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j'ai bien de l'impatience de l'entendre répéter par ce Lord", — Milord Germaine répondit : qu'il » avoit les plus fures autorités, pour confirmer à » la Chambre que le Congrès avoit arrêté qu'il ⚫ n'ouvriroit l'oreille à quoique ce foit au-deffous » de l'indépendance; mais qu'il y avoit lieu de » croire que le Congrès n'entameroit aucune Négociation de Traité, fans la participation & le confentement de la France; qu'enfin il n'avoit » connoiffance d'aucune propofition ou infinuation » directe ou indirecte de la part du Congrès à d'autres conditions . De cette explication arra chée au Lord Germaine, on a conclu qu'il n'eft déjà plus au pouvoir de l'Angleterre de faire fa paix avec l'Amérique, par le feul facrifice de fes droits de Souveraineté fur ce Pays; que le moment ou l'Angleterre auroit pû fe procurer la paix, en recón noiffant l'indépendance des Etats-Unis eft paffé, & que, foit que l'Anglettere retire volontairement fes troupes, foit qu'elles fe voient forcées à repaffer en Europe, avant peu' l'Angleterre fera contrainte de continuer la guerre, pro aris & focis, contre l'union indissoluble de l'Amérique & de la Maison de Bourbon. On a remarqué auffi une contradiction manifefte entre les affertions des Membres du parti Ministériel, en ce que le Chevalier Richard Sutton avoit dit le 6, qu'il opinoit pour continuer la guerre contre l'Amérique, parce qu'on ne pouvoit pas faire la paix avec elle, tandis que Milord Germaine a déclaré que l'Angleterre feroit la maitreffe de traiter demain de la paix avec le Congrès, fi elle youloir lui accorder l'indépendance. Ces deux opinions ne peuvent le concilier qu'en fuppofant, comme on vient de le faire voir, que la paix dépend aujourd'hui de quelque chofe de plus que de l'indépendance de l'Amérique.-M. Fox que l'explication de Milord Germaine ne fatisfaifoit point encore, parce qu'elle ne faifoit que ramener

les chofes à leur ancien état, rappella à la Chambre que M. David Hartley, dans le dernier Parlement, avoit informé la Chambre que le Congrès étoit difpofé à entrer en Négociation fans le concours de la France, & que ce même M. Hartley, quoique très-éloigné de vouloir qu'on accordât l'indépendance à l'Amérique, avoit propofé de faire avec elle une trève de dix ans, pendant laquelle elle auroit ufé des droits de l'indépendance. C'étoit bien là, dit M. Fox, nous faire entendre qu'on ne regardoit point le concours de la France comme indispensable.

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Le Colonel Hartley appuya cette affertion de M. Fox. » Il eft bien certain, dit-il, que mon frère étoit chargé par une perfonne qui avoit les » pouvoirs du Congrès de déclarer qu'il ne feroit point de difficulté de conclure une trève de dix » ans, pendant laquelle l'Amérique jouiroit de l'indépendance, fans que fa prétention à ce droit » fût publiquement reconnue par l'Angleterre : qu'à

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la faveur de cette trève, une communication » amicale se rétabliroit entre les deux Peuples, & » pour l'Angleterre une participation au Commerce » de l'Amérique que c'eût été un pas de fait vers

un accommodement; qu'à la faveur de cette » avance, l'Angleterre auroit pû diriger la totalité » de fes forces, contre les Puiffances inquiètes & »jaloufes qui fe font mêlées dans notre querelle avec »nos Colonies: que ces ouvertures avoient été » communiquées aux Miniftres, tant en Parlement » que dans le Cabinet; mais qu'on n'avoit pas » voulu s'y rendre «. — - Le Vicomte Mahon remit fur le tapis les propofitions faites il y a trois ans aux Commiffaires, où de retirer les troupes, ou de reconnoître l'indépendance, & il dit qu'il lui paroiffoit que c'étoit encore fur ce point que rouloit la queftion. Milord Germaine ne voulut point pouffer plus loin la difcuffion, étant fans doute bien affuré que même une trève & une jouissance passagère de

l'indépendance n'eft plus ce qui fatisferoit le Congrès, & qu'il entend que l'article préliminaire de rout Traité foit la reconnoiffance pleine & abfolue de l'indépendance. Le Comité fit fon rapport de l'aireffe qui fut approuvée, & dont furent chargés les Membres de la Chambre qui font du Confeil Privé «.

Il ne fe paffa rien de remarquable dans les féances du 8 & du 9.

