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SÉ PHI, avec moins de dureté.

Relevez vous, Alibée. Je ne fuis point venu pour vous condamner fans vous entendre. Juftifiez vous.

A MULE M.

Eh! vous le voyez, Seigneur, il avoue lui-même fon crime....

SiPHI.

Taifez-vous Amulem. (à Alibée avec bonté) Remettez-vous Alibée ; parlez avec affurance, j'écouterai avec plaifir votre juftification.

A LIBÉE.

Hélas! Prince trop généreux, que voulez-vous que dife un malheureux Vieillard qui a toujours cherché plutôt à faire de bonnes actions, que des actions d'éclat. Qui me juftifiera? fi plus de quarante années d'exercice de la plus importante charge de l'Erat, fous les yeux du plus fage & du plus jufte de tous les Rois, ne parlent point en ma faveur? Si mes actions ne me justifient point, entreprendrai-je de me juftifier

par des poroles? Hélas! fi j'étois coupable je ferois moins embarraffé.

A MULE M.

Eh! Seigneur, ne voyez-vous pas que ces détours.....

SEPHI jette un regard fur Amulem qui l'interdit. (A Alibée, toujours avec bonté.),

Point du tout, Alibée. Je faurai récompenfer vos fervices, même en vous puniffant. Mais deviez-vous abufer, de la confiance de mon père pour accumuler des tréfors immenfes? ( Ici Aibée fait un gefte de furprife. Séphi continue).

Si vous euffiez accepté les richeffe's que mon père ne ceffoit de vous offrir, je me ferois empreffé de confirmer ces dons, quelques magnifiques qu'ils fusfent; mais affecter de les refufer pour thefaurifer en fecret.... Je vous fais vous-même votre Juge, Alibée; que dois-je penfer d'une pareille conduite?

ALIBEE, après un inftant de filence.

Je ne fuis étonné que de la hardieffe de l'accufation, Seigneur ma pauvreté temoigne mon innocence.

SÉPHI.

Songez-y, Alibée de vaines appatences ne me trompent point. Vous poffédez un tréfor que vous cachez avec foin.

A LIBÉ E.

Prince magnanime, jamais le menfonge n'a approché de mes levres. Mes biens font à vous; ma vie vous appartient. Alibée fe dévoue à toute votre colère, s'il cache à vos yeux la moindre chofe de ce qu'il possède.

SÉPHI.

Amulem, conduisez-moi au lieu qui renferme ce tréfor.

A MULE M.

Il est fous vos yeux, Seigneur; ce coffre énorme, recouvert d'acier & furchargé de ferrures, renferme ce tréfor dont je vous ai parlé.

SÉPHI.

Ouvrez ce coffre, Alibée.

A LIBÉ E. I

Jufte ciel! quel excèsde noirceut &

d'effronterie! (haut) Hélas oui, Seigneur, ce coffre renferme un tréfor; mais c'est un tréfor que l'avarice d'Amulem ne fauroit m'envier; il me vient de mes pères, ce tréfor ineftimable, & tout mon bonheur fera de ne m'en féparer jamais.

A M U LE M.

Quel difcours! Peut-on porter pareil excès l'amour de l'or!

SEPHI en fureur.

à un

Hypocrite infame! ô le plus vil de tous les hommes, ouvre ce coffre. A LIBÉE.

Malheureux Alibée ! Je vous obéirai Seigneur. Mais le plus fidèle de vos fujets ofe efpérer que vous ne le priverez pas du feul bien qui lui reste fur la terre.

SÉPHI.

Ouvre ce coffre, te dis-je. Il te fied bien de demander des graces, lorfque tu ne devrois fonger qu'à implorer ma clémence.

A LIBÉ E ouvrant le coffre.

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Vous êtes fatisfait, Seigneur. (Il tire

du coffre des habits de Berger, une flûte, une houlette, &c.) Voilà les richelles auxquelles j'ai attaché mon bonheur voilà le tréfor qui n'a excité la baffe cupidité de mes ennemis, que parce qu'ils ne le connoiffoient point.

SÉPHI.

Ciel, que vois-je !

A MULE M.

Ah Dieux! qui l'auroit cru!
A LIBÉ E.

que

Ogrand Roi' voilà mon tréfor, voilà le refte précieux de mon ancien bonheur je le garde pour m'enrichir lorfque l'envie des hommes m'aura privé de tout le refte. Prince généreux, digne fils du plus jufte des Rois, vous ne m'enleverez pas un bien qui m'appartient fi légitimement, un bien plus précieux pour moi, mille fois, que les vains monceaux d'or que mes ennemis s'attendoient de trouver ici.

SÉPH

à Amulem avec courroux.

Amulem, eft-ce ainfi que vous avez ofé tromper votre Roi?

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