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armées, j'ai été en état de réfifter aux entreprises for midables de mes ennemis, & de fruftrer les grandes efpérances qu'ils avoient conçues. Les fuccès fignalés qui ont accompagné le progrès de mes armes dans les provinces de la Géorgie & de la Caroline, fuccès qui ont fait tant d'honneur à la conduite & au courage de mes Officiers, à la valeur & à l'intrépidité de mes troupes qui fe font acquis une réputation égale à tout ce qu'aucun fiècle fournit de plus brillans exemples, produiront, à ce que j'espère, des effets importans, en préparant une conclufion heureufe à la guerre. Mon defir le plus fincère eft de voir ce grand objet accompli; mais je fuis perfuadé que vous reconnoîtrez avec moi que nous ne pouvons nous procurer les termes d'une paix fûre & honorable, qu'en faifant des préparatifs affez puiffans, affez refpectables, pour convaincre nos en nemis que nous ne nous foumettrons pas à recevoir la loi de la part d'aucune Puiffance quelconque, & que nous fommes unis dans la ferme réfolution de n'êtré arrêtés par aucune difficulté, par aucun danger, dans la défenfe de notre pays, & pour la confervation de nos intérêts effentiels.

MM. de la Chambre des Communes. J'ai ordonné que l'on mît fous vos yeux les eftimations relatives aux dépenses de l'année prochaine. Je vois & je fens avec beaucoup d'anxiété & de peine, que les fervices divers que la guerre exige, entraînent inévitablement des dépenfes confidérables & ouéreufes mais je ne vous demande de fubfides que ceux qui vous paroîtront exiger votre propre fécurité, votre bien-être permanent & la nature preffante des affaires.

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Milords & Meffieurs. Je mets une confiance entière dans le zèle & l'affection de ce Parlement, pleinement convaincu que dans tout le cours de mon règne, l'objet conftant de ma follicitude & le vœu de mon cœur ont été de fervir les vrais inté

rêts & la félicité de tous mes fujets, & de faire en forte que notre excellente conftitution religieuse & civile foit inviolablement confervée.

Lorfque le Roi fe fut retiré, & les Communes rentrées dans leur Chambré, les débats commencèrent.

Ce fut à la pluralité de 45 voix (68 contre 23) que paffa chez les Pairs la motion d'une adresse de remerciemens au Roi, faite par le jeune Lord John Fane, Comte de Westmoreland, & fecondée par le Lord Brownlow. Après la répétition ordinaire de chacun des points du difcours du Roi, auxquels ces adreffes n'ajoutent autre chofe que des applau diffemens, il propofa d'y joindre une félicitation fur l'heureuse naiffance d'un nouveau Prince, qui ne fut contrariée que par le Lord Abingdon, dans des termes dont la Chambre ne parut pas être fort fatisfaite. Il fembloit vouloir faire entendre qu'il fe foucioit fort peu que la Reine eût été délivrée du Prince nouveau-né, & qu'il aimeroit mieux avoir ce compliment à faire à la Nation; il fe permit d'autres réflexions non moins dures & défobligeantes pour le Roi, fon augufte Famille & le Ministère. La feconde addition demandée par le Lord Weftmoreland, étoit une expreffion de la reconnoiffance du Parlement, fur l'ufage modéré que le Roi avoit fait de fon pouvoir dans la dernière émeute. Il obferva aux Lords que la plupart d'entre eux avoient été témoins de chacun des actes d'af fection paternelle du Roi pour fes Peuples dont les preuves n'avoient ceffé de fe multiplier depuis le commencement de fon règne. Pour moi, dit-il, je ne puis parler pertinemment de ce qui s'est passe fous mes yeux cette année, ma jeuneffe n'ayant pas permis que je les euffe affez ouverts fur tout ce qui a précédé, & aflurément chacun de nous peut dire que c'eft à la modération du Roi que nous devons la confervation de nos libertés, puifque rien ne lui

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eût été plus facile que de faire tourner la furetr de la populace contre nos conftitutions. Ici le jeune Lord oublia qu'il venoit de s'en prendre à fon âge. de ce qu'il n'avoit pas pû apprécier & admirer, comme tant d'autres, les exemples de la fagette du Roi antérieurs à l'année préfente; & quoiqu'il fentit combien il eût été ridicule que fon maître fût loué par un enfant, cet enfant ofa cenfurer la conduite des autres Souverains dans un tems où il lui auroit été également impotlible de l'apprécier & de la juger. Tout autre Roi, dit-il, n'eût pas été aufh fage; & on l'a bien vu dans la conduite que tint en 1772 un certain Monarque du Nord. Il exalta tous les avantages pofitifs & négatifs, remportés dans la dernière campagne, fans oublier l'efficace protection donnée au com. merce Britannique. Il parla auffi du bonheur qu'il a de régner fans rivaux dans l'Inde, & enfin il conclud à la fupériorité pour la Marine de fa Nation, du changement furvenu dans le Confeil de France quoiqu'on en ignore la vraie caufe, de l'apparente nullité des opérations des armées navales combinées. Il tira l'angure le plus favorable de la folidité des conquêtes de la Caroline & de la Géorgie, pour le promettre celle de tout le refte de l'Amérique. Il fit voir que fans rentrer dans la totalité de les droits à la fouveraineté des mers, il étoit impoffible que l'Angleterre fît une paix glorieufe & durable que par conféquent les Anglois devoient faire la guerre aujourd'hui en désespérés, & ufer leur crédit jufqu'au dernier moment, pour être affurés de fortir de cette crife avec honneur & de reprendre leur confidération parmi les Puiffances de l'Europe. Il félicita fa Nation fur l'état de détreffe où fe voient les Américains, & don't ils ont donné la preuve en appellant chez-eux des armées Françoifes, & forma le vœu que la France pût en envoyer encore, attendu que plus il y aura

