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dans Anglois. Son fecond fit voir que la ligue formée contre la G. B, devoit infpirer les plus vigoureufes réfolutions, d'autant plus que l'on ne pouvoit attendre du Congrès qu'une généreuse & ferme perfévérance dans fon alliance avec la France, & qu'il n'étoit plus poffible de les défunir & de triompher d'ailleurs de la Maison de Bourbon que par les fuccès les plus décidés des armes Britanniques. M. L. Grenville parla fortement contre le projet d'adreffe. Il fut foutenu par MM. Fitzgerald, L. Town hend, Fox, le Gouverneur Smith, l'Alderman Newnham, l'Amiral Keppel, le Capitaine Minckin & le Lord Mahon. Les Miniftres furent fonimés par eux de déclarer fi c'étoit leur intention de continuer la guerre d'Amérique & d'apprendre à la Chambre fur quoi ils fondoient l'efpoir d'un fuccès plus marqué que dans les dernières campagnes. Ils firent auffi obferver à la Chambre.combien étoit visible l'accroiffement de l'influence de la Couronne dans la manière dont s'étoient faites les dernières élections. -M Fox prononça un difcours très intéreflant par fon objet, qui étoit d'inftruire les jeunes Députés & de les mettre en garde contre les piéges qui leur feroient tendus par le Ministère. Mais il ne fit que répéter la fubftance de les difcours dans le précédent Parlement. Milord Germaine lui répondit avec beaucoup de vigueur, fe déclarant hautement pour la continuation de la guerre avec l'Amérique. Il affura en même-tems la Chambre que l'année pro. chaine la Marine Britannique feroit plus nombreufe, plus forte & mieux équipée qu'elle ne l'a encore été dans le cours de cette guerre. Quoique ce Lord ait la conduite de cette guerre d'Amérique, & qu'il femble qu'on ne peut être mieux inftruit que par lui de ce qui s'y paffe, il exprima fon regret de ce qu'une indifpofition retenoit chez lui Milord North, qui auroit, dit-il, bien plus difertement expliqué à la Chambre le plan qu'on a fuivi, & les brillans

ton.

à

brillans fuccès qui l'ont juftifié. Il avoua, dans le langage de tous ceux du même parti, que l'Amérique rebelle tenoit fi fermement à fon indépendance, qu'il n'y avoit plus moyen de la ramener qu'en lui failant la outrance guerre Ceux qui appuyèrent avec lui la motion de l'Adreffe, furent M. Ellis M. Pultney, le Chevalier Horace Mann, & M. Pen- L'Amiral Keppel donna les plus grands éloges à la Marine entière, mais il accufa les Miniftres de lui faire perdre les occafions de fe fignaler, en retenant les efcadres dans le port, lorfqu'elles devroient être à la recherche de l'ennemi, Suivant lui, on auroit dû empêcher M. de Ternai de fortir de Breft, & l'Amiral Rodney devoit être indigné contre les Miniftres de ce qu'ils ne lui ont point envoyé des renforts fuffifans avec lesquels il auroit pulvérisé les forces combinées de la France & de IE(pagne. L'Alderman Newnham reprocha aux Miniftres toutes les fautes commifes cette année dans la diftribution des convois pour la fûreté du commerce, & les malheurs affreux qui en ont été la fuite. A 10 heures & demie du foir, la Chambre alla aux voix. L'affirmative pour l'Adreffe fut de 212; la négative de 130. Pluralité, 82.

Selon une lettre de Limerick, il eft arrivé un paquebot de l'Inde, après une traversée de 3 mois; il apporte des dépêches du Gouverneur & du Confeil de Calcuta qui annoncent que les Hollandois font dans l'Inde de grands préparatifs de guerre, tant fur mer que fur terre. Il eft certain que la manière dont nous les traitons en Europe & dans les Indes occidentales, doit les engager à fe tenir fur leurs gardes par-tout, & furtout à fe mettre en défenfe dans leurs établiffemens les plus précieux.

18 Novembre 1780.

f

On avoit dit que le Miniftre de Portugal avoit quitté l'Angleterre, & que des affaires de la nature la plus importante l'avoient fait retourner à Lisbonne; mais le fait eft qu'il n'a pas été plus loin que Plimouth & qu'il eft actuellement dans fon Hôtel à Londres.

Le Ministère avoit été auffi menacé de perdre le Miniftre de Pruffe; on affure aujourd'hui qu'il a obtenu un répi au moyen de l'affurance pofitive qu'il a donnée de s'occuper dans les premières féances du Parlement, de la fatisfaction complette de S. M. fur toutes les demandes qu'elle peut' former relativement aux fubfides, &c. Mais! il femble que cela ne fait que retarder le moment fatal d'un éclat, auquel nous devons nous attendre.

