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tions, & fait périr grand nombre d'hommes & de beftiaux.

ESPAGNE.

De CADIX, le 6 Octobre.

M. le Comte d'Estaing, après avoir reçu dans cette ville les hommages des différens -Corps militaires & civils, & donné un coup d'œil à la flotte, partit pour le camp de St Roch. Ce départ précipité dans un moment où la préfence paroiffoit néceffaire ici, foit pour l'avitaillement de fes vaiffeaux qui prennent pour fix femaines de vivres, foit à canfe de la prochaine arrivée de M. de Guichen, a paru à bien des perfonnes avoir des motifs plus preflans que ceux d'une fimple curiofité. Ce Général eft revenu le 4. Il a paffé 3 jours au camp & a examiné la place ennemie & nos lignes. Il a été reçu par le Général & les principaux Officiers de la manière la plus amicale & la plus diftinguée.

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Nous apprenons du camp de St-Roch que la nuit du 30 du mois dernier, un corps de troupes fut chargé de dévafter & de brûler les jardins du Gouverneur de Gibraltar qui s'étendoient jusqu'à la tête de nos lignes. Les foldats mirent fort peu de tems à cette expédition quoiqu'ils fuffent chargés de combler tous les puits. Deux hommes feulement ont été bleffés à cette occafion par le canon de la place. Si ces jardins avoient

été de pur agrément, il y a apparence que le Général les auroit épargnés. Mais comme ils fourniffoient à la fubfistance des Officiers ennemis, on ne peut que le louer de leur avoir ôté cette ressource.

Les ennemis n'ont pas été moins chagrinés du côté du détroit. Barcelo s'est emparé d'une balandre, d'une frégate marchande, & d'un autre petit bâtiment qui fortoient de la baye. Sur la balandre étoit la femme d'un Colonel Anglois qui fert dans Gibraltar; elle emmenoits de fes enfans. Le Gouverneur de la place perfuadé qu'ils échapperoient difficilement à D. Barcelo, avoit donné à cette Dame une lettre de recommandation pour D. Juan de Langara., Cette lettre lui a fervi; & elle a été traitée, ainsi que fa jeune famille, avec les plus grands égards.

Le Royal-Louis & la Bretagne ont mouillé dans notre baye Samedi dernier. Leur traverfée a été longue; ils ont effuyé quelques gros tems; mais ils font arrivés en très-bon

etat.

Nous attendons M. de Guichen vers le 15 ou le 20 de ce mois. Peut-être nous raménera-t-il l'efcadre du Ferrol, dont depuis 45 jours nous n'avons point de nouvelles.

Les billets d'Etat font au pair, & nous ne doutons pas que la confiance publique n'en rehauffe le prix; ainfi lasterreur panique que leur création a caulée, doit être actuellement bien éteinte.

ANGLETERRE.

De LONDRES, le 20 Octobre.

A l'arrivée du Chevalier Cokrane, Major des Gardes, & du Major-Général Patterfen, venus de New-York fur le Sea-Horfe, avec des dépêches du Chevalier Clinton, on s'eft hâté de publier qu'on s'y préparoit à faire remonter la rivière James à 6 régimens deftinés à agir fur la Chesapeak, de concert avec les forces aux ordres du Lord Cornwal lis. On ne manquoit pas de conclure de cet efprit d'entreprise, qu'on prétendoit régner dans les deux places particulièrement menacées fur le Continent, que notre po fition étoit des plus avantageufes. Cette apparence brillante ne s'eft pas foutenue; le Gouvernement n'a rien publié des dépêches qu'il a reçues, & les lettres particulières ont confirmé ce que l'on favoit auparavant; que lain de fe livrer à des entrepri fes le Chevalier Clinton, refferré dans New-Yorck, avoit befoin de toutes les forces pour le défendre, & qu'il n'écrit que pour folliciter des renforts devenus de jour en jour plus néceffaires. Le Général Washington, le Marquis de la Fayette, les Généraux Green & Waygne, avec plufieurs autres Officiers & un gros corps de troupes Américaines, fe font montrés au

commencement de Septembre dans le voifinage de Bergen, ville des Jerseys, peu éloignée de New-Yorck. Tous les avis particuliers conviennent de ces faits,,& y ajoutent que M. de Rochambeau s'avance auffi pour preffer la Ville d'un autre côté, ce qui rend la position du Général Clinton très délicate, & le force à concentrer toutes fes forces & à borner tous les foins à fe mettre fur la défenfive.

Ces nouvelles bien propres à diminuer la joie que nous a caufé la victoire du Lord Cornwallis, ont fait revenir fur les détails publiés de cet évènement, & reçus d'abord avec un tranfport qui n'a pas laiflé le loifir de les examiner; en relifant la Gazette de Charles-Town, publiée fous l'autorité. du Général vainqueur dans la Caroline, on y voit que quelques jours après le combat du 16 Août, un corps de cavalerie Américaine, fous les ordres du Colonel Henry, furprit un détachement de troupes Royales & de Milices loyaliftes, qui conduifoient environ 140 prifonniers faits à Camden, & leur enleva ces derniers; mais que manquant de chevaux pour les emmener affez promptement, il en avoit abandonné une foixantaine. Cette rencontre prouve qu'il n'eft pas tout-à-fait vrai, comme le Lord Cornwallis s'en flattoit dans fa lettre, que. les forces rebelles fuffent entièrement difperfées la févérité même qu'il a employée contre quelques-uns de fes prifonniers, qu'il

a fait pendre, femble indiquer que l'univer falité des peuples de la Caroline n'est pas auffi difpofée à fe foumettre à la Grande-.. Bretagne qu'on le débitoit peu après la prife de Charles-Town; les proclamations même du Général l'indiquent également.

On s'attendoit bien qu'il y auroit de l'exagération dans la relation du Lord Cornwallis; on n'a donc pas été furpris de trouver des différences dans celle publiée par les Américains dans la Gazette de Pensylvanie: ils fe donnent 3000 hommes, dont 400 de troupes réglées; Lord Cornwallis leur en donne en un endroit de fa lettre sooo & dans un autre 6000, & cette variante fuppofe néceffairement qu'il n'a pas déclaré le nombre vrai, car il auroit été invariable: il dit qu'il avoit 1400 hommes de troupes réglées & 4 à joo de réfugiés, & les Américains lui comptent 1800 des 'premiers 2400 des derniers; mais l'effentiel c'eft que le Général Gates, battu comme on nous le peint, eft dans la Caroline feptentrionale, qu'il y raffemble des forcesplus nombreuses que celles qu'il avoit, que les Virginiens ont complété leur contingent qui eft de 5000 hommes, qu'ils marchent pour le joindre avec d'autres renforts; qu'avant peu il peut être en état de prendre fa revanche, & que le Lord Cornwallis, malgré la victoire, peut éprouver un revers qui nous fera perdre certe Province, s'il ne reçoit pas des secours,

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