» Le 10 il fut arrêté que la motion (faite le 9) pour le fubfide, fera la matière des délibérations du 13. (Milord North pourra y affister, ayant reçu du monde le 10.)- Le Chevalier Grey Cooper demanda qu'il fût fait lecture de l'acte de la vingtième année du règne actuel, & l'admiffion d'un bill pour que cet acte continuât à être en vigueur. C'est celui qui donne aux Miniftres le pouvoir de faire faifir tout Américain suspect de haute trahison & fous le même prétexte, les autorise à s'aflurer pareillement de tout fujet Britannique pris à la mer, & à retenir les uns ou les autres en prifon fuivant leur bon plaifir. La propofition du renouvellement de cette loi fut fortement mais inutilement combattue.. M. Backer qui appuya le Chevalier Younge dans les efforts qu'il fit pour la faire rejetter, repréfenta qu'il y avoit plus de 400 perfonnes que cet acte retenoit dans les fers depuis le commencement de la guerre, fans efpoir d'obtenir leur Jugement. L'Avo cat-Général & le Procureur-Général furent chargés de rédiger le bill. Suivit une motion du Chevalier Jennings Clerke, pour que les Commiffaires des Comptes publics, fiffent au plutôt à la Chambre le rapport de leur travail. (On fe fouvient que ces Commiffaires furent choifis par Milord North dans le nombre de fes créatures, & qu'il efcamota en quelque forte au Colonel Barré le bill pour cer établiffement, dont ce Député avoit eu & donné la, première idée.)

Le Secrétaire de la guerre M. Jenkinson déclara qu'il ne s'oppofoit point à cette motion, quoiqu'il füt fcandalité de ce que le Chevalier Clerke avoit avancé que les Commiffaires en question jouiffoient d'un falaire tandis que la Chambre n'avoit rien statué à cet égard, & que feulement elle pourroit délibérer pour récompenfer leur travail par une gratification, s'il y avoit lieu, La féance finit par une difcuffion fur l'heure à laquelle la Chambre commenceroit chaque jour les délibérations fur les affaires publiques. Le Chevalier Jofeph Mawbey propofa que la Chambre ceffât de s'occuper des affaires particulières à 3 heures qui eft le tems où les Négocians, les Gens de Loi, les Miniftres commencent à être libres. Mais la motion pour l'ajournement ayant été traitée la première, il n'y eut rien de décidé fur celle du Chevalier Mawbey. La Chambre s'ajourna au lundi 13 Novembre.

Le 9, il y eut une affemblée générale des Actionnaires de la Compagnie des Indes, dans laquelle M. Fitzgerald fit la motion qu'il fût nommé un comité de 12 Actionnaires pour examiner l'état général des af faires de la Compagnie. Il fut arrêté que cette motion feroit prise en confidération le mardi 14. A cette occafion il fut parlé du compte fait par la Direction, fuivant lequel la propriété liquide de la Compagnie monte annuellement à la fomme nette de 5,963,817 liv. fterl., non compris la valeur de fes poffeffions en Angleterre & dans l'Inde, telles que fon Hôtel à Londres, fes Magafins & fes fortereffes dans l'Inde, &c. le tout évalué à plus de 7 millions fterl. On vit auffi par les dernières lettres du Bengale

gale qu'il y a actuellement dans la caiffe de cette Préfidence, 304 lacs de roupies qui, à 2 fchellings 3 den. chacune, forment la fomme de 3 millions fterl.

La Compagnie tient à Falmouth un avifo prêt pour partir avec les ordres qui feront le réfultat de l'affemblée générale du 14 de ce mois. Le Capitaine d'un bâtiment arrivé il y a 8 jours, à Corke, & venant de Fayal, rapporte qu'il a rencontré 3 chaloupes de la Compagnie, détachées à fes vaiffeaux deftinés pour l'Angleterre, & chargées, à ce qu'il fuppofe, de les avertir du danger qu'ils auroient à courir de la part des efcadres Francoifes & Efpagnoles, précaution qui, felon lui, étoit très-néceffaire, puifqu'il y a en croisière devant Madère 4 vaiffeaux de ligne & 4 frégates détachées de la flotte combinée.

On dit que M. Laurens a eu la permiffion de fe promener dans les dehors de la Tour pour prendre l'air; mais avec une garde fûre, & que le 8 il n'avoit pas encore profité de cette permiffion.

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Le 10, il a été préfenté à la Cour du banc du Roi par l'Avocat-Général, au GrandJuré, un bill d'Indictment pour haute trahifon, contre le Lord George Gordon; le Grand-Juré a admis ce bill & l'a remis au Clerc de la Couronne. En conféquence, le 14, ce Lord fera amené de la Tour par ha beas corpus à la barre du Banc du Roi, & après lecture à lui faite de l'Indictment, il fera requis de choisir un Avocat à qui il fera 25 Novembre 1780.

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