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long-tems l'idée de nous conquérir par la force des armes, ont changé une guerre mâle & offenfive en une guerre de déprédation pitoyable, dont le vil objet eft de vous jetter dans la détreffe efpérant parvenir ainfi à vous laffer. Employant avec affiduité cette induftrie fcélérate dans laquelle on voit fouvent percer l'artifice & lá fraude, à semer la diffenfion parmi nous, ils réuffiflent à vous plonger dans ces accès d'indolence momentanée, à laquelle ils doivent le petit nombre de fuccès dont ils s'enorgueilliffent; telle eft leur dernière reffource, & c'est peut-être dans ce cas feul que leur orgueil & leur ignorance ont cédé à des motifs de difcrétion; mais il eft auffi généralement reconnu, qu'en faifant un effort commun, nous fommes en état d'extirper du Continent ce qui refte des forces ennemies, de terminer la guerre & de refter en poffeffion de cette paix, de cette liberté, de cette fureté pour lefquelles nous avons jusqu'à-préfent furmonté tant de difficultés, verfé notre fang en fi grande abondance. Quand bien même les chofes ne feroient pas ainfi, notre grand & généreux Allié, animé du zèle le plus pur pour les intérêts communs, par l'affection qu'il porte à notre caufe, par le refpect que lui infpire notre verta, nous a fait paffer des renforts affez formidables pour mettre cette glorieufe iffue entièrement en notre pouvoir. D'un autre côté, la Providence en accordant récemment à l'ennemi un fuccès partiel, a tellement divifé les troupes, qu'il eft actuellement impoffible qu'une partie de les troupes prête du fecours à l'autre; fi donc nous ne manquons pas à nous-mêmes en manquant à nos Alliés, fi notre intention n'est pas de renoncer à l'interpofition favorable du ciel, de fournir un triomphe barbare à notre ennemi hau tain & fermé aux fentimens de l'humanité, convainquons par un effort héroïque ces raviffeurs cruels, de la poffibilité & de la détermination dans lesquelles 4 Novembre 1780.

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nous fommes de les expulfer de notre pays. - De tous les maux dont nous nous plaignons, il n'en eft pas un qui ne foit compris dans la continuation de la guerre ; plus cette continuation fera longue, plus ces maux s'accumuleront. Mettez à l'une un heureux terme les autres difparoîtront à l'instant; à l'inftant le crédit de notre argent renaîtra, les taxes deviendront modérées, le commerce rentrera dans fes canaux naturels, & l'avarice fe verra forcée à fe contenter de gains modérés, la fpéculation & le monopole difparoîtront pour jamais ; vous verrez les étrangers de tout rang accourir en foule dans notre pays pour y jouir de cette liberté pour laquelle nous avons fi bravement combattu, Nous plaindrons-nous toujours des détreffes du tems, tandis qu'il eft en notre pouvoir d'y mettre un terme au moment où nous le jugerons à propos ! Seronsnous fans ceffe auffi parfaitement inftruits que nous le fommes des deffeins de l'ennemi, & ne prendrons-nous jamais des mefures pour les contrarier efficacement, pour les faire avorter! Si nous formons des voeux pour le retour de la paix, de la profpérité, rien ne manque à leur accompliffement que la vigueur néceffaire pour chaffer l'ennemi de notre pays; ce n'eft qu'au moment de fon expulfion que nous verrons, ceffer les trames fecrètes de la mauvaise intention & de la trahifon : c'est donc à nous-mêmes qu'il appartient de déterminer fi nous ferons les vainqueurs ou les vaincus, fi nous établirons un empire vafte, floriffant & libre, ou fi nous nous rendrons définitivement à la difcrétion, à la perfidie du tory fme, à la rapacité de la tyrannie. Nous fomines appellés comme les autres Etats nos freres à joindre notre grand Général & fa brave & vertueufe armée pour coopérer avec les forces de S. M. T. C. à la réduction de New-York, Eft-il quelque chofe qui puiffe égaler l'avantage & la réputation attachée à l'iffue de cette glorienfe en.. treprife? Qui de vous, fentant encore en dedans en

