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>> parmi des Sauvages, & qui nous eft cependant venu des vices de la fociétés » elle est la bafe des vertus fociales, » civiles & domeftiques: il en eft plu» tieurs qu'elle feule commande, & il » n'en eft aucun qu'elle ne perfectionne, » Eh! quoi de plus utile aux Peuples & » aux Rois que le Chriftianifme! Quoi » de plus propre à unir les hommes, à » les faire vivre dans la paix & dans » l'abondance, que la charité! Eh! Mef» fieurs, c'est tout l'art de la politique, » de ramener les Peuples, par les Loix, » vers les préceptes de l'Evangile!»

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L'Orateur, en faifant un fi bel éloge de la morale du Chriftianifme, a l'avantage de parler, non-feulement d'après les Miniftres de l'Evangile, mais encore d'après des Philofophes célèbres, dont le témoignage ne doit point être fufpect. Les Montefquieu, les Maupertuis, les Rouffeau, les d'Alembert, ont tenu le même langage, & nous ont laiffé des armes pour repouffer les Détracteurs d'une Religion qui, pour me fervir des propres expreffions d'un de ces Philofofophes, fait notre bonheur dans cette vie, en paroiffant n'avoir d'objet que la

*Montefquieu,

félicité future, & devient le meilleur garant que l'on puiffe avoir des mœurs & de la probité des hommes.

Nous voudrions pouvoir extraire plufieurs autres morceaux éloquens qui font répandus dans le Panégyrique de Saint Auguftin, cet efprit fublime, qui, après avoir été abandonné à l'erreur, reçut, avec tant d'abondance, les plus vifs raïons de la vérité divine, & qui devint un des plus précieux vafes du faint amour, après avoir été près de la moitié de fa vie, la proie de l'amour impur. Après une telle expérience, pouvoit-il n'être pas le plus illuftre Prédicateur & l'Apôtre le plus ardent de la grace de Jéfus Chrift, qui, feule, fait fortir la lumière des ténèbres. Cet illuftre Docteur de l'Eglife avoit remarqué que la plupart des Panégyriftes de fon temps ne fembloient fe propofer d'autre but, que de perfuader qu'ils favoient parler agréablement & avec élégance. M. l'Abbé Mauri a fu éviter cet écueil, en cherchant plus à inftruire qu'à plaire, & a prouvé, par fa compofition, qu'on peut einployer avec fuccès & à propos, dans des éloges, ce qu'on appelle, dans l'art oratoire, les 'grands mouvemens.

L'Éloge de M. Fénélon qui s obtenu l'acceffit au jugement de l'Académie Françoife, fournit matière à la même réflexion, & prouve bien que ce genre de compofition tire tout fon éclat du choix judicieux des actions du Héros qu'on loue, & de l'art avec lequel on fait les rendre intéreffantes, par la manière de les préfenter. M. T'Abbé Mauri n'a pas cru devoir fe borner à fournir des exemples de l'élaquence de la Chaire; il développe, dans fon Difcours préliminaire, & dans fes réflexions fur les Sermons de Boffuet, les préceptes les plus propres à perpétuer le bon goût de la vraie éloquence, & appelle à fon tribunal les Ecrivains les plus célèbres. C'eft avec la plus grande impartialité qu'il prétend les apprécier. Ce n'eft ni le Maître, ni Patru, dit-il, qui occupent le premier rang au barreau François; cet honneur eft réservé à Péliffon, qui a mérité une gloire » immortelle, en compofant fix Mémoires pour le Sur-Intendant Fouquet, » & fur-tout à Arnaud, qui a furpallé » tous les Avocats dans l'Apologie des Catholiques d'Angleterre, accufés » d'une confpiration contre le Roi Char,. » les II, en 1678. Lifez cette éloquente

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difcuffion; que de larmes Arnaud vous »fera répandre fur la mort du vertueux Vicomte de Stafford! Orateur fans » chercher à l'être, il ne paroît pas fe propofer de vous émouvoir; mais par le fimple récit des faits, par la » feule dialectique, par les dépofitions » des témoins fur lefquels les Catholi»ques furent condamnés, il prouve » invinciblement leur innocence; il vous » attendrit fur le fort des infortunés dont "il raconte les malheurs, & il rend » exécrable pour toujours la mémoire du » fameux Ouatès, qui inventa cette » abfurde calomnie. Jamais on n'a porté

plus loin la démonftration morale ». L'Auteur a cru devoir obferver à ce fujet, que M. Arnaud juftifioit, dans cette occa fion, des hommes qu'il haïffoit. Nous obferverons à notre tour, qué le zèle même trop vif contre des opinions qu'on regarde comme dangereufes, ne doit point fe confondre avec la haine, cette paffion vile des ames foibles. Dirat-on que Boffuet haiffoit les Proteftans, & que Fénélon, cette ame douce & compatiffante, ne chériffoit pas les Théologiens dont il attaque les opinions avec tant de zèle, dans plufieurs

de fes Inftructions Paftorales? Ces deux Prélats, auffi recommandables leurs par vertus que par leurs talens, favoient bien que le fouvent zèle ne bleffe que pour guérir, & que l'amour de la vérité & de la juftice n'eft point incompatible avec la charité chrétienne, qui aime toujours ceux mêmes dont elle attaque les opinions ou les erreurs: Diligite homines,interficite errores. Voilà la devife des grands hommes, & fur-tout de ceux qui favoient joindre, comme le grand Arnaud, la philofophie avec la science théologique. Ecoutons ce que dit avec tant d'éloquence, & fans restriction, le Chancelier d'Agueffeau, fur cet illuftre Auteur. « La logique la plus exacte, con» duite & dirigée par un efprit naturellement géomètre, eft l'ame de tous »fes ouvrages mais ce n'eft : pas une » dialectique sèche & décharnée, qui » ne fe préfente que comme un fquelette » de raifonnement; elle eft accompagnée » d'une éloquence mâle & robufte, d'une » abondance & d'une variété d'images qui femblent naître d'elles-mêmes fous » fa plume, & d'une heureufe fécondité d'expreffion. C'eft un corps plein de » fuc & de vigueur, qui tire toute fa

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