Et m'offre-t-il l'heureux préfage Que mes foibles efforts feront goûtés des Dieux. Cet efpoir en mon cœur fait germer le courage Et naître un defir curieux; La fortune, dit-on, rit aux audacieux, Et fouvent les fuccès leur tombent en partage; Pourquoi balancerois-je à marcher fur leurs pas, S'il peut m'en advenir un semblable avamage? Il eft peu de mortels qui ne préfèrent pas Le renom d'homme heureux à celui d'homme fage, Et je vois dans tous lieux, & dans tous les Etats, Cette maxime affez d'ufage, Et contefrée en peu de cas. Ainfi, fans hélites, tentons la réuffite, Sans cependant aller trop vîte, Et donnons une fois quelque chofe au hafard 5 Mais avant que d'entrer en lice, Je ne puis manquer d'être heureux; Non qu'en présomptueux j'ofe efpérer & croire Je ne lens que trop bien que ma Mufe novice, Tout en fortant de fon berceau, Tomberoit dans le précipice, Et n'auroit vu le jour que pour voir fon tombeau. Des Titans autrefois les Dieux firent juftice, Que feroit-ce de moi, qui ne fuis qu'un rofeau? Par M. de N. Chev. de Saint Louis. L'ATTRIBUT DE VÉNUS. Traduction de Shenftone. COMME Vénus, Zélis est belle, Elle a fa fraîcheur, fes attraits; La chafte fille de Latone Ainfi chaque Divinité A pour fymbole le fourire. Daignez donc fourire, Zélis Et ceux dont le pinceau fidèle Par M. de Chateaugiron, Officier au DIALOGUE Entre CHAPH-SEPHI, Roi de Perfe, ALIBÉE, Berger Perfan, élevé par Cha-Abbas, père de Séphi, à la di¬ gnité de premier Miniftre,& AMULEM, Courtifan de Chaph-Séphi *. (L'action eft fuppofée se passer dans la maifon d'Alibée. Les portes s'ouvrent inopinément, Séphi entre fuivi d'Amulem & d'une troupe de Satellites ). SEPHI confidère avec surprise l'ameublement de la maifon d'Alibée. AMULEM, MULEM, quelle étonnante fimplicité ! * Le fujet de ce Dialogue eft tiré d'un ContePerfan de Fénélon, imprimé à la fuite de fes Dialogues des Morts anciens & modernes.T.II, P. AMULEM, bas à Séphi. Il eft vrai, Seigneur ; mais c'eft pour mieux cacher à tous les yeux les tréfors immenfes qu'il a fu accumuler fous le régne de votre père. ALIBEB, fe profternant. Souverain Seigneur, par quel bonheur inattendu le plus fidèle de vos fujets vous reçoit-il dans fa maifon? SÉP H. I. Relevez-vous, Alibée, vous avez été le favori du Roi mon père. A LIBÉE. Les bontés dont il m'a honoré, ne fortiront jamais de ma mémoire. SÉгHI. Il vous a tiré du fein de la misère & de l'obfcurité, pour vous porter au plus haut degré de fplendeur. A LIBÉ E. Je lui dois tout, Seigneur; il a fait pour moi tout ce qu'un fouverain auffi puiffant que lui pouvoit faire; mais quelques grands que foient fes bienfaits, rien n'excite autant ma reconnoiffance & mes regrets, que cette amitié, cette confiance douce & ... oui, j'ofe le dire, familière, jufqu'à laquelle il a bien voulu defcendre pour moi. SÉPHI. Sans doute, ces faveurs font gran des. Combien feroit donc grand le crime de celui qui en auroit abufé?... (Alibée demeure interdit). SEPHI, avec une extrême févérité. Vous vous troublez, Alibée : répondez; quelle punition mériteroit le vil fcélérat qui fe feroit rendu coupable d'un abus auffi odieux ? ALIBEE, fe jetant aux pieds de Séphi. Ma vie eft en vos mains, Seigneur; auffi bien Alibée ne pourra-t-il furvivre au fimple foupçon du plus abominable de tous les forfaits. A MULEM, à part. Je triomphe. Aurois-je deviné fans y penfer? |