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» Le Chriftianifme, ajoute-t-il, comme étant à l'abri de tous les écueils, » & tenant toujours un jufte milieu, noust » montre l'homme fur la terre, & dans » le fein de Dieu, comme dans un dou»ble centre d'où nous fommes tous fortis, » & où nous devons tous rentrer. Si » fon ame, femblable à une fleur qui ne s'épanouit que par fucceffion, ne fe développe qu'infenfiblement, c'est » qu'elle dépend d'un corps pareffeux » dans fes progreffions.

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» On lit dans le inême tableau, que' l'homme vit prefque toujours dans un "pays ennemi, en vivant avec lui-même; » que fon fang qui bouillonne, que » fon imagination qui s'égare, que fes defirs qui fe combattent, que fes paffions qui s'allument, forment une » guerre inteftine dont les fuites font » fouvent les plus funeftes; que la vie »fe paffe à lutter contre foi-même,quand on veut fe gouverner avec fagefle, » parce qu'il y a deux hommes en nous, » l'homme terreftre & l'homme fpiri»tuel, qui font fans ceffe aux prifes, » & qui ne s'accordent qu'autant qu'une » raifon éclairée, & un cœur droit fervent de pilote & de gouvernail; il

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compare enfuite notre ame, efprit, notre raifon, notre volonté » aux quatre élémens, quoiqu'ils n'aient » rien de matériel, mais parce qu'ils fe combattent fans ceffe, & qu'il en » réfulte des tempêtes & des volcans qui défigurent l'image du Créateur ».

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Ce morceau eft femé de réflexions admirables; entre autres, on y lit que »les vertus n'ont jamais paru dans le » monde que comme quelques éclairs. qu'on apperçoit au fein des tempêtes;: » que la plupart des hommes ne font que » des êtres avortés qui rétrécillent leur » cœur & ne s'attachent qu'à des objets périffables, ou qui étouffent leur efprit "en ne s'occupant que d'inutilités; que » la mort, loin d'être une deftruction » eft une feconde création beaucoup plus » admirable que la première, puifqu'au » lieu des mifères qui nous traverfent » dès la naiffance, nous trouvons en » mourant des biens & des confolations

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que l'œil n'a point vu, & que nous "ne pouvons actuellement connoître ».

Il y a des chofes qui ne font pas moins excellentes dans une lettre où il est queftion des Bibliothèques. « Ganganelli les compare à des jardins agréables, où

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»l'on apperçoit quelques fleurs au mi» lieu d'une multitude d'épines; à des Pharmacies où les meilleures drogues >> font mêlées avec des poifons. Il de» fire que les Bibliothécaires foient at»tentifs à ne pas prêter des livres indif» tinctement: il compare les fciences aux » planètes, & la Théologie eft celle On requi avoifine le plus le foleil. connoît dans fes comparaifons, qui font lumineufes, & fréquentes génie Italien; & cela feul fuffiroit aux yeux d'un homme qui connoît l'efprit des Nations, pour le convaincre que les lettres en question ont été réellement traduites.

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On aime à lire, à l'article des Bibliothèques, qu'en étudiant la Théologie, on entend la foi dire à tout le mon de: « Ici arrêtez vous, n'allez pas plus » loin. Je fuis une fentinelle pofée par » le Tout-Puiffant lui même pour éprou » ver votre fidélité, & qui ne

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permet d'entrer que dans le veftibule de l'Eternel, que l'hérétique & l'incré»dule ont voulu forcer la garde, & » que, pour peine de leur témérité, d'af» freufes ténèbres fe font emparées de » leurs ames, & ils n'ont plus marché » que fur des précipices, ».

Nous fommes fâchés de ne pouvoir rapporter ce que Ganganelli dit fur l'E-glife. Il en donne la plus magnifique idée, dans une lettre écrite à un Religieux, ainfi que de la Religion, dans un Difcours prononcé à Afcoli, en 1732, petite ville de l'État Eccléfiaftique, où il profeffoit alors la Philofophie. Ses réflexions fur le zèle, adreffées à un Evê que qui vivoit au milieu des Proteftans, & qu'on croit avoir été celui de Londres, prédéceffeur de celui-ci, (car il y a un Evêque Catholique à Londres & que le Ministère Anglois connoît parfaitement ). Ses réflexions, dis-je méritent la plus grande attention, en ce qu'elles ne font que l'explication de l'Evangile, & qu'elles ne recommandent que la douceur, la paix, la charité. Le zèle y eft peint tel qu'il doit être, toujours agiffant, mais toujours modéré, tel en un mot que JefusChrift l'a exercé pendant les jours de fa vie mortelle, à l'égard des Saducéens, des Samaritains & des Pécheurs. Il les tolère avec une patience admirable, & il ne força perfonne, comme l'obferve fi bien Ganganelli, à être fon difciple. Le Royaume des Cieux, ajoute

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til, n'eft que pour ceux qui font de bonne volonté, bona voluntatis. Il n'y a de méritoire que ce qui eft volontaire; & ce n'eft ni par la force ni par les menaces qu'il doit annoncer la Religion Chrétienne. Cette voie ne convient qu'aux Sectes, telles que celle de Mahomet. On eft enchanté de lire l'endroit que nous allons rapporter.

» Il me femble entendre la Religion » Chrétienne, s'écrie Ganganelli, dire » à tous ceux que l'efprit de parti per» fécute: ce n'eft pas moi qui vous ai » tourmenté; moi qui, née du fein du père des miféricordes, ne recommande » que la charité; moi qui, le fruit de » l'amour d'un Dieu pour les hommes, » ne defire que leur falut; moi qui, ne

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refpirant que l'abnégation, l'humilité » me mets aux pieds de tout le monde » comme mon divin maître, & ne prê che, à fon exemple, qu'un efprit de douceur & de paix. Inexorable pour les vices, comme pour les erreurs, je » n'ai d'autres armes que des larmes, » des prières & des cenfures purement fpirituelles pour ramener les pécheurs». Il veut qu'on voie les Proteftans, qu'on leur parle avec charité, & qu'on

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