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fe bornoit à retenir une fuite de faits mémorables & d'époques certaines. Un intérêt plus férieux & mieux raifonné, a de tout temps déterminé les hommes à confidérer avec attention l'admirable tableau que leur préfente cette Reine des fciences, ainfi nommée, non-feulement parce qu'elle eft la fcience propre des Rois, mais encore parce qu'elle est éga lement utile aux Philofophes, en fourniffant des exemples à la morale auffi bien qu'à la politique. Auffi voit-on les Princes, & tous ceux qui gouvernent les Empires, chercher dans l'hiftoire des règles de conduite, lorfqu'ils fe trouvent dans des conjonctures embarraffantes ou des lumières pour pouvoir pénétrer dans l'avenir, lorfqu'ils craignent de ne pas réuffir dans l'exécution de leurs def‐ feins. On voit également les Sages puifer dans la même fource, les exemples fur lefquels ils fondent leurs préceptes, afin d'attacher les hommes à la vertu par l'efpoir certain d'une glorieufe récompenfe, ou de les détourner du vice par la crainte des malheurs qui en font inféparables. C'eft l'hiftoire enfin qui, formant dans tous ceux qui la cultivent, une expérience anticipée, donne à lear raison une ma

turité qui devance l'âge, les met à l'abri de toute furprise dans les événemens imprévus, affermit leur courage, étend leurs vues, & leur fait regarder d'un

il tranquille la fluctuation des chofes humaines, & l'alternative continuelle des profpérités & des revers. L'hiftoire peur encore être regardée comme un tribunal redoutable où le vice, long-temps impuni ou même triomphant, eft enfin dégradé de cette élévation qu'il avoit ufurpée, & livré pour toujours au mépris des races futures: où la vertu opprimée & malheureufe, reçoit auffi le jufte tribut qui lui eft dû, l'amour & l'admiration des fiécles à venir.

Mais, quelque grands que foient ces avantages, il en eft encore un auquel on penfe peu, & qui eft cependant d'un ordre fi fupérieur, que fans lui les autres ne font rien, ou fe réduisent à très-peu de chofe c'est celui de nous convaincre ; intimement que Dieu gouverne tons fes Ouvrages avec une autorité abfolue, de nous découvrir les refforts principaux que fa profonde fageffe met en œuvre pour donner le branle à toutes les affaires, & de nous apprendre quel eft le but auquel tendent les grands événemens, & les

révolutions

révolutions furprenantes qui arrivent dans

le monde.

par

fon or

En vain l'homme féduit gueil, s'imagine-t-il être le maître des événemens dans lefquels il intervient En vain fe flattet-il que fa prudence lui a fait choifir les moyens les plus convenables affortis à fes deffeins, & que c'est à fon habileté à manier les efprits, qu'il doit l'avantage du fuccès. Il ne peut pas fe diffimuler, s'il eft de bonne foi, que rarement fes vues font pleinement remplies, & que fi elles le font, la docilité de ceux avec qui il a eu à traiter, a été moins l'effet de fa fupériorité fur eux, que celui des circonftances où ils fe font trouvés : il doit auffi avouer que ces circonftances font rarement fon ouvrage, & qu'il n'a fouvent d'autre mérite, que celui de les mettre à profit.

Ainfi, quelque libre que l'homme foit dans fes penfées & fes actions, il refte roujours dans une entière dépendance de celui qui difpofe des circonftances felon fes deffeins éternels, qui donne, comme il lui plaît, la fageffe & le courage aux uns & les refufe aux autres, & qui lâche la bride aux paffions ou les II. Vol.

D

retient à fon gré. Or, la philofophie Chrétienne nous enfeigne que c'est à Dieu feul que ce pouvoir appartient. C'est lui qui, fans bletler cette liberté effentielle à toute créature raisonnable, Ja fait fervir à l'exécution de fes deffeins. i

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Ce que nous difons en général, & que chacun de nous peut éprouver en particulier, devient d'une évidence palpable dans la formation, la décadence & la chûte des états. C'eft-là qu'avec un peu d'attention, on reconnoît que ces révolutions qui nous frappent fi vivement, ont leur première origine dans des événemens qui ne dépendent en aucune manière des hommes. La naiffance & la mort des Princes, leur poftérité plus ou moins nombreufe, la perte ou le gain des grandes batailles, font les preniiers moyens que Dieu emploie pour changer la face de la terre, faire fuccéder les Empires les uns aux autres, élever & renverfer les Royaumes. Le fruit princi pal que nous devons retirer de l'hiftoire, doit donc être de nous faire remonter · jusqu'à cette main fupérieure qui conduit ces grands événemens, & qui les fait fervir toujours à l'exécution de fes deffeins.

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: «Je regarde donc l'étude de l'histoire, (dit M. le Chancelier d'Agueffeau, tome premier de fes Euvres) comme » l'étude de la Providence, où l'on voit que Dieu fe joue des fceptres & des Couronnes; qu'il abaiffe l'un, qu'il » élève l'autre, & qu'il tient dans fa main, comme parle l'écriture, cette coupe mystérieufe, pleine du vin de fa fureur, dont il faut que tous les pécheurs de la terre boivent à leur » tour..... Si Dieu ne parle pas tou»jours, ajoute cet illuftre Magiftrat, »il agit toujours en Dieu. Sa conduite peut être plus ou moins manifeftée au dehors; mais au fond, elle est tou»jours la même; elle fe montre par-tout » à quiconque a des yeux pour la recon

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noître; & comme la contemplation des » chofes naturelles nous élève, par degrés, jufqu'à la première caufe phyfique qui influe en tout, & fans laquelle tous les autres êtres font ftériles & impuiffans; ainfi l'étude des événemens humains nous ramène à la première caufe » morale de tout ce qui arrive parmi les hommes: enforte que ceux qui ne trouvent pas Dieu dans l'hiftoire, & qui ne lifent pas fa grandeur, fa puis

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