Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

coups auront été portés. On preffe autant qu'il eft poffible le départ de l'efcadre deftinée pour l'Amérique. Sir Samuel Hood qui la commande avoit, dit-on, reçu le 31 du mois dernier ordre d'appareiller, & n'attendoit qu'un vent favorable. Cette efcadre eft compofée du Barfleur de 90 canons, du Gibraltar de 8o, de l'Invincible & du Prince William de 74, du Monarque & de la Princeffe de 70, & des frégates la Thétis, la Ste-Monique & la Sibylle. On dit qu'elle a ordre d'aller renforcer l'Amiral Rodney par-tout où il fera.

Notre grande flotte eft fortie; on ignore en quoi elle confifte; on lui prête les plus grands projets celui d'aller au-devant de M. de Guichen, de le chercher par-tout, & de le prendre lui & fon convoi, est le premier. Mais il doit être à présent à Cadix; & il n'eft pas à préfumer qu'on songe à s'en approcher lorfqu'il en fortira, parce que fans doute, il fera avec l'armée combinée devant laquelle il feroit imprudent que la nôtre fe préfentât. On lit dans le London courant les réflexions fuivantes fur ce que l'on peut attendre de notre marine.

Tant que le Parlement a été fur le point de s'affembler, les Miniftres & leurs partifans ont redou blé d'activité pour tromper le public, en répétant les fauffetés les plus infignes. Dans un des papiers du 21, ils ont affuré que l'Amiral Digby étoit parti le 28 Août pour l'Amérique Septentrionale, ou pour les Ifles, avec 12 vaiffeaux de ligne, tandis qu'il eft notoire à tout homme, qui fe don

ne la peine d'aller àux informations, que Digby eft avec ce qu'on appelle notre grande efcadre dont (encore cft - ce douteux ) il n'a été détaché aucun vaiffeau, à l'exception de 4, fous le Capitaine Peyton; (car fur les 60 Amiraux payés par le public, les Miniftres n'en ont pas trouvé un feul digne de cette marque de leur confiance), pour intercepter le Commandant François, qui revient des Ifles avec une flotte marchande, fous le convoi de 10 ou 12 vaiffeaux de ligne. On a publié dans les mêmes papiers du 21

une autre

fauffeté, qui a été répétée dans toutes les gazettes miniftérielles : favoir, qu'on étoit informé de trèsbonne part que le Général Clinton se réjouissoit exceffivement de la victoire de Cornwallis, & qu'il lui avoit envoyé un renfort de cinq régimens, tandis qu'ou n'a pas la moindre nouvelle de New-Yorck depuis la réception des dernières dépêches datées du 4 Septembre, où il n'eft pas dit un mot de l'affaire de Cornwallis. Toute perfonne qui ignore ce fait, peut en être bientôt informée par les Généraux Tryon, Mattew ou Pattifon, arrivés ici fur la dernière flotte. Tous les rapports s'accordent à dire que la flotte de la Manche a tellement fouffert des derniers coups de vent, que plufieurs des vaiffeaux ont befoin néceffairement d'être réparés avant de pouvoir mettre à la mer. Il y a actuellement neuf mois que Gibraltar a été ravitaillé, & alors l'article fi effentiel du chauffage fut négli gé; de forte que fi le Lord Sandwich n'a pas intention de rendre cette place, il faut fonger à y jetter au plutôt des fecours de toute espèce. Ce pendant il y a apparence que ce ne fera que vers Noël, tems auquel tous les vaiffeaux qu'il eft pof fible de mettre à la mer, feront envoyés à cette expédition. Mais quelle perfpective le préfente alors? Des vaiffeaux que la mer a tourmentés pendant trois mois au commencement de l'été, pro

digieufement maltraités par la dernière tempête, entreprendront un voyage d'hiver à travers le gol. fe de Gascogne, pour se mesurer avec les flottes combinées de France & d'Efpagne, qui n'ont fouffert aucun coup de vent, ou qui n'ont effuyé aucun dommage pendant tout l'été, & qui, avec des forces fupérieures nous attendent pour nous livrer combat, fi nous entreprenons de fecourir Gibraltar.

