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Ce que cet Orateur disoit,

Cher Huguet, je puis te le dire;
Ma plume ne peut rien t'écrire
Sinon ce qu'elle t'écrivoit.

Notre amitié n'eft-elle pas la même ?
Vas, je ferois moins ftérile inventeur

Si, pour te dire en cent façons que j'aime, Mon efprit s'épuifoit aufli peu que mon cœur.

Par M, de R. de Péronne.

Avis AU BEAU SEX E.

PAR un ufage ridicule

On follicite les procès
Et du plus injufte fuccès
Perfonne ne fe fait fcrupule.
Je trouve dans tous les états
Sur ce point égale conduite,
Mais fur-tout je n'approuve pas
Que le Beau Sexe follicite ;
Eft-ce un ton de fociété ?

Eft-ce à titre de femme aimable?

Avez-vous plus de dignité,

Vous trouvez-vous plus eftimable

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En expofant la probité
Du Juge le plus équitable
Et le plus expérimenté ?
Je parle à vous, Solliciteufe;

Quel droit aviez-vous fur le bien
D'une famille malheureufe

Que vous avez réduite à rien ?
· Eh quoi! fans connoître une affaire,
Vous accablez les malheureux ?
Et, ce que vous faites contr'eux,
C'eft pour eux qu'il faudroit le faire:
Mais mon credit, me direz vous,
Ne tire pas à conféquence,

La Juftice, dans la balance,
Pèfe les intérêts de tous.
Contredire cette morale,
C'est parler contre la raifon;
Oui, cette règle eft générale;
Mais en voici l'exception:

Quand une femme au teint de rofe
Avec un regard enchanteur,
Sollicite pour un Plaideur

Dont elle fait valoir la cause,
Thémis s'offenfe & s'attendrit s
Dans ce combat, fouvent funefte,
Malheureusement l'homme refte,
Er le Juge s'évanouit

Un Magiftrat incorruptible,
A l'abri du coup de pinceau,
M'a fouvent dir qu'il est possible
De juftifier ce tableau.

Par M. de Saint-Hubert, Chev, de
Saint-Louis.

LB TRIOMPHE DE L'AMITIÉ.

LE fier Amour & l'Amitié modeste,

Tous deux rivaux & jaloux de leurs droits,
Avoient enfin, d'une commune vɔiX,
Pour les régler, choifi la Cour célestę.

Les Dieux, en demi-cercle affis,
Gerdoient yu angufte flence

Et devant eux la fidelle balance.
Brilloit dans les mains de Thémis.

Et

L'Amour, à qui rien n'en impofe,
Se préfente d'un air vainqueur,
par ces mots, adreffés à fa Sœur,
Paroît für du gain de sa cause.

Peux-tu, dit-il, quand tour me fait la cour,

Peux-tu me difputer l'empire? Ecoute: un mot va prouver ton délire: Le doux plaifir me doit le jour...

Ne chante pas encor victoire, Répond fa Sœur avec tranquillité: Le Plaifir, fi l'on veut t'en croire, Brille toujours à ton côté : Mais je dois tirer plus de gloire De voir au mien l'Adverfité. Tu ne fouris qu'avec malignité; Et moi, volontiers je confole Des maux où tòn Plaifir frivole Plonge l'aveugle humanité. Compagne chafte & toujours füre, Je fuis, pour les ca uns que j'épure, L'afyle de tous les inftans :

.

De leur hiver je fuis l'heureux printemps;
Au lieu que fous ton frêle empire,
Tôt ou tard le cœur qui foupire
Se plaint des outrages du temps,

Fort bien, dit-il avec fineffe,
Mon pis-aller fait ton pouvoir;
Et je conviens que ta foibleffe
A raifon de s'en prévaloir ;
Mais, avec tes vains avantages,

Conviens auffi que, malgré mes défauts;
A mon chat j'ai vu bien des Sages,
Et que mes feux, dans tous les âges,,
Ont pétri l'ame des Héros.

Mais, reprit-elle, que de maux!
Que d'attentats! que de ravages!
Que d'embrafemens! que d'orages
Ont obfcurci l'éclat de tes drapeaux!

A tes Héros, ces fuperbes cfclaves,
Tu caches des fers fous tes fleurs;
Aux miens je n'offre paar entraves
Que les liens de mes pures douceurs.
Befoin délicieux de l'ame,

Ma paifible & conftante flamme,
Devient l'aliment des grands cœurs,
Et j'en connois dont la délicateffe,
La candeur & l'aménité,

A mes attraits, fur ceux de ton ivreffe,
Affureront toujours la primauté.

Généreux, difcrets & fidèles,

Heureux par le bonheur d'autrui, Dans leurs vertus ils trouvent leur appui, Et tout le tien fe réduit à tes ailes.

Ofes-tu donc, reprit-il à fon tour,
T'appuyer fur une chimère.

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