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Enivre nos fens en ce jour;

Ah! tout languit dans la Nature

Sans les feux brûlans de l'amour.

Par M. Houllier de Saint-Remy.

LE JEUNE MOINEAU ET SON PÈRE,

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Fable.

Que j'aime ce petit enfant !

UE

» Voyez, admirez donc, mon père;
Qu'il eft bon & compatiflant!
Qu'avons-nous donc fait pour lui plaire?»

Un oifeau jeune encor, en ces mots s'exprimoir,
A l'aspect d'un enfant, fe plaifant à répandre
Des miettes de pain autour d'un trébuchet
Que l'efpiégle venoit de tendre;

Ce n'eft point, ô mon fils! la douce humanité
Qui vient nous fecourir,dit l'autre, avec trifteffe;
C'eft un appas trompeur qu'on offre à ta jeuueffe,
On en veut à ta liberté :

Mon ami, je connois le monde;

En traîtres la terre eft féconde;

Des piéges qu'on y tend fonge à te garantir,
Et retiens bien à l'avenir

Cette leçon trop véritable.

Rarement un mortel oblige son semblable”,
Sans efpoir d'un retour certain;

Mais quand, par quelque ftratagême,
L'un d'eux, à nos befoins, paroît tendre la main,
Mon fils, c'est toujours pour lui- nême.

Par le méme.

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ÉPITRE AUX MUSES.

FILLES

ILLES de la décence & Nymphes du Permesse, Vous qui n'avez brigué le titre de Décile

Que pour intimider ces coupables Mortels,
Dont les fouffles impurs profanent vos Autels:
Mufes, jufques à vous quand j'élève mon ame,
Le droit qui m'enhardit, le droit que je réclame,
Eft le droit le plus faint, le plus cher à vos yeux,
Le droit qu'a fur vos cœurs tout homme ver-

tueux,

Hélas! fi vous daigniez agréer mon hommage,
Et d'un tendre fourire animer mon courage;
Glorieux fans orgueil, au rang de vos Sujets,
Je coulerois mes jours dans le fein de la paix.
Envain le fort cruel contre moi fe déchaîne,
Je brave tous les coups de fa bifaire haine:
Si je vois ma fortune en ruines crouler,

Satisfait des débris que j'ai pu raffembler,
J'écarte loin de moi la douleur & les larmes;

Et pour

les repouffer, Muses, voici mes armes.

L'opulence, me dis-je, eft fouvent un fardeau ;
Son éclat adouci fous un léger rideau,

Quand il frappe les yeux du stupide vulgaire,
Ne jette, en ce moment, qu'une douce lumière ;
Et par un tel preftige aisément abusé,

L'homine crie, ô bonheur ! & l'homme eft infenfé.

Mais l'œil fubtil & prompt du prudent Philo

fophe,

Pénètre les replis de la magique étoffe :
Il voit confufément des feux amoncelés ;
Il voit dans le lointain des plaifirs inutiles ;
Il découvre bien-tôt des images plus fombies;
Des éclairs élancés dans la terreur des ombres,
Lui montrent l'opulent auprès de fon tréfor,
Ellayant d'endormir le vautour du remord:
Malgré lui, des fes biens, il a fouillé l'ufage;
Un vailleau trop chargé fera toujours naufrage :
Le plaifir qu'il careffe échappe de fes bras,
Et le plaifir languit où le befoin n'eft pas.

O médiocrité ! mère des vrais délices,

Qu'il m'eft doux d'exifter fous tes heureux aufpices !

Je n'habiterai pas ces fuperbes Châteaux,
Refuges de l'ennui, féjours des plaifirs faux
Je ne connoîtrai point ce riche didactique
Qui foumet un repas à l'ordre fymétrique,
Et qui penfant voiler fon inhumanité
Sous le titre pompeux de prodigalité,
Confume en un feul mets l'or qui,toute une année,
Nourrit une famille & la rend fortunée.

L'on ne me verra point employer mille bras
Pour mafquer les défauts de ces terreins ingrats,
Et créer, fur un fol profcrit par la Nature,
De ces vaftes jardins l'élégante ftructure,
Où de l'art ennuyeux le génie emprunté,
Met jufqu'en variant de l'uniformité.

Tranquille & folitaire au fond de ma retraite,
J'ellairai tour-à-tour la lyre & la mufette:
Mais avant de rifquer un impuiffant accord
De ma timide voix je réglerai l'essor

Sur les concerts heureux, fur la tendre harmonie
De ces Auteurs Divins, les échos du génie ;
Ils rempliront mon ame, ils charmeront mes fens :
Puiffé-je, d'après eux, moduler mes accens!

Tantôt je chanterai les plaifirs de l'enfance, Plaifirs purs & charmans qu'enfante l'innocences Seuls plaifirs que l'envie apperçoit fans douleur,

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Et dont les noirs chagrins refpectent la candeur.
Tantôt je defcendrai dans ces réduits paisibles,
Aux froideurs, aux foupçons réduits inacceffibles:
C'eft-là que je verrai d'utiles Citoyens,
De leur obfcurité chériffant les liens:
J'y verrai, quel fpe Atacle! un père de famille
Encourageant fon fils, fouriant à fa fille,
A fa fidelle époufe enlever un baiser,
Et dans fes bras chéris venir fe délaffer.
O tendre volupté! tableau de la nature,
Mon ame, à votre aspect, s'annoblit & s'épure;
Et de vos doux tranfports je peindrai la douceur,
S'il fuffit d'en avoir la fource dans fon cœur.
Tantôt je chanterai le bonheur de la France!
Je chanterai LOUIS ramenant l'abondance:
Defcendant de fon Trône & nous tendant les bras,
Cherchant les malheureux au fond de fes Etats.
O mon Maître! ô mon Prince, acheves ton ou
vrage;

De ton règne naiffant accomplis le préfage;
Perfévère, & rends-moi, par tes auguftes Loix,
Le plus heureux Sujet du plus heureux des Rois.
Oui, quand la renommée, enviant à l'Histoire,
L'honneur de te porter au Temple de la gloire,
Réunira fa voix à celle des François,

Et viendra m'éveiller au bruit de tes bienfaits,
Je ne pourrai dompter mon ardeur indiscrette ;
De ton nom glorieux j'emplirai ma retraite ;
11. Vol.

B

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