Le bruit court que le Gouvernement a reçu avís que les François & les Espagnols projettent une expédition contre Minorque, Le Miniftre d'Angleterre à Florence a dit-on, communiqué ce projet avec toutes fes circonstances; en conféquence il y a déja quelque tems qu'aucun Officier n'a la permiffion de s'absenter de la place où l'on fait tous les préparatifs néceffaires pour la plus vigoureuse défense.

S'il faut en croire nos Papiers, le Lord Mountftuart, Envoyé extraordinaire de cette Cour à celle de Turin, a eu ordre de négocier avec les cantons Suiffes pour lever chez eux un corps de troupes. On n'ajoute

pas beaucoup de foi à cette nouvelle; mais ce qu'il y a de bien certain, c'eft que nous avons un befoin urgent d'hommes pour fou tenir cette malheureufe guerre dont la ceffation eft le vœu général.

Depuis quelque tems, les Miniftres & beaucoup de Politiques, tant du parti de la Cour que de celui de l'Oppofition, avouent qu'à tout évènement nous devons continuer la guerre contre les forces combinées de France, d'Efpagne & d'Amérique parce qu'il eft impoffible à l'Amérique de faire la paix avec nous, quand même nous reconnoîtrions Ton indépendance, & que nous lui témoignerions un defir fincère de la paix. Mais ce n'eft point là l'état de la queftion. Si ceux qui raionnent ainfi croient que l'Amérique ne voudra point faire uné paix féparée, en fouffrant que l'Angleterre, fourde à toute railon, pourfuive la guerre, & fe venge de ce que la Maifon de Bourbon s'eft alliée aux EtatsUnis, ils raifonnent parfaitement bien. Mais que la Grande-Bretagne effaie de faire des propofitions, & qu'elle reconnoiffe hautement clairement & fans détour l'indépendance de ces Etats-Unis, qu'elle manifefte le defir le plus fincère de vivre en paix avec eux, alors l'Amérique moyennera bientôt une paix générale entre fes Alliés & la Grande-Bretagne, fur des principes juftes & raffonnables; en effet, juftice à part, elle fait très-bien qu'il eft de fon intérêt que la Maifon de Bourbon ne s'agran diffe pas aux dépens de la deftruction entière de la Grande-Bretagne ; & aujourd'hui que l'heure de l'infolence Britannique eft paffée, l'Angleterre ne doit pas être affez folle pour attendre & efpérer qu'elle fera la paix avec les ennemis fur une autre bafe que fur celle de la juftice & de l'équité.

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La détention de M. Laurens fixe toujours la curiofité du Public. Il y a les défenfes les

plus rigoureufes de lui laiffer voir perfonne. Il n'y a qu'un ordre du Secrétaire d'Etat qui puiffe ouvrir l'accès à fon appartement à la Tour. Le 14 du mois dernier, M. Manning & M. Laurens fils, jeune homine de 16 à 18 ans qui a été quelque tems à l'école de Warington, ont enfin obtenu cette permiffion. On raconte ainfi les circonftances de cette entrevue touchante du pere & du fils.

Après des inftances vives & réitérées, il fut enfin expédié au Gouverneur de la Tour, un ordre figné par les trois Secrétaires d'Etat Hillsboroug, Stormont & Germaine, de permettre à MM. Man, ning & Laurens fils de voir le prifonnier pendant une demi-heure. L'ordre portoit expreffément de ne pas excéder cet espace de tems, & de ne pas fouffrir une feconde vifite fans un pareil ordre nouveau. MM. Manning & Lanrens fils, avertis par le Gouverneur, fe rendirent à la Tour. Ils trouvèrent le refpectable vieillard très-malade d'un flux de ventre, fort amaigri, mais nullement abattu, & fe plaignant amèrement de la Nation Angloife qui le traite avec tant de dureté. Il fe louoit beaucoup du Capitaine Keppel qui l'a pris, du Lieutenant Morris qui l'a conduit à Londres. Mais depuis ce tems il a été traité avec une rudeffe qu'il n'eût pas attendue, même des Anglois. La foibleffe où il fe trouvoit par fa maladie, l'émotion qu'il éprouva en voyant fon fils, lui firent perdre les 10 premières minutes des 30 qui lui étoient accordées. Il employa le refte à foulager fon cœur par des reproches contre les perfécuteurs. Son appartement confifte en une chétive chambre n'ayant pas plus de 12 pieds en quarré, & une autre petite fort obfcure où il couche; jufqu'à préfent il ne lui a été accordé ni plumes, ni encre ni papier, pas même la lecture des papiers publics. Il n'a qu'un

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