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-Les Owhyhens (parmi lefquels le malheureux Capitaine Cook perdit la vie) font le peuple le plus ingénieux que les Navigateurs aient jamais rencontré. En effet leurs Manufactures, leurs inftrumens de guerre, &c. apportés en Angleterre, prouvent qu'ils font extrêmement induftrieux. En général leurs habits font ornés de plumes blanches, rouges & jaunes; le bonnet porté par le Chef, & décoré de ces trois plumes artiftement mélangées, a exactement la forme d'un cafque Grec ou Romain, & il eft fait avec tant de goût & d'élégance qu'il auroit « pu très-bien figurer fur la tête d'un Alexandre ou d'un Céfar. Leurs lances & leurs dards font faits d'un bois dur reffemblant au bois de teinture; ces armes font travaillées & affilées avec la plus grande propreté. La feule notion qu'ils euffent des armes à feu, avant la malheureufe affaire du Capitaine Cook, étoit que le feu de ces armes les brûleroit ; & toutes les fois qu'on les menaçoit de tirer fur eux, ils couroient auffitôt fe jetter à la mer où fe croyant en sûreté ils bravoient très plaifamment les Européens.

FRANCE.

De VERSAILLES, le 21 Novembre.

LE 29 du mois dernier, le Roi a nommé Coadjuteur de l'Evêché d'Orléans, l'Abbé de Jarente, ancien Agent Général du Clergé de France, qui a eu l'honneur de faire à cette occafion fes remerciemens au Roi & à la Famille Royale.

Le Comte de Mouftier, Miniftre Plénipotentiaire du Roi près l'Electeur de Trèves, qui étoit de retour en cette Cour par congé, a eu l'honneur d'être préfenté

le 12 de ce mois à S. M. par le Comte de Vergennes, Miniftre & Secrétaire d'Etat au département des Affaires étrangères, & de prendre congé du Roi pour retourner à fa deftination.

M. Girardin, Architecte, accompagné du Chanoine député du Chapitre de la noble & infigne Eglife de St-Martin de Tours, a eu l'honneur de préfènter au Roi & à la Famille Royale le modèle en relief des reconstructions à faire dans ce Temple dont les Rois de France font les Chefs.

De PARIS, le 21 Novembre.

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PEU de momens après que les lettres de Cadix du 27 du mois dernier, nous curent appris que M. le Comte d'Estaing faifoit ravitailler la flotte & le convoi avec la plus grande célérité, nous avons fu par un courier extraordinaire, expédié de Madrid, que ce grand travail a été achevé en moins de tems qu'on n'avoit ofé l'efpérer, & que ce Général a appareillé le lundi au foir 30 Octobre. Dès le 26, les bâtimens de la Méditerranée étaient partis fous l'efcorte des frégates la Courageufe, la Boudeufe & la Cérès. Il faut que M. de Marin foit revenu à Cadix avec fa petite efcadre quelques jours après M. de Guichen, car M. d'Estaing eft forti avec les 38 vaiffeaux de ligne François & les navires deftinés pour Bordeaux, la Rochelle & Nantes.

Le même courier a annoncé que D. Louis de Cordova devoit appareiller le lendemain à fon tour avec 26 vaiffeaux de ligne pour croifer à l'ouverture du Détroit. Si le vent a favorifé notre flotte, elle peut être aujourd'hui dans la rade de Breft; mais il n'y auroit rien d'étonnant fi elle mettoit 30 jours & même plus de tems encore à cette traversée.

Les lettres de Londres en date du 10, portent qu'un bâtiment arrivé à Falmouth a laiffé le z l'Amiral Darby croifant fur le cap Lézard. Un courier extraordinaire arrivé de Breft, nous donne des nouvelles plus fraîches de cette flotte; elle a été fignalée d'Oueffant le 10 & le ; elle étoit compofée alors de 17 vaiffeaux de ligne & de quelques frégates. Si elle refte dans ces parages, il eft vraisemblable que ce ne fera que jufqu'à l'approche de M. le Comte d'Estaing.

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C'étoit une fauffe nouvelle que celle qui annonçoit des bâtimens vivriers entrés dans Gibraltar, elle venoit de Madrid; elle est détruite par les derniers avis venus de Cadix & d'Algéfiras. Un feul bâtiment est entré dans la baie de Gibraltar, comme on le verra par la lettre fuivante."

