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M. le D. de N. avoit demandé à Ma dame la M. de M. de lui donner de fes cheveux.. Elle lui envoya une boîte avec les Vers fuivans.

Les voilà ces cheveux depuis long-tems blan

chis!

D'une longue union qu'ils foient pour nous le

gage.

Je ne regrette rien de ce

que

m'ôta l'âge,

Il m'a laiffé de vrais amis..

On m'aime prefque autant, j'ofe aimer davan

tage.

L'aftre de l'amitié luit dans l'hiver des ans,
Fruit précieux du goût, de l'eftime & du tems.
On ne s'y méprend plus, on cède à fon empire 5
Et l'on joint fous les cheveux blancs,

An charme de s'aimer, celui de fe le dire..

Réponse de M. le D. de N.

Quo

UOI! vous parlez de cheveux blancs E
Laiffons, laiffons courir le tems,

Que nous importe fon ravage!
Les tendres cœurs en font exempts;
Les Amours font toujours enfans,
Et les grâces font de tout âge.
Pour moi, Thémire, je le fens,
Je fuis toujours dans mon printems
Quand je vous offre mon hommage.
Si je n'avois que dix-huit ans,
Je pourrois aimer plus long-tems,
Mais non pas aimer davantage.

PLAINTE A L'AMOUR,

Pièce imitée de l'Italien.

AMOUR, Philis avoit juré

De me garder une flamme éternelle;

A fes fermens je la croyois fidelle;

Mais fon ardeur a peu

duré.

Elle accueille en fecret l'hommage

D'un autre Berger du Hameau : Peut-elle avoir mon cœur en gage, Et fe permettre un choix nouveau!" Dieu des Amans, j'implore ta vengeance: Mais que fes yeux font féducteurs, Et que je crains en ta préfence

De lui voir répandre des pleurs!
Si trop fenfible au pouvoir de fes charmes,
Tu n'ofes croire qu'elle ait tort,

Amour, juge-là fur les larmes,

Et fais du moins que nous foyons d'accord.

Par M. Dareau.

Quatrin pour mettre au bas du Portrait de Madame la Marquife de la P...

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ISE eut tous les talens. Le premier fut de plaire, Par fa beauté, son efprit & fon cœur.

L'Amour fouvent l'a prife pour fa Mère,
Et Melpomène pour la Sœur.

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Aux charmes divins d'Uranie,

Perfonne encor n'a résisté ;
Les uns cèdent à fa beauté,
Et les autres à fon génie.

Traduction littérale de la Lettre compofée

en Arabe

par Coagié Naffireddin* el Touffi, au nom de Holakou - Kan, Prince Tartare, & adreffée à Mostaafem, dernier Khalife.

Ovi grand Dieu ! Créateur du Ciel & de la Terre, tu fais également ce qui eft vifible, ce qui eft caché, & tu juges les différends de tes ferviteurs.

Sachez que nous fommes les Soldats de Dieu, créés dans fa colère, vainqueurs de ceux que pourfuit fon indignation, inacceffibles à la pitié, infenfibles aux larmes, Dieu a ôté fa miféricorde de

nos cœurs.

*Naffireddin eft célèbre chez les Crientaux, par les Ouvrages qu'il a compofés fur la Logique, la Phyfique, la Géométrie & la Théorie des Planettes. Il préfenta un Ouvrage de fa compofition au Khalife Moftaafem, qui le déchira en fa préfence. Naffireddin outré de cet affront, & méditant une vengeance mémorable, fe retira auprès de Holakou, & l'engagea à déclarer la guerre à ce Khalife,

Malheur malheur horrible à ceux qui n'obéiront point à nos ordres. Déjà nous avons ruiné les villes, maffacré les hommes, & dévasté la terre. Notre courage eft auffi inébranlable qu'une montagne. Nous fommes auffi nombreux que les grains de fable: rien n'égale la vîtelle de nos chevaux, & la pointe aiguë de nos lances. Notre Capitaine vient à bout de tous fes deffeins, & nos camarades font toujours précédés par la victoire.

Si vous recevez nos loix, & obéissez à nos ordres, notre fort deviendra le vôtre. Si au contraire vous refufez de vous foumettre à notre joug, & perfévérez dans votre brigandage, n'en jetez la faute que fur vous-mêmes; car il n'eft point de fortereffe où vous puiffiez vous retrancher contre nous, point d'armée en état de nous repouffer. Alors vous aurez beau implorer notre pitié, nos oreilles feront fermées, parce que vous avez violé la loi & détruit les Nations.

Pénétrez-vous d'humilité & de repentir; car vous fouffrirez aujourd'hui la peine de l'aviliffement.

- Vous ofez penfer que nous fommes des infidèles, vous que nous mettons avec raifon au rang des impies, & con

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