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& ouvert alternativement les deux bouts de ce canal, afin de comparer ces deux cas entr'eux, avec celui dans le baffin.indéfini en tous fens,

M. l'Abbé Boffut a calculé dix tables différentes des rapports des réfiftances, tant directes qu'obliques, fuivant la théor rie comparée avec les expériences. Ces tables font compofées chacune de plu fieurs colonnes, qui renferment les efpeces de vaiffeau qui ont couru, l'ordre des expériences, les temps employés à parcourir les différens efpaces, les valeurs des frottemens, les expériences comparées, les poids calculés & éprouvés, qui donnent les réfiftances fuivant la théorie & l'expérience, en ayant égard ou non au remou central & latéral, c'eft, à-dire, à la hauteur de l'eau qui fe lève, tant au-devant qu'à côté de la proue. D'après plufieurs applications qu'il fait de la formule que donne la théorie à l'expérience, il trouve qu'il faut abandonner en général la loi du quarré du Sinus de l'angle d'incidence, pour déter miner les réfiftances ou les percuffions qui proviennent des chocs obliques. M. l'Abbé Boffut fait plus; il démontre d'une manière très-ingénieufe, qu'il n'y a aucune autre puiffance qu'on puiffe

fubftituer à la feconde puiffance du Sinus en question: il eft le premier qui ait fait cette remarque importante, & qui ait par-là terminé toute difcuffion fur

cet article.

les

Il obferve enfuite, qu'à caufe que réfiftances des fluides contenus dans des canaux étroits ou peu profonds, font beaucoup plus grandes que celles des fluides indéfinis en tous fens, il est esfentiel de donner aux canaux de navigation, le plus de largeur & de profondeur qu'il eft poffible, & d'éviter, fi l'on peut, de percer des montagnes pour le cours des eaux, parce que la navigation eft incomparablement plus facile & plus prompte dans un canal à ciel ouvert, que dans un canal fouterrain: il ne s'agit pas en effet de fe propofer la gloire de vaincre des difficultés: un canal eft un objet d'utilité, & non un monument d'oftentation.

Il réfulte de toutes ces expériences, & des calculs expofés dans cet excellent Ouvrage,

1°. Que les réfiftances qu'éprouve un même corps, de figure quelconque, mu avec différentes viteffes dans un fluide indéfini & dans un canal étroit, font

fenfiblement proportionnelles aux quarrés des vîteffes.

2°. Que les réfiftances perpendiculaires & directes de plufieurs furfaces planes, mues avec la même vîteffe, font fenfiblement proportionnelles aux étendues de ces furfaces.:

13°. Que les réfiftances qui proviennent des mouvemens obliques dans un fluide indéfini, ne fuivent pas la raison des quarrés, ni d'aucune autre puiffance des finus des angles d'incidence: ainfi, la théorie ordinaire de la réfiftance des fluides doit être, abandonnée, fi les angles d'incidence font petits; mais on peut, fans erreur bien fenfible, faire ufage de cette théorie pour les angles d'incidence depuis quarante-cinq jufqu'à quatre-vingt-dix degrés.

4°. Que la mesure abfolue de la réfiftance perpendiculaire & directe d'un plan dans un fluide, indéfini, eft fenfi-blement égal au poids d'une colonne de ce Auide, laquelle auroit pour bafe la furface choquée, & pour hauteur celle qui eft dûe à la vîteffe avec laquelle fe

fait le choc.

5°. Que la tenacité de l'eau occafionnée par fa vifcofité & le frottement de cet élément le long des parvis du corps:

flottant, font des forces inaflignables ou nulles, par rapport à la réfiftance qui provient de l'inertie.

6. Que la résistance ou la percuffion des Auides dans des canaux étroits, ou dans des courfiers, eft beaucoup plus grande que dans les fluides indéfinis.

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Qu'un efprit obfervateur, dans quel gente que ce foit, ainaffe des faits, qu'il multiplie les expériences, il perdra fon talent & fon temps à les comparer, s'il n'a point de moyen directe & certain de les claffer ou de les lier enfemble, pour en former une chaîne de rapport qui le conduife à un principe général. Pour rendre fon travail utile, Il faut qu'il appelle le Géomètre à fon fecours. En conféquence, M. le Marquis de Condorcet donne, à la fuite de l'Ouvrage qu'on vient d'analyfer, une trèsbelle méthode pour trouver les loix des Phénomènes d'après les obfervations. L'avantage de cette méthode, indépendamment de fa fimplicité, eft de réduire des recherches, qui demandent furtout de la fagacité & des connoiffances fort étendues, à des opérations pour ainfi dire techniques; ce qui la fend d'un ufage facile dans les applitations des mathématiques aux fciences

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naturelles, & par conféquent digne du génie de fon Auteur.

Ce court extrait ne peut donner qu'une idée très imparfaite de cet excellent recueil d'obfervations & d'expériences fur la réfiftance des fluides. Il faut voir dans l'Ouvrage même, l'ordre, la méthode & la profondeur avec laquelle ces matières font traitées, *

Mémoires de la guerre d'Italie, depuis l'année 1733, jufqu'en 1736, par un ancien Militaire qui s'eft trouvé à toutes les actions de ces trois fameufes campagnes. A Paris, chez la veuve Duchefne, Libraire, rue S. Jacques, au Temple du Goût, 1777. Un volume in-12.

La guerre d'Italie, en 1733, 1734 & 1735, fut des plus glorieufes pour la France. Dans la première campagne, commencée au mois de Novembre, & qui ne dura que deux mois, l'armée

*Cet extrait eft de M. Dez, Profeffeur de Mathématiques de l'ancienne Ecole Royale Militaire, qui a été témoin & coopérateur dans ce travail, des expériences faites avec toute la présifon poffible.

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