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remis copie de l'Indictment. Il fera pris jour enfuite pour fon Jugement; & l'intervalle ne pourra être moindre de 10 jours,' pour que le prifonnier puiffe examiner les charges, & s'il le juge à propos, récufer le Juré.

L'Evêque d'Ofnabrug ne fera pas, comme on le prétendoit, le premier de fa famille qui réunifle les Ordres Militaires à ceux de l'Eglife. Le feu Duc de Cumberland étoit auffi en même tems Prince temporel & Prince fpirituel.

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Aux détails que nous avons donnés fur le dernier & malheureux voyage du Capitaine Cook, nous en joindrons quelques autres qu'on vient de nous faire paffer, & qui ne peuvent qu'intérefler nos Lecteurs.

Les Officiers & les Equipages des deux Vaisseaux avoient paffé quelques femaines à terre dans une des Ifles du Kamtfchatka, où les Naturels du Pays leur témoignèrent la plus grande hospitalité. Un violent coup de vent étant furvenu & la mer étant fi agitée qu'ils ne pouvoient refter fans danger dans la Baie, ils mirent à la mer pendant quelques jours, jufqu'à ce que la tempête fût calmée. A leur retour au Kamtfchatka, ils trouvèrent les Naturels rangés en ligne de bataille fur la côte, armés de maffues, &c. pour s'opposer à leur débarquement. Ces Sauvages s'imaginèrent que les Anglois vouloient leur faire du mal. Le Capitaine Cook s'appercevant de leurs inquiétudes & voulant les diffiper, fe rendit à terre avec l'Equipage de la chaloupe, & s'avança même seul à un espace confidé. rable pour faire entendre à l'un des Chefs qu'il ne vouloit leur faire aucun mal; mais il fut entouré par une centaine de ces Sauvages, qui le tuèrent avec leurs armes de bois. Pendant ce tems-là, une

troupe beaucoup plus confidérable pourfuivoit les gens de la chaloupe, & ce ne fut qu'avec les plus grandes peines qu'ils joignirent les vaiffeaux.

Les Officiers qui étoient reftés à bord, ayant vu avec leurs lunettes le maffacre de leur brave Capitaine par les Sauvages qui paroiffoient s'apprêter à dévorer fon cadavre, tandis que d'autres dans des canots s'efforçoient de les aborder, tirèrent d'abord quelques canons chargés à poudre feulement dans l'intention de leur faire abandonner la place pour pouvoir defcendre à la côte & enlever le corps de ce brave Capitaine. Mais ces Cannibales au lieu d'être effrayés des coups de canon, s'avançoient, vers le rivage en plus grand nombre fans autre précaution que de s'envelopper dans une efpèce de nate, felon leur coutume lorfqu'il fait du tonnerre & des éclairs; ils s'imaginoient que le feu du canon n'étoit d'une autre nature.

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pas Les Officiets alors urèrent à boulets fur ces Barbares, en tuèrent une centaine, & réduifirent en cendre leur village. Ils prirent auffi-tôt la fuite dans la plus grande confternation; & les Equipages étant defcendus à terre empórtèrent le corps mutilé du brave Cook, qui après les cérémonies ufitées en pareil cas fut jette à la mer. Nos gens, après lui avoir rendu ces der niers devoirs, reprirent la route de leur deftination.

Les habitans de ces Ifles ne portent d'autre habit que les feuilles d'un arbre particulier à ce pays; & elles ne fervent qu'à couvrir leur nudité. Elles ref femblent beaucoup au chanvre; mais leurs fils font auffi fins que la foie. Ils en font des cordes pour affujettir les pièces de bois qui forment leurs huttes & pour leur fervir d'habillement. Nos gens ont apporté en Angleterre une grande quantité de ces. feuilles. On en a même fait des cables de treize pouces, affez forts, pour un vaiffeau de guerre du premier rang. Les Naturels n'ont d'autre inftrument qu'une forte de hache faite de cailloux. C'est

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avec ces outils qu'ils abattent des arbres, &c., pour faire leurs canots & construire leurs cabanes. Mais telles qu'elles font, il y a une fi grande difette de ces haches que les habitans fe les empruntent d'une Ifle à l'autre. Ils font quinze jours à abattre un arbre, qui pourroit l'être en une demi-heure avec une fcie ou une hache ordinaire. Nos gens ont fcié par le pied & emporté ainfi plufieurs arbres. Ces inftru- ́ mens ont paru merveilleux à ces Infulaires, & un de leurs chefs, avec une douzaine de perfonnes de fa fuite, eft venu de très-loin pour les confidérer & en voir l'effet. Le Capitaine Cook leur fit préfent de quelques haches & fcies qu'ils prirent avec tous les témoignages de la reconnoiffance, de la furprife & du raviilement. Ils ont des Prêtres & une ef. pèce de Mariage. Si un Kamtschadale a fix filles, il n'y en a que quatre qui puiffent fe marier, les deux autres font réservées pour fervir au commerce illicite de toute la Tribu. Mais fi quelqu'une de' celles à qui le mariage eft interdit devient groffe, fon enfant est tué immédiatement après fa naiffance. Ils donnent pour raifon de cet ufage barbare, que fi on laiffoit vivre tous les enfans, comme leur pays eft extrêmement ftérile, ils n'auroient plus de fubfiftance & fe trouveroient réduits à l'alternative, ou de mourir de faim, ou de fe dévorer réciproqueDans plufieurs de ces Ifles, on ne trouve d'autres animaux que des rats, des chiens & des cochons. Ils fe nourriffent de ces derniers qu'ils enveloppent dans des feuilles & font rôtir, Quelques-uns de ces cochons font très-bons à manger.

ment.

