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fimplicité, qui ne fe fera jamais vu. Qu'on aille chercher un Notaire pour » me faire un autre teftament. Je veux » doubler la dote de Léonore; après ma » mort, qu'elle difpofe d'elle-même à »fon gré. Je lui demande feulement »une grâce, car je ne puis la contraindre alors, c'eft d'époufer le jeune homme » dans les bras duquel je l'ai trouvée; elle effacera par cette conduite l'opprobre dont elle s'eft couverte, & rẻparera l'injure qu'il a fait à mes cheveux blancs, fans avoir aucune canfe » de m'offenser auffi sensiblement. Elle 199 verra par là, que fi pendant ma vie i ce fut pour moi le plaifir le plus flatteur ...de me rendre à fes defirs, ie my fuis

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encore prêté à ce dernier moment, en lui confeillant de ne pas fe féparer, de celui qu'elle a aimé, jufqu'au point de » s'oublier d'une manière fi étrange.». A ces mots il fe penche, prefque évanoui, vers fa femme, & l'embraffe rencore malgré fa foibleffe. Elle, le ferre dans: fes bras, le baife.,.lui baigne la bouche de -fes pleurs.

Le Lecteur est un peu fâché de ce que Léonore ne paroît point affez jaloufe de fe juftifier, en détaillant les circonftances

de fa faute à fon mari, & lui prouvant parà fon innocence. Il eft probable que la honte, la crainte, ou fes fréquens évanouiffemens, l'empêchèrent de s'expliquer. Elle l'eût fait, fans doute, par » la fuite, ajoute Michel de Cervantes; » mais la mort précipitée de fon mari » fut un obstacle invincible aux excufes légitimes qu'elle auroit pu produire ». Léonore, reftée veuve avec de grands biens, auroit, faire la fortune du jeune homme qui lui avoit témoigné fon amour; le bon Carrizalès l'avoit même exhorté en mourant à prendre ce parti. Ses parens & fes connoiffances ne purent donc, fans le plus grand étonnement, ·la voir, au bout de huit jours de veuvage, fe renfermer dans un des Couvens les plus auftères d'Efpagne.

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pu

Les Nouvelles qui font fuite à celle-ci paroîtront fucceffivement. Les Numéros précédens 'fe trouvent chez le même Libraire.

Effai hiftorique & moral fur l'Education Françoife; par M. de Bury.

Dic fapientia foror mea es,

voca amicam tuam.

prudentiam

PROV, cap. VII. verf. 4.

Dites à la fageffe, vous êtes ma four, & à la prudence, vous êtes ma bien-aimée».

Volume in-12. de 507 pages; prix 3 liv. relié. A Paris, chez G. Defprez, Impr. rue S. Jacques.

L'Auteur trace un plan d'éducation qu'il divife en trois parties. La première regarde l'éducation de la jeunesse dans les Penfions; la feconde a pour objet fon éducation dans les Colléges. Les jeunes gens quittent ordinairement, à l'âge de feize ou dix-fept ans, cette feconde éducation, pour entrer dans le monde; & c'est alors qu'ils ont le plus befoin de confeils, d'inftructions, & d'un guide fûr & fidèle. C'eft auffi à cette troisième époque de l'éducation que M. de Bury donne toute fon attention. Il indique les connoiffances néceffaires à cet âge. Il ne fait cependant point mention de l'hiftoire naturelle; & lorfqu'il parle de la phyfique, c'est pour détourner les jeunes gens de s'y appliquer. Quelle fcience cependant plus capable de les intéreffer & de les inftruire, que celle qui, par des expériences curieu

fes

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fes & variées, parle continuellement aux fens? L'Auteur infifte principalement fur l'étude de la Religion, de l'Hiftoire & de la Morale, dont il enfeigne les préceptes, qu'il a foin, le plus fouvent, d'appuyer fur des traits d'histoire ou fur des faits connus. On pourroit donc regarder fon Ouvrage comme un Cours de morale pratique. L'Auteur, à l'article Duel, blâme, avec raifon, cette politeffe mal entendue qui nous empêche de dire un homme qu'il a tort, lorfqu'il l'a effectivement. Ün Officier, dont M. de Bury rapporte le trait fuivant, ne penfoit point ainfi. « Un jour douze perfonnes avoient dîné enfemble dans une honnête maison; après le repas on propofa de jouer, & l'on fit deux parties différentes,dans l'une defquelles il s'éleva entre deux Officiers une difpute, fuivie de quelques propos affez durs. Les autres perfonnes préfentes s'emprefsèrent de Pappaifer, en difant aux conteftans felon la méthode ordinaire, qu'ils avoient tort tous les deux. Ceux-ci cependant commençoient à s'échauffer, lorfqu'un autre Officier de la compagnie, homme de tête, très-fage & très-fenfé, fut à la porte de la falle, ferma la ferrure à 11. Vol.

F

double tour, & mit la clef dans fa poches Enfuite fe tournant vers la compagnie, il dit; Perfonne ne fortira d'ici, qu'après que ces Mellieurs fe feront accommodés. Il faut que celui qui eft auteur de la ques -relle, commence (car c'est lui qui à le premier tort) à faire excufe à l'autre de ce qu'il lui a dits que celui qui fe croit attaqué, reçoive l'excufe, & témoigne qu'il eft fâché d'avoir relevé avec trop de hauteur, l'infulte qu'il croit qu'on lui a faite, & qu'enfuite ces deux Mef fieurs s'embraffent, & promettent de ne fe rien demander davantage. S'ils.refufent de le faire, j'en porterai mes plain tes à Meffieurs les Maréchaux de France, & je les prierai de donner leurs ordres pour empêcher un duel entre ces Meffeurs. La conduite de cet Officier fuc fort approuvée. La compagnie engagea les deux conteftans à fe faire des excufes refpectives, & ils s'embrassèrent

On aime à voir un Héros donner, au milieu de la fociété & dans fon domeftique, des exemples de douceur & de modération, « M. de Turenne regardoit » un matin par fa fenêtre en déshabillé

vêtu d'une fimple camifole; un de fes » Domestiques vint par derrière, & lai

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