de troupes Françoifes en Amérique, plus il y régnera de diffentions & de jaloufies qui amèneront les Américains à demander la paix à genoux à la G. B. Enfin pour confirmer les Miniftres dans la poffeffion de leurs places il établit cet axiome, qui ne fera rejetté par aucun Logicien ou Politique. On doit regarder comme bonne ou au moins comme fupportable, une Administration à laquelle on n'eft fûr d'en fubftituer une meilleure pas L'oppofition par l'organe du Lord Osborne, Marquis de Carmarthen & autres, combattit vivement, & par les détails que tout le monde fait, les points de ce difcours qui rouloient fur l'approbation du Gouvernement du Roi, & fur la néceffité de poursuivre la guerre avec vigueur. On ne lui alloua pas non plus fon unanimité dans le Confeil du Roi, d'où on fit voir au contraire qu'il partoit fans ceffe des ordres & des contre- ordres contradictoires, & défolants pour les malheureux Généraux chargés de l'exécution. Il fut dit auffi un mot de la confé dération des neutres, qui méritoit bien de figurer dans cet inportant débat, & qui parut à l'Oppofition Occuper trop peu le Roi, fon Ministère & fes interprêtes. Enfin ce parti fit voir que les fuccès de la dernière campagne n'étoient pas fi conftans & fi décififs qu'on pût fe permettre de rien hazarder, ou de négliger les moyens honorables qui pourront s'offrir de terminer une guerre, qui, à tout prendre, n'a été que malheureufe. Le Lord Abingdon termina le débat en requérant les Prélats de faire ajouter dans les prières journalières de leurs Eglifes. Seigneurs fauvez votre Peuple,

&c. cc.

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Le 3, les Pairs furent principalement occupés d'une querelle particuliète entre deux de leurs Membres, qui pouvoit avoir les fuites les plus fâcheufes. Il s'agiffoit d'un manque d'égards de la part du Duc de Grafton envers le Comte de Pomfret, pour avoir

pris à fon fervice un domeftique renvoyé par celuici, fans lui avoir fait l'honnêteté d'ufage en cas femblable. Le Comte avoit envoyé plufieurs cartels au Duc, qui n'y avoit répondu que par des lettres plei nes de modération, & enfin le Comte armé de toutes manières avoit déclaré qu'il attaqueroit le Duc quelque part qu'il pût le trouver. Il fut arrêté que le lundi 6 ils feroient tenus l'un & l'autre de comparoître devant la Chambre.

Le 6, cette querelle occupa encore toute cette Séance. Lecture fat faite, en préfence des deux Pairs, de toutes les lettres écrites de part & d'autre depuis fon commencement. Quoique le Comte protestât qu'il ne mettroit point fes menaces à exécution, & que le Duc pouvoit être tranquille à cet égard, le Chancelier le jugeant dans une trop grande agitation au moment du Jugement, lorsqu'il fut quef. tion de les faire fortir l'un & l'autre pour qu'on pût hafarder de les mettre enfemble, décida qu'ils feroient conduits dans deux chambres féparées. Le Duc fortit par la porte des Evêques, & le Comte par la porte ordinaire. L'Arrêt condamna le Comte à être renfermé à la Tour en déclarant que le Duc de Grafton n'avoit manqué en rien au respect dû à la Chambre, ni aux principes de l'honneur. L'ordre ayant été figné par le Chancelier, il fut mis auffi-tôt à exécution. On croit que dans une des prochaines Séances le Lord Pomfret fera préfenter à la Chambre une Requête pour fon élargiffement, & qu'il fera ramené de nouveau pour faire fes excufes à la Chambre & donner la parole d'honneur d'erfévelir toute cette miférable affaire dans un parfait oubli.

Ce ne fut que le 6 Novembre que les Communes s'occupèrent de l'adreffe. M. de Grey en fit la motion appuyée par le Chevalier Edouard Sutton. - M. de Grey donna les plus grands éloges au Lord Cornwallis, à l'Amiral Rodney & aux autres Comman

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