Le fol eft extrêmement fertile; mais les habitans n'ont pas la moindre idée de culture. On trouve du fel très-fin fur la plupart de leurs côtes. Ce fel eft formé par les chaleurs extrêmes de l'été, par la qualité particulière de l'eau de la mer.

&

Le poillon abonde fur quelques-unes des côtes & fur-tout le turbot, que les habitans mangent avec

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voracité, parce qu'il eft très-bon, & il y en a qui pefent jufqu'à trois cent livres. D'autres de ces

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Ifles produifent d'excellentes patates, des yams & une espèce particulière de noix de Coco renfermant une liqueur précieufe d'une nature différente de ce qu'on avoit jamais vu auparavant dans toute autre partie du monde. On trouva dans une ou deux de ces Inles des fourrures du plus grand prix, quelquesunes defquelles furent très bien vendues à Canton par les Equipages. On prit dans ces mers une efpèce de cheval marin, du poids d'environ quatre milliers, & d'une groffeur extraordinaire. Quand on 'l'eut ouvert on vit qu'il étoit plein d'herbes marines. Cette découverte furprit beaucoup, parce qu'il avoit été pris dans une mer très profonde. On fonda le fond en plufieurs endroits, & on en tira une grande quantité de pareilles herbes, ce qui fit juger que tout le fond en étoit couvert, & que le cheval matin s'en étoit nourri. Il fut mangé prefqu'en entier, & fa chair ne parut point du tout défagréable Lorfque les Equipages defcendirent à terre dans quelqu'une de ces Ines du Nord, le Capitaine Cook leur recommanda toujours de n'avoir aucun commerce avec les femmes, & il les avertit qu'il donneroit les noms de ceux qui lui défobéi'roient fur cet article, au Roi & aux Lords de l'Amirauté, & qu'il empêcheroit leur avancement dans le Service. Après la mort des Capitaines Cook & Clark, leur Garde-Robbe fut partagée entre les Officiers, dont quelques-uns manquoient d'habits. --La fanté parfaite dont les Equipages ont joui pendant tout le cours de l'expédition, eft due à la capacité & aux foins infatigables du Capitaine Cook, dont les ordres furent fuivis avec la plus exacte précision. Il tira différentes fortes d'eaux des rivières de divers pays, pour effayer fi elles pourroient s'épurer après s'être corrompues cela arrive à l'eau de la Tamife, & toutes effayées

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- comme !

en différens tems, étoient reftées auffi fraîches que lorfqu'elles avoient été miles à bord. De la dernière pointe de la Sibérie, les Voyageurs allèrent à la côte de l'Amérique ; mais ils ne trouvèrent point le paffage fi defiré, à caufe des glaces qui s'étendent d'un bord à l'autre, dans une largeur de plus de trois cents lieues. De la Sibérie en Amérique, la glace en général avoit quinze braffes d'épaisseur, & la mer trente à quarante de profondeur. Quoiqu'on fût alors dans le Solftice d'été, la chaleur ne faifoit prefque point d'impreffion fur la glace, qui fe trouva toujours folide d'un rivage à l'autre. Ils pénétrèrent jufqu'au 74° degré de latitude, c'eft à-dire trois degrés plus loin au Nord qu'aucun Navigateur. Du moins, c'eft ce qu'aucune perfonne n'avoit jamais fait dans ces mers. Entre la Sibérie & l'Amérique, on n'a trouvé d'autres poiffons que des baleines qui y font en grande quantité. Ainfi le Difcovery & la Réfolution ayant navigué d'un rivage à l'autre fans voir la plus petite apparence d'un paffage à caufe des glaces infurmontables qui ferment l'entrée de ce continent, les Navigateurs qui ont le plus d'ardeur, de théorie & de pratique perdront fans doute pour jamais l'efpérance de trouver ce paffage qui pourtant feroit d'un grand avantage pour le commerce des deux mondes. - Deux perfonnes de diftinction & leur fuite font venues de Canton à bord des vaiffeaux. Quoique les Commandans euffent appris au Cap de Bonne-Efpérance que les François & les Efpagnols n'avoient point deffein de les molefter dans leur voyage, ils crurent qu'il étoit plus prudent de venir en Angleterre par les Arcades. Les ennemis probablement n'auroient pas pris leurs vaiffeaux s'ils les euffent rencontrés mais la curiofité auroit pu les porter à examiner lears papiers, & ces Commandans ont jugé avec raifon qu'il n'étoit pas de l'intérêt de la GrandeBretagne de les laiffer vifiter par qui que ce für.

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