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ANGLETERREAN:

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2.

De LONDRES, le 12 Novembre.

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LE Gouvernement n'a encore reçu aucune nouvelle de l'Amérique Septentrionale; tandis qu'il annonce hautement l'ef pérance qu'il a de la voir entièrement foumife avant peu de tems, en conféquence de la victoire de Camden, nos letttes particulières ne nous laiffent 'pas voir aujourd'hui plus de probabilité à cet évènement qu'il n'y en avoit avant la campagne. Elles portent qu'on le plaint beaucoup en Amérique de la conduite du Lord Cornwallis envers quelques-uns des principaux habitans de la Virginie, dont il a exilé plufieurs à St-Auguftin, tandis qu'il en faifait pendre d'autres pour avoir man qué à leur ferment de fidélité, mais ces fermens exigés de force, d'abord par les Anglois, & enfuite par l'armée Américaine, avoient été violés par les deux peuples comme cela arrive toujours aux fermens arrachés par la violence. Ces actes rigoureux du Lord Cornwallis, & le traitement qu'éprouve ici M. Laurens, font craindre avec raifon que l'animofité de l'Amérique, ne foit parvenue au point de faire perdre tout espoir de réconciliation entre les deux pays.

Quant à l'Amiral Rodney, il paroît qu'on regarde comme certaine la jonction de 12

de fes vaiffeaux de ligne aux efcadres des Amiraux Arbuthnot & Graves, & on s'attend en conféquence à apprendre bientôt quelque nouvelle importante de Rhode-Ifland, dont eette jonction doit entraîner l'attaque. On eft inftruit d'un autre côté que 9 vailleaux de ligne de l'Amiral Rodney, qui font en très-mauvais état, font en route pour revenir en Europe, & qu'ils feront remplacés par l'efcadre de l'Amiral Hood, qui, le 10 de ce mois, étoit à la rade de SteHélène où elle n'attendoit qu'un vent favorable pour appareiller. Cette efcadre eft compofée de 8 vaiffeaux de ligne, 2 frégates & 3 corvettes, qui font le Barfleur, de 98 canons; le Gibraltar de 80; l'Invincible de 74; la Princeffe & le Monarque de 60; le Belliqueux, & le Prince William de 64; le Panther de 60; la Thétis de 32 & la Sybille de 28. Si le vent eft bon avant que les bâtimens de tranfport foient arrivés des Dunes, elle mettra à la voile, en laiffant le Prince William & la Thétis pour escorter le convoi. Deux régimens embarqués, favoir le premier bataillon du régiment d'Infanterie & le treizième régiment, fuivront l'Amiral Hood; deux autres qui font le régiment de Royal & le foixanteneuvième, partiront avec le refte de la Alotte.

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Il paroît toujours décidé que les troupes deftinées pour New-Yorck & l'Amérique Septentrionale ne partiront qu'au printems;

on affure que le Lord Percy, le Général Murray & plufieurs autres Officiers de marque, doivent y retourner avec les premiers renforts qu'on y enverra. On dit auffi que le Général Moutray, Gouverneur Général de Minorque, a demandé le commandement d'Amérique, qui lui a été accordé; on ajoute qu'il partira au commencement du printems. On vante beaucoup l'activité & le mérite de cet Officier, qu'on regarde d'avance comme celui qui mettra à fin la guerre fi longue de l'Amérique.

Pour faciliter les levées néceffaires pour renforcer les troupes que nous avons dans cette partie du monde, on parle de licencier 16 des régimens de milice. Ceux qui font attention au nombre de celles que nous avons fait paffer dans l'Amérique Septentrionale, & du befoin fans ceffe renaiffant où l'on eft d'y en envoyer, font un calcul effrayant de la quantité d'hommes qui ont péri dans cette guerre funefte, foit par les ennemis, foit par les maladies. Les nouvelles de la Jamaïque portent qu'if' eft mort dans la traverfée soo homines de troupes embarquées fur l'efcadre du Commodore Walfingham, & que fur 1500 qui ont été débarquées, plus de la moitié étoit malade. C'est dans cet état de détrèffe, & au moment où l'on annonce celle où le trouvent les troupes chargées de l'expédition de Nicaragua, qu'on parle d'un nouveau projet d'attaque des établissemens E

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pagnols fur le Continent, & qu'on préparé à la Jamaïque, s'il faut en croire quelques-uns de nos papiers, l'embarquement pour cet objet a dû fe faire le 3 de ce mois. Les bruits de la prétendue émeute paroiffent avoir fait imaginer le projet, quoique l'on convienne qu'elle a été peu de chofe, nous ne laiffons pas de fonder là-deffus de belles efpérances.

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Les rapports, dit un de nos papiers, varient beaucoup relativement aux troubles qui fe font élevés dans les colonies Efpagnoles; il s'est débité bien des particularités qui ne paroiffent pas trop authentiques, mais en voici fur lefquelles on peut compter. Ce n'eft pas une nouveauté que les Indiens libres du Chili foient en armes, car en général tous les 8 ou to ans ils fe foulèvent une fois contre les Efpagnols. Ce fut ainfi qu'ils prirent les armes à la fin de l'année dernière, avec cette différence qu'ils parurent faire la guerre plutôt au Gouvernement Efpagnol qu'aux habitans des Colonies. A l'occafion de nouvelles taxes, ils furent joints par quelques Epagnols, & la guerre menaça de devenir plus férieufe qu'aucune de celles qui avoient éclaté depuis un fiècle. Peu de villes fe font révoltées tout-à-fait, & la fédition n'a certainement pas été auffi générale qu'on l'a dit dans quelques relations, mais l'efprit de mécontentement régnoit fi fort parmi le peuple, que le Gouverneur a écrit dans les termes les plus preffans à la Cour de Madrid pour la fupplier de révoquer les nouveaux impôts, & de lui envoyer un nouveau renfort confidérable de troupes. Le tableau qu'il donne de l'état des Provinces méridionales, (dont il avoit envoyé précédemment un duplicata), eft la pièce la plus intéreffante que nos Miniftres puiffent avoir entre les mains; on y voit que fur

1700 milles de côte il n'y a que 700 hommes de troupes qui constituent le refte de trois régimens; & le Gouverneur dit expreffément dans fa lettre que le moindre armement feroit capable de défoler & de ruiner toute la côte.

S'il faut en croire quelques lettres, la frégate l'Unicorn, de 32 canons, comman dée par le Capitaine Frédéric, étant en croifière devant St-Domingue, a été prise par les François.

On a appris l'arrivée du Ramillies à la Jamaïque, on affure que l'Amirauté a donné des ordres pour que la conduite du Capitaine Moultrie, foit examinée par un Confeil de guerre. On s'attendoit bien qu'on ne lui pardonneroit pas le malheur qu'il a eu de laiffer enlever la flotte des deux Indes qu'il efcortoit. On dit que M. Mann, Capitaine du Cerbère, ayant rencontré lá flotte Angloife quatre jours avant fa prise, lui avoit donné avis de la latitude à la quelle il avoit vu quelques jours aupara vant les flottes combinées; on prétend auffi que le Commodore Johnfthone lui avoit fait donner le même avis; en ce cas, il est très-singulier qu'il n'en ait pas profité. On affure que ce Commodore qui s'eft rendu fi fameux dans fa ftation à Lisbonne, va repartir; mais on varie fur fes projets. Les uns lui donnent une forte efcadre pour croifer entre Lisbonne & les Açores; d'autres prétendent qu'il fera feulement un voyage en Portugal pour y fuivre différens pro

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