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Il ne s'eft rien paffé d'intéreffant au camp depuis 8 jours. On a élevé une batterie de deux canons nom Join du Fort Saint-Philippe, fur les jardins même détruits par nos troupes, fans que les ennemis aient tenté de l'empêcher. Tous les navires armés en ftahs

tion dans le port d'Algéfiras, font toujours en acti vité. On a achevé d'armer quelques brûlots & des chaloupes canonnières qui nous font d'un trèsgrand fecours, puifqu'elles empêchent actuellement que les barques ennemies ne viennent pêcher dans la baie. C'est une reffource dont la garnifon fe trouve privée. Aucun vaiffeau ravitailleur n'a paru, quoique nous ayons fouvent eu de fauffes alarmes données par les fignaux de nos côtes. La femaine dernière, à la pointe du jour, nous découvrîmes un dog Anglois qui s'étoit gliffé dans la baie; il étoit toué par des chaloupes, & nous ne favons pas s'il vient de l'Océan ou de la Méditerranée, ni quelle eft fa cargaison. Depuis ce tems-là il nous eft vena un feul déferteur, c'est un foldat qui, étant en faction, s'étoit dépouillé de fes habits & de fes armes pour le jetter à la mer. On lui tira quantité de coups de canons auxquels il eut le bonheur d'échapper. Il ne fe plaint que du travail rigoureux qu'il avoit à fouffrir; du refte, dit-il, la garnifon ne manque point de pain & de viande falée Nous n'avons pu en favoir davantage de lui. Le chébec le SaintSébastien eft revenu de Cadix, où il avoit été fe radouber. Le Saint-Louis va fortir à fon tour, & fe rendre dans le même Porte

objet «.

pour le même

M. de Kerfaint dit que c'eft par les 24 degrés & non par les 40 qu'il a rencontré l'Amiral Rodney, ce qui eft bien différent; car à cette hauteur il lui étoit libre de retourner aux Antilles. Cependant M. de Kerfaint ne doute pas qu'il n'ait été à l'Amérique Septentrionale, dans l'efpérance d'y trouver M. de Guichen. On s'eft dit à l'oreille pendant deux jours, & on a dit enfuite hautement, qu'il avoit attaqué M.

de Ternay, & qu'il lui avoit brûlé 6 de fes vaiffeaux. Mais cetre nouvelle ne porte fur rien. Il n'y a point eu de nouvelles de ces parages dans nos ports ni dans ceux d'Angleterre. Tous les Officiers qui viennent de Rhode-Ifland aflurent que le port eft fortifié de manière qu'il ne craint pas les approches de toutes les forces de l'Angleterre réunies.

Un M. de la Touche, arrivé à l'Ifle d'Aix, a fait croire à tout Nantes que c'é toit le Commandant de l'Hermione qui étoit arrivé & enfuite l'Hermione elle-même ; mais cette frégate n'a point paru. Il n'eft pas certain non plus qu'elle ait été prife par l'Amiral Graves, comme quelques papiers Anglois voudroient le faire croire.

» Nos convois de la Manche, ceux de Bordeaux & de l'Orient, écrit on de Breft, font arrivés heureufement fans avoir été inquiétés, & en auffi bon état qu'on pouvoit le defirer. Nous attendons la flotte de M. de Guichen & fon riche convci, pour lequel on ne craint plus, vu l'escorte qu'il ramène de Cadix Le vaiffeau le St-Efprit, actuellement en rade depuis fon radoub & fon radoubage, avoit une voie d'eau qui faifoit craindre qu'on ne fut obligé de le faire rentrer dans le port, & même dans le baffin; mais la voie d'eau a été reconnue dans le centre du vaiffeau; elle ne caufe aucune inquiétude, puifqu'elle ne peut augmenter; & le St-Efprit a été jugé en état d'entreprendre telle miflion, dont on jugera à propos de le charger. La frégate l'Aftrée eft entrée dans le baffin pour y être doublée en cuivre «.

Nous venons de voir paffer trois cu quatre nouveaux radeaux compofés de mats

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