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Aulide, d'Alcefte, Opéra de M. le Chevalier Gluck. On n'a rien négligé pour mettre les Connoiffeurs & les Amateurs à portée de juger de cette mufique, tant préconisée par le parti des enthoufiaftes, & que les vrais Amateurs ont applaudi comme une bonne mufique théâtrale, mais peu agréable hors de la fcène, parce qu'il faut à ce genre, pour en impofer, tout l'appareil du fpectacle, toute la véhémence des Acteurs, & tout l'effet d'un Orchestre très-nombreux.

nouveau

M. Noverre a donné un Ballet paftoral, intitulé les Rufes de l'Amour. La compofition de ce Ballet eft très-ingénieufe, très-agréable, & d'une variété piquante. Le Compofiteur a choifi pour le lieu de la fcène, un fite champêtre, avec des côteaux qui, s'élevant en emphithéâtre, lui ont donné l'occafion de former des tableaux charmans, & de varier les effets de perfpective. On a pu remarquer que M. Noverre fait allier dans la compofition de fes Ballers, l'imagination du Poëte & le talent du Peintre. C'eft de la poéfie qu'il emprunte fes idées; c'eft de la Peinture qu'il imite les figures & les attitudes des grouppes de Danfeurs.

Heureufe invention pour enrichir la danfe de penfees poétiques & de dif pofitions pittorefques. Que de Ballets charmans à tirer des Odes d'Anacréon, des Poëmes d'Homère, de Virgile, da Taffe, de Voltaire, des Idyles de Théocrite & de Gefner, &c.! Que de figures agréables, que d'attitudes heureufes à emprunter de Rubens, du Corrége, de 'Albanne, de Vateau, &c.! C'est ainfi que l'homme de génie peut s'approprier les richeffes des Arts, & en former un nouveau, par leur réunion

DÉBUT

Le Sieur de Beauval, Acteur, venant de Bruxelles, a débuté fur le Théâtre de l'Académie Royale de Mufique, par le rôle d'Orphée dans la Tragédie de ce nom. Cet Acteur a l'intelligence de la fcène, il a une figure théâtrale; il eft bon Muficien; il tire parti, avec beaucoup d'adreffe & de goût, d'un organe ingrat qu'il fait ménager; il a été fort applaudi.

On doit donner inceffamment la re

prifé de Cephale & Procris, Ballet he roïque, dont les paroles font de M. de Marmontel, & la mufique de M. Grétry. On nous affure que les deux Auteurs ont fait des changemens fort heureux dans cet Opéra; & que les partifan de la mufique parlante & expreffive, y trouveront tout ce qu'ils peuvent deficer, & de plus la belle mélodie qui appar tient au génie, avec l'harmonie qui eft l'ouvrage de l'art & de la fcience.

COMÉDIE FRANÇOISE. Les Comédiens François ont donné quelques repréfentations du ComplaiJant, Comédie de caractère, dans laquelle il y a des fcènes fort ingénieuses & fort plaifantes, attribuée à M. de P. de V., Auteur du Somnambule, & du Fat puni, deux autres Pièces très-comiques.

DÉBUT.

Le Sieur DEROZIERES, Acteur, âgé d'environ vingt-huit ans, jouant en Province les premiers rôles, eft vena

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s'effayer fur le théâtre de la Comédie Françoife. Il a débuté le premier Mars par Augufte dans Cinna; il a joué enfuite le rôle de Couci dans Adélaïde du Guefclin. Cer Acteur eft d'une tailleavantageufe: il a l'ufage du théâtre ; ; mais le public de Paris s'accoutumeroit difficilement à fa prononciation. Il eft retourné en Province, où des intérêts particuliers l'ont rappelé.

Les Comédiens ont donné une repréLentation de Sémiramis au profit de Mademoiselle Dumefnil, qui s'eft retirée du théâtre. Le public s'eft porté en foule à ce fpectacle, & a marqué, par fon empreffement, l'eftime qu'il fait de cette

Actrice célèbre.

M. Dauberval a fait cette année, à la clôture, le compliment d'ufage, qui a été fort applaudi. Le voici :

MESSIEURS,

C'est toujours avec une crainte ref-, pectueufe que nous rempliffons, à cette époque, l'acte d'hommage que nous

venons vous faire: celui de nous qui s'en trouve chargé, voit au premier coupd'œil 1 heureufe occafion qu'il peut avoir de folliciter vos bontés pour lui-même ; mais dès qu'il y réfléchit, il fent tout le poids d'une fonction auffi délicate que difficile à remplir. Notre reconnoiffance, Melbeurs, et une derte facrée, dont Raven répété a droit de vous paroître fuperfu. Je ne crois pas non plus devoir vous parler de notre zèle & de nos efforts. Eh! qui de nous peut exifter avec quelque fatisfaction dans notre état, s'il n'a pas l'avantage de mériter votre bienveil lance par fes travaux & fes fuccès ?

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Tels font les fentimens que j'ai lu da no le cœur de tous les Comédiens; tels étoient ceux de cette Actrice célèbre, l'honneur immortel du Théâtre, qui fut à la fois Cléopâtre & Mérope, & qui, toujours fidelle aux impreffions de la nature, les rendit avec cette vérité naïve & impofante, qui fait le carac tère du génie. Qu'il eft beau d'attirer le concours dont vous avez honoré fa repréfentation! Qu'il eft glorieux de s'en être rendu digne !e

- Daignez vous reffouvenir, Meffieurs, que c'eft par ces mêmes encouragemens

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