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lui-même une étincelle de courage & de patriotif me, pourroit fouffrir que l'hiftoire apprît à la poftérité que la Penfilvanie, dont les nobles efforts avoient également manifefté la bravoure & les facultés, après avoir fait preuve pendant cinq ans de la fermeté la plus inébranlable, de la réfolution la plus indomptable, après avoir fauvé le Continent de la ruine qui paroiffoit le menacer, au moment de crife qui devoit décider de fon fort, après avoir fupporté fi glorieufement le poids de la guerre, foutenu par le crédit & la libéralité de fes citoyens, & les armées des Etats-Unis, a abandonné la contef tation au moment qui alloit la décider, & par la folie d'une heure, a terni la gloire qu'elle s'étoit acquife pendant plufieurs années. Indépendamment de l'honneur & des avantages qu'une heureuse conclufion de la guerre aflurera à cet Erat, en commun avec les autres, la Penfylvanie a des raifons particulières de développer avec plus d'énergie les efforts dont elle eft capable. L'accroiffement immédiat l'évènement apportera dans la maffe de fes richeffes & de fa population, rend plus fenfible encore l'intérêt qui la porte à pouffer les opérations de la campagne avec une vigueur extraordinaire. D'ailleurs, la nature de nos affaires eft telle qu'il n'eft pas un homme dans l'Etat qui ne puiffe être utilement employé, qui ne puiffe jouir du plaifir délicieux de raconter à fes enfans, dans les heures paifibles de la fécurité domeftique, la part qu'il a prise à la décifion de la grande querelle, & combien les efforts particuliers ont contribué au falut de fon pays. La main bienfaifante du Ciel infiniment bon en nous difpenfant d'abondantes récoltes, nous a fourni les moyens de pourvoir aux befoins de nos armées dans le cours de la campague, & c'eft de ces moyens que dépendent le fuccès de leurs opérations; par conféquent il n'eft pas un habitant parmi nous qui, foit au champ de Mars, foit dans nos foyers, n'ait

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que

guerre

en fon pouvoir de contribuer à la conclufion de la & au bonheur d'arrêter l'effufion ultérieure du lang. Nous vous prions de réprimer l'efprit de mécontentement oppofé à l'efprit de charité, tant à l'égard de ceux qui nous gouvernent, qu'à l'égard de vous-mêmes les uns envers les autres. Rappellez-vous fans ceffe que notre grande force confifte dans l'union, & que l'état de guerre 'eft nécessairement inféparable des calamités & de la détreffe. Rappellez-vous auffi combien il eft difficile pour ceux à qui la conduite des affaires eft confiée, de régler la police intérieure de la manière la plus avantageufe, de faire rendre compte aux hommes foupçonnés de péculat, tandis que leur tems eft entièrement employé à vous fournir les moyens de repouffer les attaques, ou d'arrêter les progrès de l'ennemi commun. C'est envain que nous déplorerons les calamités de tems, les dévaftations auxquelles notre pays eft exposé. C'est injustement que nous blâmerons la conduite de ceux qui nous gouvernent, fi nous ne nous préfentons pas nousmêmes avec l'activité la plus déterminée pour foutenir les efforts de l'autorité, étouffer les murmures de l'entêtement, du mécontentement & forcer tout ce que l'Etat a d'Habitans, fans en excepter ceux mêmes qui font mal intentionnés, à contribuer au fecours immédiat de l'Amérique. Placés à la tête du: Gouvernement, revêtus du pouvoir de mettre en exécution les mesures qui paroiffent les plus falutaires, nous défirons devoir le bien que nous pouvons faire à vos fentimens, à votre patriotisme plutôt qu'au développement poffible de l'autorité; nous vous conjurons donc au nom de tout ce qui eft capable d'animer les hommes, d'ajouter de la vivacité à l'espérance, de la vigueur à la réfolution, de ne pas fouffrir qu'autant qu'il dépendra de vous les malédictions d'une nouvelle campagne s'étendent fur l'Amérique. Les forces de notre Allié ont traverfé l'Océan; elles font déja entrées en campagne

déterminées à par

prêtes à combattre pour nous, tager avec nous le danger & la gloire de terminer la guerre. Les yeux de l'Europe entière font fixés fur nous. La dévaftion de nos frontières, les pleurs des femmes, des enfans fuyant en détrefle devant des Sauvages inhumains, les cris des enfans innocens maffacrés en préfence de leurs pères & mères prifonniers, vous indiquent le chemin qui conduit au champ d'honneur. Les ombres de nos concitoyens fuffoques dans les prifons des vaiffeaux, morts de faim dans les cachots de New-Yorck vous demandent vengeance; & il femble que la Providence nous déclare que fon intention eft que les coupables foient punis dans l'endroit où ils ont commis leurs crimes. Il femble qu'elle nous ait chargé de ce service honorable. Amis, Concitoyens, animez-vous donc à la voix de votre pays, donnez encore aux Etats, vos frères, un exemple digne de la Pensilvanie. Jettéz les yeux fur cette liberté, fur cette chère liberté, pour laquelle vous avez volé aux armes avec tant d'empreffement. Envifagez cette paix, cette sûreté cette indépendance pour lesquelles vous avez fi long-tems foupiré. Tous ces biens font à la portée de votre main, & feront la récompenfe des efforts vigoureux que vous ferez. Fourniffez en tems convenable les chofes néceffaires à l'entretien des troupes. Suivez avec alacrité au champ d'honneur l'Offi cier qui vous commandé; participez avec lui & avec vos frères des Etats voifins, à la gloire de terminer la conteftation. Accélerez le retour du moment précieux où vous verrez feurir l'agriculture, revivre le commerce, la paix régner fur vos confins & l'abondance embellir vos foyers".

FRANCE.

De MARLY, le 31 Octobre.

Le Roi a nommé à l'Abbaye de Bon

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