» fons, comme celles de ce Prince, » fembloient être plutôt l'effet de fon caprice & de fes paffions, que le fruit de fes réflexions & le choix de fon » cœur. Marguerite ne fut pas entièrement » exempte du reproche de cruauté que » mérita Charles IX, fi toutefois on " peut comparer des excès paffagers à un » vice habituel. Mais, de tous ces Rois, » Henri III fut celui avec qui elle eut » un rapport plus marqué. En les regardant l'un & l'autre, on croyoit » voir la Majefté du trône. Tout, dans » Henri III, annonçoit un Roi; tout, » dans fa fœur, annonçoit une Reine. » D'une beauté furprenante, elle éclip" foit par fes grâces, fon enjouement " & le don de plaire, des femmes qui pouvoient la furpaffer par la dé»licateffe des traits & la jufteffe des proportions. Elle joignoit à un teint animé, des cheveux du plus beau » noir, un regard doux, voluptueux » & tendre, une taille riche, une dé» marche noble, un port majeftueux, un air grand & un art exquis dans le » choix de fes parures. Pour achever » le portrait de la Reine de Navarre 34 دو & fa reffemblance avec le Prince affai » finé à Saint- Cloud, il faut nous la peindre, tantôt profternée aux pieds » des Autels, entendant plufieurs Meffes dans un jour, vifitant les Hôpitaux, diftribuant, le jour de fa naiffance & » aux Fêtes folennelles, cent écus d'or » aux malheureux, entretenant annuel»lement cent onze pauvres, quarante » Prêtres Anglois, bâtiffant & enrichiffant les Monaftères, entr'autres, celui » des Jéfuites à Agen, & celui des Auguftins du Fauxbourg S. Germain; paffant des exercices de piété aux plai» firs les plus fenfuels & fe livrant, après une retraite fainte & auftère, >> aux raffinemens de toutes les voluptés. » C'est dans ce mélange bifarre de dé 4 votion & de galanterie, qu'elle finit »fes jours. Elle unit le luxe & la va»nité à l'amour des Lettres; la mufi»que & la danfe aux études les plus » férieufes; la charité chrétienne à l'in دو juftice. Marguerite affectoit de pa» roître fouvent dans les Temples; elle , donnoit le dixième de fes revenus » aux pauvres; avoit à fa fuite des Gens » de Lettres, qui fubfiftoient de fes » libéralités; & fe piquoit d'un autre 30 projet de faire périr un million de fes Sujets en une feule nuit? Que Ca»therine lait entretenu dans ces noires » idées, on ne peut en douter; mais » elles ont certainement pris naissance » dans l'imagination d'un Prince fujet à des accès de fureur, que ceux >> qu'on vient de citer ». دو tels On trouve à la fin du volume, le Mémoire juftificatif que Marguerite de Valois compofa en 1574, pour Henri IV, alors Roi de Navarre, lorfque ce Prince fut conduit à Vincennes avec le Duc d'Alençon, frère de Charles IX - & de Henri III. Cette pièce est trèspropre à faire connoître l'efprit & le génie de la Reine de Navarre. Hiftoire de la décadence & de la chûte de l'Empire Romain, par M. Gibbon ; Ouvrage traduit de l'Anglois. Tome I in-12. relié, 3 l. A Paris, chez Moutard & les Frères Debure, Libraires, quai des Auguftins. On fera curieux de comparer cet Ouvrage aux Confiderations fur les caufes de la grandeur & de la décadence des Romains, de l'illuftre Montefquieu. pas Nous ne croyons pas devoir paffer fous filence les réflexions que fait M. de Mongez fur le caractère de Charles IX; caractère dont il affure avoir fait une étude fuivie. Elles nous paroiffent très-bien fondées. « Les Hiftoriens » dit-il, trop attachés à jeter tout l'o» dieux des maffacres faits fous fon » nom, fur Catherine de Médicis, chargée de l'exécration de la postérité, affez approfondi paroiffent n'avoir » le génie de ce Prince. Eblouis par » quelques lueurs d'efpérance qu'il · » donna au commencement de fon règne, »ils n'ont pas vu qu'il étoit natu»rellement dur, féroce, fanguinaire. » Ses amusemens en portoient l'empreintes au fein des jeux & des plaifirs, il fe laiffoit emporter aux vio»lences les plus affreufes: il voulut un »jour tuer un Seigneur avec qui il ve»noit de jouer; & ce dernier ne dur » fon falut qu'à la porte du cabinet 32 qu'il eut l'adreffe de fermer fur lui. "L'affaffinat projeté du Duc de Guife » fert à confirmer ce portrait. D'après » cela, ne peut-on pas croire que Char"les IX n'eut befoin que de fa férocité naturelle, pour concevoir l'horrible. 30 projet de faire périr un million de fes Sujets en une feule nuit? Que Ca»therine lait entretenu dans ces noires » idées, on ne peut en douter; mais » elles ont certainement pris naiffance dans l'imagination d'un Prince sujet » à des accès de fureur, tels que ceux " qu'on vient de citer ». On trouve à la fin du volume, le Mémoire juftificatif que Marguerite de Valois compofa en 1574, pour Henri IV, alors Roi de Navarre, lorfque ce Prince fut conduit à Vincennes avec le Duc d'Alençon, frère de Charles IX & de Henri III. Cette pièce est trèspropre à faire connoître l'efprit & le génie de la Reine de Navarre. Hiftoire de la décadence & de la chute de l'Empire Romain, par M. Gibbon; Ouvrage traduit de l'Anglois. Tome I in-12. relié, 3 1. A Paris, chez Moutard & les Frères Debure, Libraires, quai des Auguftins. On fera curieux de comparer cet Ouvrage aux Confidérations fur les caufes de la grandeur & de la décadence des Romains de l'illuftre Montefquieu. 2 |