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fin tragique la jufte punition de leurs crimes, Pertinax, Alexandre Sévère & Gordien, Princes fages & vertueux éprouvèrent le même fort. Voici comme M. Gibbon fait le récit de la mort de Pertinax, malfacré par les Soldats Prétoriens, Milice infolente & formidable, qui, dans ces temps malheureux, difpofoit fouvent de la vie des Empereurs, & parmi lefquels il avoit voulu rétablir la févérité de l'ancienne difcipline. » Deux » ou trois cents foldats des plus détermi»nés, les armes à la main & la fureur peinte dans leurs regards, marchèrent fur le midi vers le palais impérial. Les portes furent auffi-tôt ouvertes par ceux de leurs camarades qui montoient » la garde, & par les domeftiques atta» chés à l'ancienne Cour, qui avoient déjà confpiré en fecret contre la vie » d'un Empereur trop vertueux. A la » nouvelle de leur approche, Pertinax dédaignant de fe cacher, ou de recou» rir à la fuite, s'avance au-devant des conjurés. Il leur rappelle fa propre innocence & la fainteté de leurs fer» mens. Ces paroles, l'afpect vénérable » du Souverain & fa noble fermeté, en impofent aux féditieux. Ils fe repré

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» fentent toute l'horreur de leur forfait, » & reftent pendant quelque temps en filence. Enfin le défefpoir du pardon rallume leur fureur. Ün Barbare né dans le pays de Tongres, porte le pre» mier coup à Pertinax, qui tombe cou» vert de bleffures mortelles; fa tête eft à l'inftant coupée & portée en triomphe au bout d'une lance jufqu'au camp » des Prétoriens, à la vue d'un Peuple affligé & rempli d'indignation. Les Romains, pénétrés de la perte de cet » excellent Prince, regrettoient fur-tout » le bonheur paffager d'un règne, dont » le fouvenir devoit encore augmenter le poids des malheurs qui alloient bien» tôt fondre fur la Nation ».

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Tout ceux qui auront lu le premier volume de cette hiftoire, ne pourront manquer d'en attendre la fuite avec impatience. L'Ouvrage eft accompagné de notes remplies d'érudition. L'Auteur s'y eft particulièrement attaché à citer avec foin les endroits des Hiftoriens originaux d'où il a tiré les faits qu'il rapporte. Il annonce qu'il terminera peut-être fon travail par des recherches critiques fur tous les Auteurs qu'il aura été obligé de confulter.

Quant à la traduction, on ne peut que foufcrire au jugement du Cenfeur, à qui elle a paru « fidelle fans être fervile, foignée fans être féche, & élégante » fans être recherchée ». Les morceaux que nous avons rapportés juftifient cet éloge.

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Elégies de Tibulle, traduites par M. de Longchamps. A Amfterdam; & fe trouve à Paris, chez Morin, au Palais-Royal, 1776, 1 vol. in-8°. avec un frontispice gravé.

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Cette traduction d'un des plus agréables Poëtes du fiècle d'Augufte, eft en quelque forte une fuite de celle de Properce, que M. de Longchamps avoit publiée précédemment. Le traducteur n'accorde à Tibulle le fecond rang parmi les Poëtes érotiques Latins; parce que, felon lui, on ne fauroit contefter à a Properce la fupériorité du génie ; qu'il et plus penfé, plus varié, plus abondant, plus pittorefque mais Tibulle a peut-être mieux atteint le but de l'Élégie, s'il eft vrai qu'une mélancolie plus douce que chagrine, la caractérise effentiellement; & que ce foit

moins le Poëme de la douleur & du

défefpoir, que celui de la tendreffe & de la volupté.

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«Au refte, continue M. de Lonchamps, il ne paroît pas que les An» ciens aient eu des idées bien précises » de l'Élégie: ils appeloient de ce nom » tout Poëme d'une étendue bornée, qui étoit compofé de vers héxamètres » & pentamètres, foit qu'il refpirât la » douleur, la tendreffe ou la volupté; foit qu'on y peignît une orgie, ou qu'on y célébrât des funérailles, qu'on »y chantât le Dieu Mars, le Dieu du » vin, ou la Déeffe des moiffons; en » un mot, il n'étoit point chez les » Anciens de sujets étrangers à ce genre » de Poésie, & les vers élégiaques leur paroiffoient également faits pour exprimer & les cris du défefpoir, & » les éclats de l'allégreffe. Les fujets héroïques, & d'une vafte étendue, » étoient les feuls qui ne s'accommo» daffent point de cette forme trop dé» coufue. Les vers élégiaques marchent

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prefque toujours deux à deux, n'ad» mettent guère la période, & ne pré» fentent que rarement de ces grouppes » d'idées, de ces phrafes nombreufes

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» fans lefquelles un long Poëme eft privé de chaleur, de vie & d'embonpoint. Le rhythme de ces vers n'eft point favorable à la belle harmonie, » & leur marche peu foutenue femble » exclure les images d'une portée con→ » fidérable. Il falloit tout l'art de Pro» perce, de Tibulle & d'Ovide, pour completter leurs idées & varier leur » mefure; encore ces deux derniers » n'ont-ils pas toujours évité le repro» che de monotonie. Mais fi le texte » de Tibulle péche quelquefois par une trop grande uniformité, combien ce » vice ne feroit-il pas exagéré dans une verfion trop littérale de fes Elégies? » Notre langue plus ingrate que la latine, n'offre prefque point de reffource >> aux Traducteurs ferviles des Poëtes » de l'ancienne Rome; & cette vérité » eft fur-tout inconteftable, lorfqu'il s'agit de traduire les Poëtes élégia»ques. C'eft dans ce cas fur-tout qu'il » faut facrifier l'élégance & la variété » des tours, à cette prétendue fidélité qui plaît tant à certains Érudits. » J'avoue qu'en traduifant Tibulle, je » n'ai pas eu le courage d'envifager leur approbation comme un dédommage

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