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wallis font celles fur lesquelles on s'arrêté avec le plus de complaifance, & dont on cherche à tirer l'augure le plus favorable pour l'avenir. Un Américain- a effayé de rabattre nos espérances par les réflexions fuivantes, fur un évènement dont peut-être en effet nous attendons de trop grandes con-féquences.

La dernière action de la Caroline eft celle de toutes qui m'a le moins affecté. Il falloit abfolu ment, pour l'ouverture prochaine du Parlement une action où l'on hazardât tout pour pouvoir s'attribuer une victoire, quitte à exagérer le fuccès, & à diminuer ce qu'il a coûté. Si les Anglois croyoient de pouvoir réuffir, ce n'étoit pas à notre extrémité méridionale qu'il falloit courir; c'étoit par la feptentrionale qu'ils euffent dû tomber fur nous: l'autre, fans coup férir, fuivra toujours finalement le fort de celle ci. Depuis tant de tems Clinton dans le centre ne peut rien contre Washington, qui le tient toujours en échec des hauteurs du Jersey; la milice des Jerfeys, de l'état de la Nouvelle-Yorck, de Connecticut, Maffachuffets-Bay, Hampshire, RhodeInland, Penfylvanie, Maryland, Virginie &c., eft plus aguerrie, & le deviendra toujours plus à mefure que la guerre durera encore : & après cela les Anglois n'ont qu'à effayer encore d'une, de deux, ou de trois campagnes s'ils peuvent, & envoyer pour cet effet fucceffivement trois fois 10,000 mercenaires. On ne les craint plus : Une seule chofe eft vraie; c'eft que fi nous avions affez de gros vailfeaux de guerre pour dominer dans le Sound & dans l'Eaft-River, il y a long-tems que New-York feroit à nous ou en cendres: car on peut la battre en ruine du rivage oppofé de Long-Inland. Encore une fois, laiffons railler les Apglomanes, & chanter

victoire à s'enrouer. Ils ne connoiffent ni notregéographie, ni notre fituation politique & militaire. Dans la vafte étendue que nous avons à défendre, il eft facile à nos ennemis, maîtres de la mer, de fe procurer à force de dépenfes, des fuccès momentanés dans les endroits foibles, toutes les fois qu'on a befoin d'en impofer au Public, & de lui donner une opinion erronée fur les fuites de tels fuccès. Mais jufqu'ici, dieu merci, nous favons que rien

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n'a pu ni ne pourra être décifif contre nous, & que tout peut l'être contre les Anglois, même leurs fuccès. Il leur arriyera finalement au fud ce qui leur eft arrivé au nord, de devoir évacuer, de gré ou de force, Savannah & Charles Town, comme ils ont dû le faire à Boston, à Rhode-Island, à Philadelphie, &c. N'ont-ils pas fait accroire alors à leurs admirateurs, qu'ils étoient les maîtres de la Nouvelle-Angleterre, de la Nouvelle-Yorck, des Jerfeys, de la Penfylvanie, des comtés de Delaware. Ils font aujourd'hui les maîtres de la Ville de NewYorck, de Charles-Town & de Savannah; & ils le feront, tant qu'ils pourront foutenir la gageure en y tenant des armées terreftres & navales, & en y envoyant continuellement leurs espèces, dont la circulation augmentant à mesure en Amérique, y fait baiffer naturellement la monnoie de papier, & la fera enfin difparoître. Voilà tout le mistère du prétendu mauvais état des finances continentales. Ils veulent continuer la guerre ? Soit: Il y aura encore du fang verfé de part & d'autre. Ils nous brûleront encore quelques Villes & Villages. Mais finalement ils n'auront pas notre pays; & nous aurons leurs efpèces. On eft auffi tranquille, & en paix à Boston, à Philadelphie, & dans des milliers de Villes, de Bourgs & de Villages qui exiftent, fans qu'ils le fachent, dans l'intérieur des Etats Unis, qu'on l'eft en Europe; & tandis que les hommes oififs,

ou intéreffés dans les fonds Anglois, les fifflent, & parlent à perte de vue de la guerre Américaine, ces Peuples s'occupent à perfectionner leur legiflation, à faire fleurir les Arts & les Sciences, le Commerce & l'agriculture chez eux, à laiffer penfer & parler de guerre le Congrès, & à ne quitter leurs charrues & leurs comptoirs, que lorfqu'Annibal feroit ante portas, &c.«.

