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Quoique le fujet des deux Ouvrages foit à-peu-près le même, l'Auteur Anglois embraffe un plan bien plus vafte : il préfente le tableau de la décadence de l'Empire & des révolutions qui, dans cette période, ont changé la furface de la

terre.

M. Gibbon fixe à treize fiécles la durée de ces révolutions, & l'étend jusqu'à la deftruction du Bas-Empire par les Turcs; il les divife en trois périodes, dont la première s'étend depuis le règne des Antonins, après lefquels la Monarchie Romaine, parvenue au faîte de la grandeur, commença à décliner, jufqu'à la deftruction de l'Empire d'Occident, qui mit Rome au pouvoir des Goths. Cette période fe termine au commencement du fixième fiécle. La feconde commence avec le règne de Justinien, qui par fes loix & fes victoires, rendit à l'Empire d'Orient fon ancien luftre, & finit à l'an 800, époque de la fondation d'un nouvel Empire par Charlemagne. La dernière comprend environ fix fiécles & demi, depuis le renouvellement de l'Empire en Occident, jufqu'à la prife de Conftantinople.

Le volume que nous annonçons ne

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renferme encore que l'hiftoire d'une portion de la première période, & fe termine à l'époque des Jeux Séculaires, célébrés l'an 248 fous l'Empereur Philippe, fucceffeur du plus jeune des Gordiens. « Le » defir de me rendre utile, dit M. G. » dans fa Préface, m'a peut-être fait don»ner avec trop de précipitation, un Ou"vrage qui doit paroître, à tous égards, imparfait. Je fuis encore bien éloigné d'y avoir mis la dernière main. Je compte au moins terminer la première période, & préfenter au Public une » hiftoire complette de la décadence & » de la chûte des Romains, depuis le » fiécle des Antonins jufqu'à la deftruc» tion de l'Empire en Occident. Quelles » que puiffent être mes efpérances, je n'ofe prendre des engagemens aufli formels au fujet des périodes fuivantes. » L'exécution du plan immenfe que j'ai » tracé rempliroit le long intervalle qui fépare l'hiftoire ancienne de la moderne; mais il exigeroit plufieurs années de fanté, de loifir & de perfévé

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Il est d'autant plus à defirer que M. Gibbon achève de remplir fon plan, que la partie de fon Ouvrage qu'il a publiée,

eft traitée de la manière la plus intéresfante. Il s'y montre également peintre & philofophe. Il trace avec autant de chaleur que de rapidité, dans ce premier volume, le tableau de l'État de l'Empire Romain fous les Antonins, & celui du règne de leurs fucceffeurs, jufqu'au milieu du troisième fiècle, ce qui com. prend feulement un efpace d'environ foixante-dix ans.

Pour donner une idée du pinceau de M. Gibbon, nous allons rapprocher deux endroits de fon hiftoire, qui offrent le contrafte le plus parfait. Dans le premier, il rappelle le fouvenir du fiécle de Tibère, de Caligula, de Néron & de Domitien; temps affreux de tyrannie & de cruauté. «Les fastes de l'Empire font bien pré❞ cieux pour celui qui veut approfondir la

» nature de l'homme.Les caractères foibles. » & incertains que l'on trouve dans l'hif» toire moderne, ne nous prefentent pas » des peintures fi fortes ni fi variées. Il

feroit facile de découvrir dans la con» duite des Empereurs Romains, toutes » les nuances de la vertu & du vice, la perfection la plus fublime, & la dégra»dation la plus baffe de notre espèce. L'âge d'or de Trajan & des Antonins.

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» avoit été précédé par un fiécle de fer. » Il feroit inutile de parler des indignes » fucceffeurs d'Augufte s'ils ont été » fauvés de l'oubli, ils en font redevables » à l'excès de leurs vices & à la grandeur » du théâtre fur lequel ils ont paru. Le » farouche Tibère, le furieux Caligula, » l'imbécille Claude, le cruel Néron, le » brutal Vitellius & le lâche Domitien, » font condamnés à une réputation im» mortelle. Pendant près de quatre-vingt » ans, Rome ne refpira que fous Vefpafien & Titus. Si l'on en excepte ces » deux règnes, qui durèrent peu, l'Em

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pire, dans ce long intervalle, gémir » fous les coups redoublés d'une tyran»nie qui extermina les anciennes familles » de la République, & qui fe déclara » l'ennemie de la vertu & du talent ».

Oppofons à ce tableau celui du fiécle heureux de Trajan & des Antonins, tel qu'il eft tracé par la plume éloquente de M. Gibbon. « Quel fpectacle magnifique » que cet état heureux & floriffant, dont » la Nature a joui depuis la mort de » Domitien jufqu'à l'avénement de » Commode! Ce feroit envain qu'on » chercheroit une autre période fem» blable dans les annales du monde. Un

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feul Monarque gouvernoit alors l'éten» due immenfe de l'Empire, fous la di-* »rection immédiate de la fageffe & de R la vertu. Les armées furent contenues par la main ferme de quatre Empereurs » fu ceffifs, dont le caractère imprimoit » la vénération, & qui favoient fe faire obéir, fans avoir recours à des moyens » violens. Les formes de l'adminiftration » furent refpectées par Nerva, Trajan, » Adrien & les deux Antonins, qui, » loin de vouloir renverfer l'image de la » liberté, fe glorifioient de n'être que les dépofitaires & les Miniftres de la » lei. De tels Princes auroient été dignes » de rétablir la République, fi les Ro» mains euffent été capables de goûter les avantages d'une conftitution libre ».

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Ce fut après la mort de Marc-Aurèle, & fous le règne de l'indigne Commode, fon fils & fon fucceffeur, que l'Empire Romain commença véritablement à dégénérer. Il est à remarquer que de tous les Empereurs dont M. Gibbon parcourt l'hiftoire, depuis Commode jufqu'à Philippe inclufivement, le feul Sévère mourut de mort naturelle. Si d'infâmes Tyrans tels que Commode, Caracalla, Eliogabale & Maximin, trouvèrent dans une

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