Le Parlement s'eft affemblé le 31 du mois dernier; c'eft le ise à dater de l'union du Parlement d'Ecoffe à celui d'Angleterre en 1706. Dans cette première féance le Roi ne parut à la Chambre des Pairs que pour y mander les Communes, & leur notifier par l'organe de fon Chancelier, de retourner à leur Chambre & de faire choix d'un Orateur. On fera bien aife de trouver ici les débats qui eurent lieu à cette occafion. } Le Lord George Germaine, après avoir expofé à la Chambre l'objet de fon affemblée, proposa, pour la place d'Orateur, M. Cornwall, ( Député de Winchelfea, l'un des cinq Ports, Penfionnaire du Roi, & l'un des Lords de la Tréforerie). Il donna les plus grands éloges à la conduite du Chevalier Fletcher Norton, qui remplit cette place dans le dernier Parlement ; mais il rappella à la Chambre que plus d'une fois elle avoit eu occafion de remarquer que le mauvais état de fa fanté lui en rendoit les fonctions trop pénibles. — M. Welbore Ellis a appuya cette motion, qui fut vivement combattue par le Jurifconfulte Dunning, par M. Thomas Townshend, M. Fox, & d'autres de ce parti. On ne manqua point de rappeller aux Miniftres qu'eux-mêmes s'étoient oppofés à la retraite de cet Orateur, lorsqu'il avoit cru qu'elle étoit indiquée par le dérangement de fa fanté, & on leur re

procha l'inconféquence de le renvoyer l'année fuivante, quand la fanté eft parfaitement rétablie. Le Chevalier Norton lui-même, quoiqu'en avouant fon infuffifance pour la place, caufée par l'excès des fatigues qu'elle lui a occafionnées, ne put s'empêcher de déclarer qu'il ne s'étoit jamais mieux porté & qu'il n'avoit prié perfonne de prendre un intérêt fi vif à fa fanté; que fa feule délicateffe l'empêchoit d'infifter pour être continué, vu que la premiere année des fonctions de cette place eft la plus lucrative, & enfin, que voyant dans cette démarche du Ministère plutôt une cenfure de fa conduite que de l'intérêt pour fa confervation, il fommoit Milord Germaine de déclarer quels avoient été fes vrais motifs, afin de mettre fon honneur à couvert. Il apprit à la Chambre à cette occafion que la diffolution du Parlement s'étoit faite fans qu'on cût pris la peine de lui en faire favoir un feul mot, & il l'affura que l'arrangement de fa démiffion n'étoit pas moins nouveau pour lui, quoiqu'il fût depuis trois jours de retour de fa Province. vain M. Fox fe joignit à lui pour arracher des Miniftres une explication plus fatisfaifante. En vain il fit obferver à la Chambre que c'étoit une punition infligée à fon ci-devant Orateur, pour le courage qu'il avoit eu en 1777, de faire de vives remontrances au Roi fur l'énorme profufion des deniers publics, & pour avoir voté l'année dernière avec le parti qui avoit fait reconnoître le dangereux accroiffement de l'influence de la Couronne, & le preffant befoin d'une réformation; il ne fut pas poffible d'arracher une parole de Milord Germaine. M. Rig. by ofa inculper la conduite du Chevalier Norton fur plufieurs points, & fur ce qu'il avoit eu la hardieffe de cenfurer le Roi en face; mais il ne fit que s'attirer la févère animadverfion de M. Fox, qui en prit occafion de le dénoncer aux jeunes Membres du Parlement comme un Sénateur d'un très mauvais

[ocr errors]

- En

exemple. L'obfervation que le fauteuil d'Orateur ne pouvoit être occupé par un homme attaché à la Cour par une place & une penfion, produifit tout auffi peu d'effet; le Ministère l'emporta de 69 voix, 203 contre 134. Il s'attendoit à une plus grande pluralité; l'Oppofition fe fatte qu'elle diminuera encore, & elle fe félicite de l'acquifition d'un fujet du mérite du Chevalier Norton.

Le lendemain, premier de ce mois, le Roi s'étant rendu au Parlement, où M. Cornwall lui fut préfenté, & après les difcours modeftes du nouvel Orateur, les réponses du Roi par l'organe du Chancelier, S. M. prononça en ces termes celui d'ouverture.

Milords & Meffieurs. C'est avec une fatisfaction plus qu'ordinaire que je vous vois raffemblés en Parlement dans un tems où les élections récentes peuvent me fournir le moyen de recevoir les informations les plus certaines des difpofitions & des defirs de mon peuple, auxquels je fuis, toujours prêt à donner toute mon attention & tous mes foins.- La fituation épineufe dans laquelle fe trouvent actuellement les affaires publiques, eft fuffisamment connue. Toutes les facultés, toutes les forces des Monarchies de France & d'Efpagne font en action dans toute l'étendue de leur développement, à l'effet d'appuyer la rébellion de mes Colonies de l'Amérique Septentrionale, & d'attaquer mes Etats fans avoir reçu la moindre provocation ou le moindre fujet de plainte. L'objet de cette confédération, qu'on ne déguile pas, eft manifeftement de fatisfaire une ambition qui ne connoît point de bornes, en détrui- ' fant le commerce de la Grande-Bretagne, & en portant un coup fatal à la puiffance. Au moyen des forces que le dernier Parlement a mis entre mes maius, & des bénédictions que la divine Providence a répandues fur la bravoure de mes flottes & de mes

« VorigeDoorgaan »