On continue de débiter ici que le Général Clinton menacé par les François & les Américains réunis, a détaché 6 régimens de fes troupes, dont 3 Britanniques & Heffois pour la Caroline méridionale; mais peu de perfonnes croyent à ce bruit invraifemblable, on eft confirmé dans cette défiance par le bruit qu'on publie auffi qu'il demande au Gouvernement 10,000 hommes de renforts, pour le mettre en état de fe défendre & de former quelque entreprise. Le Confeil s'eft affemblé, dit-on, fur cette dépêche, & il y a été propofé de difcontinuer la guerre d'Amérique; mais l'opinion contraire a prévalu, & on fait tous les préparatifs néceffaires pour envoyer au Général les troupes qu'il demande; elles feront embarquées fur 100 bâtimens, efcortés par 10 vaiffeaux de guerre, & on fe propofe de les faire partir vers le milieu du mois prochain. Les ze, ie, 19e & 30e régimens qui font en Irlande ont reçu l'ordre de fe tenir prêts à partir. On écrit de ce Royaume que le Général Irwin qui y commande les troupes, leur a défendu tout discours

fur des matières politiques & fur-tout la lecture des Papiers publics. Cette défenfe, au moins fingulière, eft, dit-on, une précaution qu'il a prife pour empêcher les foldats deftinés à fervir au-delà des mers, de s'inftruire de bien des détails qui pourroient les en dégoûter. Mais comme on fait que pour l'efprit humain toute défense n'eft qu'un appât de plus, on a lieu de craindre que cette prohibition ne foit pas obfervée.

»On a déja parlé, dit un de nos papiers, de l'état précaire où font nos affaires à New-Yorck. Les detnières lettres de cette Ville confirment ces fâcheufes nouvelles. Il eft dit formellement dans les dépêches envoyées au Gouvernement, que fi les François fe rendent les maîtres de la mer, avantage pour lequel il n'eft befoin que de quelques vaiffeaux de guerre de plus, qui, felon toutes les apparences, ne tarderont pas à les joindre, il faudra renoncer à l'espoir de conferver New-Yorck, parce qu'il eft impoffible de s'y défendre à la fois contre deux forces fupérieures & contre la famine; que, d'après les proclamations du Chevalier Ternay, & du Marquis de Rochambeau, on eft généralement perfuadé que les forces qu'ils attendent & qu'ils annoncent font décidément fupérieures, fans quoi ils n'auroient pas parlé avec tant d'affurance de ce qui devoit en réfulter; que la prétendue expédition dans la rivière James eft une fable qui n'a pas le moindre fondement, la défenfe de New-Yorck étant une tâ che affez difficile fans fe diftraire d'un objet auffi important pour des entreprifes romanesques & extravagantes. On peut regarder les hommes qui compofent les différens corps fur le point de s'embarquer pour l'Amérique, comme autant de braves gens facrifiés fans retour à cette guerre destructive.

Il s'eft débité qu'il y avoit eu de violents débats dans le Cabinet relativement à ce projet. Le Chevalier Clinton a déclaré dans fes dépêches que fi on ne lui envoyoit fur le champ un renfort de dix mille hommes, il ne pouvoit ni procéder à des opé. rations offenfives, ni même répondre de la confervation de fa propre armée. En conféquence la queftion s'eft trouvée réduite à cette alternative, ou d'abandonner la partie, de retirer les troupes d'Amérique & d'accéder à une trève limitée fans reconnoître l'indépendance, ou d'envoyer dans ce pays les troupes demandées par Clinton. Le parti de Bedford, qui foutint vivement la première propofition, a fuccombé fous le poids de la faction ministérielle, & la Nation a été condamnée à pourfuivre ce déplorable procès. C'eft un fait conftant & dont les Miniftres font bien informés, qu'il va pártir de France 10,000 hommes pour renforcer le Comte de Rochambeau en Amérique, & qu'ils feront efcortés par une forte efcadre, qui donnera aux François une fupériorité décidée dans ces parages. Voilà ce qui a déterminé le Confeil à y faire paffer un corps de troupes, malgré la rigueur de la faifon où nous entrons ; & felon toutes les apparences, nous allons être expofés aux difficultés & aux dangers d'une campagne d'hiver.

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Nos nouvelles des Indes occidentales accréditent le bruit qui s'eft répandu du départ de l'Amiral Rodney pour l'Amérique feptentrionale, avec une partie de fa flotte; il eft certain que ce fecours eft devenu de la néceffité la plus urgente pour le Général Clinton; mais il l'eft auffi qu'il auroit plus befoin de troupes que de vaiffeaux, fur-tout s'il eft vrai, comme on n'en doute pas, que M. de Guichen, avant de partir du

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