avoit des indices fans nombre des deffeins dangereux d'une cabale effrénée; mais les papiers du fieur Laurens, foi difant Préfident du prétendu Congrès, fourniffent la découverte d'un complot fans exemple, dans les annales de la République. Il confte par ces papiers, que MM. d'Amf terdam ont entamé une Correfpondance clandeftine avec les rebelles d'Amérique, dès le mois d'Août 1778; & qu'il y a eu des inftructions & des pleinpouvoirs donnés par cux, relatifs à la conclufion d'un Traité d'amitié indiffoluble avec ces Rebelles, fujets d'un Souverain, à qui la République eft liée par les engagemens les plus étroits. Les Auteurs de ce complot ne prétendent pas le nier, au contraire, ils l'avouent & s'efforcent, en vain, de le juftifier. C'eft dans ces circonftances, que S. M.,

fe repofant fur l'équité de V. H. P., demande un défaveu formel d'une conduite auffi irrégulière, pas moins contraire à vos engagemens les plus facrés, qu'aux Loix fondamentales de la conftitution Batave. Le Roi demande également une prompte fatisfaction proportionnée à l'offense, & une punition exemplaire du Penfionnaire Van Berkel, & de fes Complices, comme Perturbateurs de la Paix publique, & Violateurs de la Loi des Nations, S. M. fe perfuade, que la réponse de V. H. P. fera prompte & fatisfaifante à tous égards: Mais fi le contraire arrivoit; fi V. H. P. refufoient une de❤ mande aussi jufte, ou cherchoient à l'éluder par le filence, ce qui fera regardé comme un refus, alors le Roi ne pourra qu'envisager la République, ellemême, comme approuvant des attentas qu'elle refuse de défavouer & de punir; & après une conduite pareille, S. M. fe verra dans la néceffité de prendre les mesures que le maintien de fa dignité, & les intérêts effentiels de fon Peuple demandent «<.

On ne peut fans doute s'exprimer avec plus de hauteur; & ce ton paroît d'autant plus fingulier, que la République a des plaintes graves à faire de l'outrage fait à fon pavillon, de la violation de fon territoire, des troubles apportés fans ceffe à son commerce, &c. &c. L'Angleterre efpère les étouffer par les fiennes, ou s'affurer un prétexte de n'y pas répondre. Tout cela ne feroit pas arrivé fi dès les commencemens là Hollande eût pris le parti que la faine politique lui prefcrivoit, & fi renonçant à la maxime qu'elle s'eft faite de temporifer, elle avait armé pour fe faire refpecter.

L'emprisonnement de M. Laurens fait toujours beaucoup de bruit; il eft au fecret à la Tour, & on ne permet à perfonne de communiquer avec lui. On lit fur cette dé

tention, fur laquelle le droit public prononce clairement, la lettre fuivante qui mérite d'être rapportée.

» M., le Gouvernement Anglois, après avoir reconnu de fait l'indépendance Américaine par divers actes, cartels & conventions, voudroit aujourd'hui n'appercevoir dans M. Henri Laurens, ci devant Préfident du Congrès, qu'un Chef de rebelles. Au fujet de fon emprisonnement, je crois pouvoir raprocher quelques réflexions extraites d'un Pamphlet qui a été goûté de perfonnes très-inftruites «<,

Ce feroit montrer beaucoup de mauvaise foi & Feut-être encore plus de défant de jugement, de prétendre apprécier des commotions & infurrections dans un état particulier, par certains principes qui ne font applicables qu'à d'autres Gouvernemens. N'a-t-on pas vû, prefque de nos jours, le Peuple Anglois ofer fecouer le joug de l'autorité & s'arroger les prérogatives fouveraines, au point que la famille alors régnante des Stuarts a été profcrite & que la Maifon de Brunswick a été mile fur le Trône? Cette révolution a été opérée fans la fanction de la conftitution Britanique. Or, ce qui alors a pu, dit-on, être effectué légitimement, pourquoi ne pourroit-il l'être aujourd'hui, fur-tour fi les motifs font infiniment plus puiffans? -Des Anglois en s'établiffant en Amérique, y ayant même été encou ragés par des priviléges particuliers, auroient-ils donc perdu le droit conftitutionnel de pouvoir fecouer le joug d'une autorité devenue oppreffive & tirannique? La puiffance fouveraine Britannique eft formée de la combinaison de trois pouvoirs qui expriment la volonté de l'Etat. Mais fi le pacte conftitutionnel qui le ces trois parties eft rompu par Pune, comment pourroit-il refter obligatoire pour les deux autres ? Les Américains ont donc pu en leur qualité d'Anglois, rompre toute allégeance avec une adminiftration perverfe, qui la première aveit brifé tous les liens qui les attachoient à elle. La fuite à l'ordinaire prochain."

ia Lats

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