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Et l'Amante du beau Céphale,
Quitte la rive orientale

Au bruit de fes tendres foupirs.

Par M. de Saint- Marcel, Garde-du-Corps de Mgr le Comte d'Artois.

ODE A THÉMIRE.

TANDIS
ANDIS qué de leur froide haleine
Les vents mutins glacent les champs,
Quel feu s'empare de ma veine,
Quel vif tranfport faifit mes fens!
C'eft ton pouvoir, amitié tendre,
C'est toi qui viens te faire entendre
A mon ame pleine de toi ;
Accorde donc ma foible lyre,
Et peignons enfemble à Thémire,
Les charmes de ta douce loi.

Loin de l'amour & de fes vices,
Tu fixas ton féjour divin;
C'étoit-là qu'au fein des délices,
Vivoit jadis le genre humain ;
Au fein de ce féjour céleste,
Caftor, Pollux, Pylade, Oreste,

T'offroient leur encens nuit & jour;
Et c'étoit-là que l'hymenée,
De gloire & de fleurs couronnée,
Bravoit les fureurs de l'amour.

Ton nom n'eft plus qu'une chimère,
Tes Temples font tous renversés;
L'Amour eft le Dieu qu'on révère,
Ses feuls Autels font encenfés.
Ce tyran maîtrise les hommes,

Il prend dans le fiècle où nous fommes,
Et tes accens & ton maintien ;
Mais c'eft envain qu'il fe déguise
On le connoît à fa traîtrife,
Il fait le mal, tu fais le bien.

Tant que j'ai fuivi la bannière.
De cet impofteur de Paphos,
Le cruel, loin de ma paupière,
Éloigna toujours le repos,
Les maux affiégèrent ma vie ;
Le défefpoir, la jalousie
Empoifonnèrent mes amours :
J'ai connu la belle Thémire,
Et fes vertus & fon fourire

Ont rendu le calme à mes jours.

Quand je me rappelle l'orage

Qui m'a fi long-tems poursuivi,
Mon cœur, à cette horrible image,
D'horreur refte encore faifi.
Comment un Dieu plein d'injustices,
Qui traîne après lui tous les vices,
Peut-il nous foumettre à fes loix?
Lui qui n'offre que des entraves,
Lui qui nous traite en vils esclaves,
Et qui nous réduit aux abois.

Fuis loin de moi, je te déteste,
Amour, fléau de l'Univers,
Porte ailleurs ton poifon funefte,
Mon cœur eft forti de tes fers.
L'amitié devient ma Déesse;
Rempli de fa douce tendreffe,
Je lui confacre mes momens:
Tranquille, heureux fous fon empire,
Son Temple eft le cœur de Thémire
On je veux brûler mon encers.

Par M. Lavielle, de Dax.

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LE MOINEAU & LA FAUVETTE.

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Fable.

I vous avez foumis un cœur fenfible & tendre,
Gardez-vous bien de l'outrager,

Sans quoi vous courez le danger
De n'avoir plus droit d'y prétendre,
Il acquiert celui de changer:

Le trait fuivant va vous l'apprendre.

Un Moineau des plus amoureux
Epris d'une jeune Fauvette,
Brûloit d'une flamme fecrette,
Et n'ofoit déclarer fes feux.
Par fes foupirs, par fes careffes,
Il fit connoître fon amour:

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hafarda des fermens, des promeffes Il en fit tant qu'il obtint du retour. Malgré fon triomphe & fa gloire, Il jouiffoit modeftement,

N'avoit point l'air d'un Conquérant z Il étoit cependant tout fier de sa victoire, Il vivoit heureux & content,

En fe rendant compte à lui-même

De la félicité fuprême

Qu'on goûte fi bien en aimant.

Avint qu'un jour, du plus prochain bocage,

Sortit un Perroquet,

Dont le caquet

Bien moins brillant que fon plumage,
Etourdiffoit le voisinage,

Ainfi qu'un jeune-homme à plumet,
Dont le défaut feroit le bavardage.
La Fauvette lui plût : il forma le projet,
Pour les plaifirs, d'en titer avantage.
Il fit fa cour fur un ton indiscret;
La fuffifance étoit fon vrai partage,
Et fon amour ne fut point un fecret.
Notre Fauvette un peu volage,
Prêta l'oreille à fon langage;
Elle fut prise au trébuchet,
Le Moineau fentit cet outrage;
Mais en Oifeau prudent,

Il céda la place à l'inftant ;
C'étoit, je crois, le parti le plus fage.

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