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Et dans les mêmes jeux, & fous les mêmes loix.
Geoffroy, du Baudori, connus par l'éloquence*,
Du bon goût dans nos cœurs ont jeté la femence;
Jaloux de tes fuccès, ra conftante douceur,
Ta joyeuse amitié défarmoient ma douleur,

Ces leçons, qui traçoient la route du génie,
Hélas! ont amené les malheurs de ma vie !
Dans mon fein pour les arts elles ont allumé
Une ardeur dont encor je me fens confumé.
Ivre du grand Corneille, affamé de sa gloire,
Brûlant de m'illuftrer au Temple de Mémoire,
Damon, je fus vingt ans en Province caché,
Sur un fombre bureau, faus relâche attaché.
De nos Acteurs fameux la démarche fublime,
Leur filence éloquent, le feu qui les anime,
Leurs organes flatteurs m'étoient toujours préfens;
Dans le fein du repos j'entendois leurs accens.
Plein de ces fouvenirs brûlans, inévitables,
Je combattois envain des penchans indomptables,
Pour céder aux defirs d'un père révéré,
Mais, ofons l'avouer, plus tendre qu'éclairé.

Forcé par le deftin qui défoloit ma vie,
Je partis, l'œil en pleurs; je quittai ma patrie;

* Deux Profeffeurs de Rhétorique à Louis-le-Grand.

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Sous un ciel étranger, les Dieux perfécuteurs
Conduifirent mes pas à de nouveaux malheurs.
Sortant du cercle heureux d'une douce abondance,
O Damon j'ai connu la profonde indigence!
Mon fein fut dévoré par d'horribles tourmens
Qu'excitoient avec rage un défaut d'alimens.
Dans ces jours de douleur, à ma foible paupière
Vainement le foleil prodiguoit fa lumière ;
Je croyois n'entrevoir que les pâles flambeaux,
Dont l'homme gémiffant entoure les tombeaux.
Incertain, chancelant, accablé de trifteffe,
Sur un lit dépouillé j'étayois ma foibleffe ;
Pour fufpendre un inftant mes fupplices affreux,
J'appelois le fommeil... il fuyoit de mes yeux.

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Le mortel courageux, plongé dans l'infortune,
Sait quitter, dira-t-on, une vie importune;
Se déchirant le fein d'un bras déterminé,
Il triomphe du fort contre lui déchaîné.

Cette fureur, qui naît d'un excès de courage, A la vertu, Damon, me paroît un outrage.

Que des autres mortels le pervers détaché, De fon propre bonheur uniquement touché, Qui, des infortunés dédaignant les alarmes, N'a jamais, avec eux, fu répandre des larmes,

Qu'un tel monftre, accablé fous le poids des revers,
Par la mort, à l'inftant, purge cet Univers;
Peut-il, dans l'indigence où le fort l'abandonne,
Agréer des bienfaits qu'il n'offrit à perfonne!

Mais quand on a cent fois, par des foins généreux,
Soi-même confolé les jours des malheureux,
Malheureux à fon tour, on reçoit, fans foiblefse,
Des fecours empreffés, donnés avec nobleffe,
Ce mutuel tribut dévoile avec fplendeur,
Sur le front des humains, la fuprême grandeur.

Paris voit un Mortel à qui je dois la vie,
Et par qui j'ai revu le ciel de ma patrie ;
Loin que tant de bienfaits puiffent m'humilier,
Ma volupté, ma gloire eft de les publier.
Mon cœur eft fous les yeux de l'arbitre suprême ;
Le bien que j'ai reçu, je l'euffe fait moi même.
Dans mes jours fortunés, que d'un pareil malheur
J'euffe fait avec joie oublier la douleur!
Sentant avec transport la noble bienfaisance,
J'en fens mieux les plaifirs de la reconnoiffance.

A toute heure, & du Peuple & des Grands entouré,
Damon, fi jusqu'à toi ma voix a pénétré,
Sur moi fixe les yeux; que mon fort t'intéreffe;
Rappelle à ton efprit ta première jeuneffe

Moi qui, brillant de joie, ai partagé tes jeux, Hélas! en te quittant, j'ai ceffé d'être heureux!

Par M. de Longueville.

COUPLETS à l'occafion d'un trait de bienfaifance que Mademoiselle Baron, arrière petite-fille du célèbre Baron, Comédien du Roi, vient d'éprouver de la part de Mademoiselle Dangeville.

Air: De tous les Capucins du monde.

Aux Defcendans du Grand Corneille

Fortune fit la fourde oreille;

De honte on les eût va rougir,
Aidés des fecours du vulgaire;
Un feul eut droit d'ofer s'offrir,
Et tout Paris nomma Voltaire.

Une bienfaifance auffi belle
Aujourd'hui s'offre en parallèle
Aux Defcendans du Grand Baron :
C'eft la célèbre Dangeville
Qui, refpectant un fi beau nom,
A l'infortune fert d'afyle.

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Et toi, Baron, aimable fille,

En qui le fentiment pétille,

Heureux & digne rejeton!
Dangeville, que l'on révère,
Ajoute un beau luftre à ton nom,
En voulant te fervir de mère.

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Les Plaifirs champêtres, la Partie de campagne.

DEUX Estampes en pendant, de neuf pouces de hauteur & douze de largeur, gravées avec beaucoup de foin & de talent, d'après deux tableaux originaux de P. J. Luterbourg, Peintre du Roi, par Anne Philberte Coulet, de l'Académie Impériale & Royale de Vienne. Ces payfages ont un fite fort agréable, orné de fabriques & de figures qui y répan dent de l'intérêt. Elles fe vendent à Paris,

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